| NOMINALISME, subst. masc. A. − PHILOS. CLASS. Doctrine d'après laquelle les idées générales ou les concepts n'ont d'existence que dans les mots servant à les exprimer. Le nominalisme pense que les idées générales ne sont que des mots; le réalisme pense que les idées générales supposent quelque chose de réel: des deux côtés, égale vérité, égale erreur (Cousin,Hist. philos. XVIIIes., t.2, 1829, p.309).Le nominalisme rigoureux, s'il garde la croyance en Dieu, ne peut le désigner que par de pures périphrases, par des dénominations extrinsèques, sans arriver à porter sur Dieu en soi des jugements valables (Théol. cath.t.4 1 1920, p.794).V. conceptualisme ex.: 1. Pour les réalistes, (...) les universaux existent réellement en soi (...). Contre le réalisme, le conceptualisme estime que les universaux sont des constructions de l'esprit, qui ne peut se passer d'eux. Les idées n'existent pas en elles-mêmes, mais seulement en tant que conçues par nous. Seuls existent réellement les individus (...). Le nominalisme [it. ds le texte] enfin, dit aussi terminisme, radicalise la position conceptualiste en posant au principe qu'existent seuls les individus, l'universel n'étant jamais qu'un signe, aussi extérieur aux choses que le sont les noms dont on les désigne.
Dict. des gdes philos., Toulouse, Privat, 1973, p.269. B. − PHILOS. MOD. Nominalisme scientifique ou p. ell. nominalisme. 1. ,,Doctrine soutenant que les faits, les lois et les théories scientifiques ne sont autre chose que des constructions mentales nécessairement conventionnelles, mais empiriquement fécondes`` (Dict. des gdes philos., Toulouse, Privat, 1973, p.269). Il est curieux de remarquer que les arguments du nominalisme scientifique contre le mécanisme, postulent un véritable matérialisme (Ruyer,Esq. philos. struct., 1930, p.236): 2. Quelques personnes ont exagéré le rôle de la convention dans la science; elles sont allées jusqu'à dire que la loi, que le fait scientifique lui-même étaient créés par le savant. C'est là aller beaucoup trop loin dans la voie du nominalisme.
H. Poincaré, Valeur sc., 1905, p.9. 2. ,,Doctrine d'après laquelle la science a pour objet, non les choses elles-mêmes, mais les énoncés relatifs aux choses, les mots au moyen desquels nous les désignons`` (Foulq.-St-Jean 1962). Synon. empirisme logique (v. empirisme C et ex. 7).On reconnaît aujourd'hui une forme de nominalisme dans les doctrines englobées sous le nom d'empirisme logique (...). Cette dernière forme du nominalisme apparaît (...) moins ontologique que linguistique (Dict. des gdes philos., Toulouse, Privat, 1973, p.269). − [Avec déterminant] Le nominalisme de qqn. La doctrine, la théorie nominaliste propre à un auteur. La destruction de la réalité sociale par un nominalisme probabiliste et individualiste (...) rend Weber incapable de saisir la société, les groupes, les classes, les Nous, ainsi que leurs oeuvres directes (Traité sociol., 1967, p.15).V. empiriste A ex. Théol. cath. t.4 1 1920, p.811: 3. Plus que jamais il nous faut dénoncer ici, fidèles à notre nominalisme intégral, le danger de la tentation idéaliste: l'historien doit prendre garde à ne jamais surestimer la qualité logique de ses hypothèses, pas plus (...) que celle de ses concepts.
Marrou,Connaiss. hist., 1954, p.193. Prononc. et Orth.: [nɔminalism̭]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. Av. 1739 philos. (Mémoires de Trévoux ds Trév. Suppl. 1752). Dér. de nominal*; suff. -isme*. Fréq. abs. littér.: 47. |