| NORIA, subst. fém. A. − Machine hydraulique utilisée pour l'irrigation, constituée d'une chaîne sans fin s'enveloppant sur un tambour et sur laquelle est attachée une série de récipients qui puisent l'eau dans un puits ou un cours d'eau et la versent, à la partie supérieure, dans un réservoir ou une rigole. Grincement d'une noria. Un chameau fait tourner la noria; sur ses yeux, des bouchons de paille (Green,Journal,1933, p.140).Les rustiques machines de la noria qui montaient l'eau dans les bassins (Duhamel,Suzanne,1941, p.258): 1. L'eau, d'abord, est précipitée de la calebasse, sur une claie, de manière que la terre ne soit pas creusée par la chute de l'eau, mais garde sa pente. Le champ tout entier est en pente légère. Ce sont des aubergines qu'on y cultive. Il y a pour ce seul champ, pas très grand, six norias à une vingtaine de mètres l'une de l'autre.
Gide,Retour Tchad,1928, p.871. B. − P. anal. Appareil élévateur constitué d'une chaîne sans fin munie de godets ou de plates-formes, servant à transporter verticalement diverses marchandises. Le grain est élevé aux silos par une noria qui le déverse dans chacune des caisses (Bourde,Trav. publ.,1929, p.314).Les chargements et déchargements [des bananiers] s'effectuent à l'aide de norias, tapis roulants, manches de toiles, évitant toute détérioration de la marchandise (M. Benoist, Pettier, Transp. mar.,1961, p.106). − MAR. Noria à munitions. ,,Monte-charge à godets servant à élever les munitions de la soute jusqu'au parc à munitions voisin de la pièce`` (Gruss 1952). C. − P. méton. [Pour désigner un processus] 1. [En parlant de choses concr.] Système de transport de personnes ou de marchandises à grande fréquence de rotations. Noria d'un pont aérien, des autocars, des taxis: 2. Si l'économie japonaise poursuivait son expansion au rythme des années passées, il faudrait en 1985, pour couvrir ses besoins en énergie, une noria ininterrompue de pétroliers de 200 000 tonnes se succédant à 40 km de distance entre le golfe Persique et Yokohama...
Réalités,mars 1972, p.86, col.2. − P. métaph. Obsédé par l'automatique, harcelé par l'hédonisme de la consommation, l'homme tourne en rond dans sa noria technologique (G. Elgozy, Le Désordinateur,Paris, Calmann-Lévy, 1972, p.291). 2. [En parlant de pers.] Allées et venues fréquentes. R.Murphy pour les États-Unis, H. Beeley pour le gouvernement britannique, entamèrent une véritable noria entre la Tunisie, la France, Bourguiba et Gaillard, tentant de faire admettre l'impossible (Y. Courrière, La Guerre d'Algérie,L'Heure des colonels, Paris, Fayard, 1970, p.223). Prononc. et Orth.: [nɔ
ʀja]. Att. ds Ac. dep. 1878. Plur. des norias. Étymol. et Hist. 1. 1792 désigne un système d'irrigation (d'apr. Brunot t.9, p.1210); 1794 (doc. 15 oct. ds Bull. Hist. Econ. Révol., 1913, t.1, p.145, ibid., p.1206, note 5); 2. p. ext. 1858 «monte-charges à godets» (Chesn.); 3. 1968 «système de transport caractérisé par une très grande fréquence d'allers et retours» (Le Monde, 2 janv. ds Gilb. 1971). Mot esp. désignant une machine hydraulique servant à irriguer et faite de seaux attachés le long d'une chaîne sans fin; altér. de l'a. esp. (a)nora (empr. à l'ar. nāūra «id.», dér. de naara «gronder») prob. par contamination de acequia «petit canal d'irrigation» (lui aussi d'orig. ar.). Voir Cor.-Pasc. Fréq. abs. littér.: 32. |