| NOURRISSON, subst. masc. A. − Enfant qu'une femme nourrit de son lait. Il faut que des mères épuisées par les privations n'offrent qu'une mamelle à moitié vide à leur nourrisson (Coppée,Bonne souffr., 1898, p.47).Elle avait un nourrisson à trente francs par mois. La voilà malade. Le médecin craint une mauvaise fièvre et ordonne de sevrer immédiatement le nourrisson. Elle va le nourrir au biberon (Renard,Journal, 1904, p.921): . ... une mère charnelle nourrit, et fomente sur son coeur son dernier-né,
Son nourrisson charnel, sur son sein,
Bien posé dans le pli de son bras...
Péguy,Porche Myst., 1911, p.227. ♦ AGRIC. (élev.). ,,Jeune veau que l'on achète à huit jours pour le faire allaiter par une vache dont on a sevré le veau`` (Fén. 1970). − P. ext. Enfant qui n'a pas encore atteint l'âge du sevrage; enfant en bas âge. Synon. bébé.La sollicitude d'une nourrice qui regarde son nourrisson marcher pour la première fois (Maupass.,Contes et nouv., t.2, Rouille, 1882, p.793). B. − P. anal., p. allus. littér. Nourrisson des Muses. Poète. Tu aurais une idée de ce nourrisson des Muses! (Valéry,Corresp.[avec Gide], 1918, p.460). Prononc. et Orth.: [nuʀisɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 «éducation» norreçon fém. (Benoît de Ste-Maure, Troie, 29787 ds T.-L.); 2. fin xiies. «nourriture» nuirceon id. (S. Bernard, Li Sermon, éd. W. Foerster, p.172, 25); 1387 «fait d'allaiter un enfant» nourrisson id. (Lettre de rémission ds Du Cange, s.v. nutritium); 3. 1538 «enfant allaité par une femme» masc. (Est.); p. ext. 1588 «animal tirant sa nourriture de» (P. Belon, Les Observations de plusieurs singularitez, 231 d'apr. FEW t.7, p.253a); 4.fig. 1550 «élève, disciple de» nourriçons (Ronsard, Odes, I, 9, 206, éd. P. Laumonier, I, p.120); 1559 des Muses nourrisson (Id., Chant Pastoral à Madame Marguerite, 301, ibid., 9, p.191). Du lat. tardif nutritionem, acc. de nutritio «nourriture» (dér. du lat. nutritum, supin de nutrire «nourrir») avec infl. de nourrice* pour la consonne sourde ç à la place de la sonore s, plus tard, pour le passage de la voyelle e à i. L'évolution sém. est parallèle à celle de nourriture*. Fréq. abs. littér.: 252. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 338, b) 333; xxes.: a) 310, b)416. Bbg. Meyer-Lübke (W.). Wortgeschichtliches. Z. fr. Spr. Lit. 1917, t.44, p.106. |