| NORMATIF, -IVE, adj. A. − Qui a les caractères d'une norme, d'une règle; qui concerne les normes. Jugement, précepte normatif. L'attitude normative [du souverain] s'estompe de plus en plus devant les exigences de la vie pratique (Hist. de la sc.,1957, p.1560): 1. Trop souvent (...) les définitions de la culture générale sont posées a priori en fonction des oeuvres du passé ou du système normatif d'une élite, sans qu'il soit tenu compte des valeurs culturelles réelles ou potentielles vécues dans les différents milieux sociaux.
Dumazedier, Ripert,Loisir et cult.,1966, p.296. B. − Qui fixe, prescrit une norme, émet des jugements de valeur. Autorité normative; la morale est normative. La classe moyenne de la société américaine, classe dominante et normative, éprouve depuis une cinquantaine d'années un manque de confiance en soi qui devient de plus en plus aigu et s'étend à l'Europe dont «l'américanisation» progresse depuis la fin de la dernière guerre (E. Janeway,La Place des femmes dans un monde d'hommes,Paris, Denoël-Gonthier, 1972, p.177). − GRAMM. Grammaire normative. Grammaire qui invoque une norme idéale et figée et tend à imposer un «bon usage» voire un «beau langage» en face de formes jugées incorrectes (d'apr. Mounin 1974). Anton. grammaire descriptive (v. ce mot A 2): 2. La grammaire normative se fonde sur la distinction de niveaux* de langue (langue cultivée, langue populaire, patois, etc.); et, parmi ces niveaux, elle en définit un comme langue de prestige à imiter, à adopter; cette langue est dite la «bonne langue», le «bon usage» (...). Un autre facteur pris en considération par la grammaire normative est l'imitation des «bons auteurs».
Ling.1972. − PHILOS. Sciences normatives. Les «sciences normatives» (nom donné par Wundt à l'esthétique, à la logique et à la morale) dégagent des lois et des principes permettant de «juger» de la beauté d'une oeuvre, de la valeur d'une connaissance, de la moralité d'une action (Julia 1964). Anton. sciences descriptives*. C. − Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Explication n'est pas raison pour les enragés du normatif (Le Figaro littér.,26 févr. 1968, p.26, col.2). Prononc.: [nɔ
ʀmatif], fém. [-i:v]. Étymol. et Hist. 1868 (Littré). Dér. de norme*; suff. -atif*. Fréq. abs. littér.: 21. DÉR. 1. Normativisme, subst. masc.Attitude normative systématique. Loin de tout normativisme et de toute prophétie, je constate, sans plus, dans des cas importants et non douteux, la réalité d'un profit (Perroux,Écon. xxes.,1964, p.461).Le normativisme logiciste a abusé de l'opposition kantienne de l'être et du devoir (Traité sociol.,1968, p.175).− [nɔ
ʀmativism̭] − 1reattest. 1964 (Perroux, loc. cit.); de normatif, suff. -isme*. 2. Normativiste, adj.,hapax. Sa tendance [à Max Weber] est frappante d'utiliser la sociologie du droit pour justifier le dogmatisme de la «logique juridique» et du formalisme normativiste du droit (Traité sociol.,1968, p.183).− [nɔ
ʀmativist]. − 1reattest. 1968 id.; de normatif, -ive, suff. -iste*. 3. Normativité, subst. fém.a) Caractère de ce qui est normatif. Ici la légalité (...) c'est (...) la conformité à la loi lato sensu, c'est-à-dire à l'ensemble des règles de droit supérieures. On dirait, avec plus d'exactitude, le principe de normativité (Vedel,Dr. constit.,1949, p.118).La langue s'impose aux sujets individuels et collectifs comme un système préétabli de règles qui commandent le déroulement du discours, c'est-à-dire le contenu de la communication. On fait référence ici à la normativité des signes linguistiques (Traité sociol.,1968, p.265).b) Caractère de ce qui est normal. Synon. normalité.Et si un schizo est ici produit comme entité, c'est seulement comme seul moyen d'échapper à cette double voie, où la «normativité» n'est pas moins sans issue que la névrose (G. Deleuze, F. Guattari, Capitalisme et schizophrénie, Paris, 1972, p.95).− [nɔ
ʀmativite]. − 1reattest. 1949 (J. Vuillemin, Être et trav., p.105); de normatif, -ive, suff. -(i)té*. |