| NOUBA, subst. fém. A. − Vieilli 1. Musique jouée par les régiments de tirailleurs nord-africains, à base d'instruments traditionnels et comportant exclusivement des airs populaires arabes; musique, orchestre algériens (sans connotation militaire). Une noce ne va pas sans musique, l'Algérie sans la nouba, cette musique des tirailleurs algériens qui a enchanté les boulevards parisiens en -13 (Esn.Poilu1919, p.373). 2. Orchestre de tirailleurs nord-africains. Elle a aimé les âniers de la rue du Caire (...) et les turcos de la Nouba (Lorrain,Âmes automne,1898, p.145).Dépenses relatives aux musiques, fanfares, cliques et noubas (Lubrano-Lavadera,Législ. et admin. milit.,1954, p.222). B. − Pop. Divertissement, fête bruyant(e). Mais tout a une fin en ce monde, même la nouba, la grande orgie des légionnaires qui déborde facilement en folie des grandeurs (Cendrars,Homme foudr.,1945, p.18).[Ils] pénétrèrent dans la turne [le music-hall]. La nouba fonctionnait à plein: cris, rires, chahuts (Le Breton,Rififi,1953, p.112). − Loc. verb. Faire la nouba. Synon. faire la bringue*, la java*, la noce*.Chaque fois qu'on monte en ligne on fait la nouba toute la nuit (Genevoix,Boue,1921, p.248).La religion de l'amour avec ses bigots et ses bigotes, qui croient aimer et qui tout simplement font, dans la douleur, ce que les bourgeois appellent la noce et le peuple de mon quartier la nouba (Larbaud,Amants,1923, p.192). Prononc. et Orth.: [nuba]. Plur. des noubas. Étymol. et Hist. 1. 1897 «musique des tirailleurs algériens» (Bruant, Sur la route, p.92 ds Sain. Lang. par., p.158: Ils [les tirailleurs algériens] vont la chéchia sur l'oreille, Marchant au son de la nouba); 2. a) 1908-12 p.ext. pop. «fête, noce» (L. Forton, La Bande des Pieds-Nickelés, p.105 ds Cellard-Rey); b) ca 1898 faire la nouba (d'apr. Dauzat, Arg. guerre, 1918, p.120: voilà plus de vingt ans que le peuple de Paris dit, par métaphore, faire la nouba); 1908 (Méténier et Fabrice, Dernière aventure du prince Curaçao in Interm. des chercheurs, LXXIX, 231 ds Fonds Barbier: il n'y aurait jamais eu le besoin d'avoir du peze pour faire la nouba). Empr. à l'ar. maghrébin nuba (corresp. à l'ar. class. nauba) «tour, tour de rôle; service de garde; corps de troupe faisant, à tour de rôle, son service auprès d'un prince ou dans une place de guerre; concert de musique qui a lieu périodiquement devant la maison d'un prince, d'un officier ou d'un dignitaire; concert, fanfare, orchestre» (Dozy t.2, pp.731-732; Lok. no1560; FEW t.19, p.140). Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, p.440. |