| NOVICIAT, subst. masc. A. − Préparation des novices à la vie religieuse, qui consiste à éprouver leur vocation et dont la durée varie selon l'ordre, la congrégation; état des novices pendant cette formation. Commencer, faire, achever son noviciat, entrer en noviciat; temps de noviciat. Le postulant étoit d'abord [chez les Jésuites] éprouvé par dix ans de noviciat (Chateaubr.,Génie,t.2, 1803, p.528).Au bout de ces deux mois d'épreuves et d'exercices, de pratiques religieuses, (...) sa vocation sans dégoût, sans retour, toujours plus ferme, la fit juger digne du noviciat (Goncourt,Soeur Philom.,1861, p.96): 1. ... il rêva (...) de retourner à la Trappe; et il dut hausser les épaules car il n'avait ni le caractère assez patient, ni la volonté assez ferme, ni le corps assez résistant pour supporter les terribles épreuves d'un noviciat.
Huysmans,En route,t. 2, 1895, p.315. B. − P. méton. 1. Institution visant à cette formation. Il sollicita du roi la permission pour les religieuses de rétablir le noviciat; demande qui ne réussit guère (Sainte-Beuve,Port-Royal,t.5, 1859, p.517).À partir de la promulgation de la présente loi, les congrégations exclusivement enseignantes ne pourront plus recruter de nouveaux membres et leurs noviciats seront dissous de plein droit (Hist. instit. et doctr. pédag.,1904, p.353). 2. Ensemble des novices d'un couvent. Quand a lieu l'exode de vos religieux? −La semaine prochaine; le noviciat partira en bloc avec les convers, sous la direction du P. Felletin (Huysmans,Oblat,t.2, 1903, p.224). 3. Locaux destinés aux novices dans un couvent, une abbaye. Dans le grand bras [du couvent] étaient les cellules des mères et des soeurs et le noviciat (Hugo,Misér.,t.1, 1862, p.601).Le plan de l'abbaye de Saint-Gall renferme un noviciat qui est lui-même disposé comme un petit monastère (Lenoir,Archit. monast.,1856, p.395). C. − P. anal. Apprentissage que l'on fait d'une profession, d'une activité particulière. Jean-Baptiste [Rousseau] avait quarante-deux ans; quelque long que fût alors le noviciat des poëtes, son éducation lyrique devait être achevée (Sainte-Beuve,Portr. littér.,t.1, 1829, p.130).Tout citoyen français âgé de vingt-un ans, et jouissant de ses droits, peut être nommé préfet. On n'exige de lui, ni noviciat, ni stage, ni concours, ni grade universitaire (Baradat,Organ. préfect.,1907, p.39): 2. La nature de la musique que l'on compose depuis quinze ans exigerait cependant des études sérieuses à cause des grandes difficultés d'exécution qu'elle présente, mais il semble au contraire qu'on ait abrégé le temps de noviciat indispensable pour le développement de la voix et l'acquisition de la méthode.
Delécluze,Journal,1827, p.443. ♦ [Noviciat + déterm. indiquant la nature de l'apprentissage]Noviciat politique, parlementaire. J'avais espéré jusqu'ici que la famille de ton père (...) se prêterait aux sacrifices nécessaires pour te faire entrer et pour te soutenir quelques années dans le noviciat des fonctions administratives ou diplomatiques (Lamart.,Nouv. Confid.,1851, p.36).Oui! je regrettais Paris, que ma santé fort compromise par cinq ans de noviciat littéraire m'avait obligé de quitter brusquement (A. Daudet, Trente ans Paris,1888, p.181). − En partic. (Temps d') épreuve que l'on impose à quelqu'un. Il faut que mes amis de Milan aient écrit de singulières lettres en ma faveur: on me fait grâce (à Bologne) de la moitié du noviciat imposé par la méfiance (Stendhal,Rome, Naples et Flor.,t.1, 1817, p.177).Il trouvait (...) un charme si étrange dans l'espèce de noviciat romanesque auquel il était soumis, qu'il semblait craindre de l'abréger (Feuillet,Sybille,1863, p.333). Prononc. et Orth.: [nɔvisja]. Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist. 1. 1535 relig. (Doc. Ypres, 245, 11 ds Z. rom. Philol. t.67, p.32); 2. 1611 «apprentissage, période pendant laquelle on s'initie à quelque activité» (Cotgr.). Dér. de novice*; suff. -at*; cf. le lat. médiév. noviciatus au sens 1 (ca 1330 ds Latham). Fréq. abs. littér.: 142. |