| NOTOIRE, adj. A. − [En parlant d'un fait, d'un état, d'une attitude] Connu ou constaté par un grand nombre de personnes. Synon. établi, reconnu, évident, manifeste.Faiblesse, immoralité, incompétence notoire. L'influence du climat sur les dérangements de l'économie animale, est trop notoire pour avoir besoin d'être prouvée en elle-même (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t.2, 1808, p.179).Quant à Lloyd George, son pacifisme est notoire; il s'est toujours montré hostile aux armements (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p.515): 1. C'est à vous, citoyens, à déjouer les menées des intrigants couverts d'un masque civique, en n'appelant aux fonctions électorales que des hommes éclairés et purs, connus par des actes notoires d'un patriotisme ardent et soutenu.
Marat, Pamphlets, À ses concitoyens, 1792, p.306. ♦ Il est notoire que. C'est un fait connu de tous que. D'après les textes dits «constitutionnels» (...), la source de l'autorité du «Gouvernement» de Vichy réside exclusivement dans la personne d'un vieillard de quatre-vingt-cinq ans dont il est notoire depuis plusieurs années qu'il est affaibli par l'âge (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p.410). − Spécialement ♦ DR. Rigoureusement constaté. Prêts à des exploitations industrielles de solvabilité notoire et ayant leur siège en France (J.O., Loi sur retraites ouvr. et pays., 1910, p.3001).Les veuves qui contractent un nouveau mariage ou vivent en état de concubinage notoire perdent leur droit à pension (Lubrano-Lavadera, Législ. et admin. milit., 1954, p.288).Tout professeur pourra, sur la plainte du préfet ou du recteur, être traduit devant le conseil académique pour cause d'inconduite notoire (Encyclop. éduc., 1960, p.74). ♦ OCCULT., vx. Art notoire. ,,Art cabalistique au moyen duquel on prétendait obtenir la science universelle`` (Bouillet 1859). L'art notoire des hermétistes (Péladan, Vice supr., 1884, p.12). B. − [En parlant d'une pers.] 1. Connu de tous, très connu. Nombre de choses à Paris, coûtent cher à l'anonyme, coûtent bon marché au monsieur notoire, à l'homme connu (Goncourt, Journal, 1872, p.896).Je l'avais invité à dîner en compagnie de quelques personnalités notoires, dont le docteur Marchant (Gide, Robert, 1930, p.1334): 2. Dès qu'un Français arrivait en Angleterre, et à moins qu'il ne fût notoire, il était chambré par l'«intelligence» dans les locaux de «Patriotic School» et invité à s'engager dans les services secrets britanniques.
De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p.130. 2. En partic. Reconnu dans sa spécialité, ou connu pour posséder telles idées, telle qualité ou (surtout) tel défaut. Je l'ai confié tout de suite au plus grand spécialiste du coeur, qui nous a donné un de ses confrères jeune et notoire avec qui il consultera dans quelques jours (Mallarmé, Corresp., 1879, p.202).Sanier avait déclaré que le début de Silviane, d'une catin notoire, à la Comédie-Française, et dans ce rôle de Pauline [de Polyeucte], d'une si haute noblesse morale, était un véritable défi à la pudeur publique (Zola, Paris, t.2, 1897, p.211).La tradition s'est conservée de demander à des artistes éminents, ou du moins à des musicographes notoires, de tenir cette rubrique [la Critique musicale aux Débats] (Arts et litt., t.2, 1936, p.40-9): 3. ... je suis tombé de mon haut, ce matin, en entendant bafouer la République par des républicains avérés, les princes par des monarchistes notoires.
Vogüé, Morts, 1899, p.199. Prononc. et Orth.: [nɔtwa:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) 1226-39 notore «qui est à la connaissance publique» (Roul. judic., S.-Aubert, N.-D. de Cambrai, A. Nord ds Gdf. Compl.: cose notore); 1283 notoire (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, t.1, p.38); b) ca 1480 il est notoire que (Mistere du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 28094, t.4, p.44). Empr. au b. lat. des juristes notorius, usité dans notoria (s.-e. epistula) «lettre d'avis, lettre qui fait connaître» (de notum supin de noscere «apprendre à connaître» et «reconnaître, admettre», duquel est dér. également notorium «accusation»); cf. lat. médiév. notorium «offense, outrage notoire» ca 1188 et notorius «notoire» ca 1192 ds Latham. Fréq. abs. littér.: 174. DÉR. Notoirement, adv.D'une façon constatée par tous. Le mariage est notoirement une absurde oppression (Chateaubr., Mém., t.4, 1848, p.590).Adulée et courtisée, −comme le sont toutes les jolies femmes dont les maris aiment notoirement hors de chez eux, −madame de Guéray repoussait les hommages (Gyp, Raté, 1891, p.100).Une famille ruinée, dont le père était notoirement anticlérical (Rolland, J.-Chr., Antoinette, 1908, p.869).− [nɔtwaʀmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1resattest. 1283 (Philippe de Beaumanoir, op. cit., t.2, p.370); de notoire, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér.: 40. |