| NOMBRIL, subst. masc. A. − ANAT. Cicatrice en forme de cavité ou de saillie arrondie, laissée dans la partie centrale de l'abdomen de l'homme et des mammifères par la section du cordon ombilical. Synon. ombilic.Chez les jeunes veaux il n'est pas rare de rencontrer un ulcère tuberculeux du nombril, résultant de la contamination de la plaie ombilicale par la litière de l'étable infectée (Calmette, Infection bacill. et tubercul., 1920, p.120).Isabelle (...) avait la poitrine un peu basse, les cuisses rondes et courtes, le nombril profondément enfoncé dans le ventre brun (Druon, Gdes fam., t.1, 1948, p.117). − Loc. fam. [En parlant de pers.] ♦ Regarder, contempler son nombril. Attacher une grande importance à sa personne, être égocentrique. Ce qui m'agace, c'est ce waterproof de narcissisme qui me colle aux épaules (...). Ai-je pourtant jamais tant regardé mon nombril?? (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1917, p.451). ♦ Se prendre pour le nombril du monde. Accorder à sa personne une importance exagérée. Je le supris [Reverdy] habillé comme un milord, dans une boîte de nuit (...), s'écoutant parler de poésie, se prenant pour le nombril du monde, pontifiant (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.325). − P. anal. [En parlant d'un lieu] Centre attractif. Il faudrait que Monsieur le Baron allât à Paris, l'oeil et le nombril du monde (Gautier, Fracasse, 1863, p.40).Nous voici enfin à Piccadilly Circus, nombril de Londres (Morand, Londres, 1933, p.173). B. − P. anal., BOT. Cavité qui, sur un fruit, se trouve sur la partie opposée à la queue. Synon. oeil. (Ds Ac. et dict. xixeet xxes.). REM. Nombrilisme, subst. masc.Fait d'attacher trop d'importance à sa personne, d'être égocentrique. Allons mon petit Parano, pas de nombrilisme, hein! Vous chialez pour vous faire materner comme un gosse? Votre profil de carrière n'est pas menacé, que je sache... (Le Point, 3 oct. 1977, p.105, col.2). Prononc. et Orth.: [nɔ
̃bʀi], [-bʀil]. Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930, Pt Rob., Warn. 1968 [-i]; Lar. Lang. fr. [-i] ou [-il]. V. babil. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1155 anat. nomblil (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 737); ca 1165 nombril (Benoît de Ste-Maure, Troie, 10865 ds T.-L.); 1580 entr'ouvertes jusqu'au nombril «ayant un décolleté très profond» (Montaigne, Essais, éd. Villey-Saulnier, II, XII, p.457); 1959 être décolletée jusqu'au nombril (Rob.); 1869 s'admirer le nombril (Lautréam., Chants Maldoror, p.194); b) 1842 fig. «centre de quelque chose» le nombril de la mer (Hugo, Rhin, p.212); 2. 1581 hérald. (De Bara, Le Blason des Armoiries, p.22: diverses places en l'escu [...] place, dicte du nombril, ou bas de la fesse); 3. a) 1690 bot. «partie où son enfermés les pépins d'un fruit» (Fur.); b) 1721 id. «cavité à la partie des fruits opposée à la queue» (Trév.). D'un lat. pop. *ŭmbĭlīcŭlus, dér. du lat. class. ŭmbĭlīcus, v. ombilic par une série d'altérations; à partir du lat. pop. *ŭmbĭlīcŭlus on a eu régulièrement umblil (cf. Brut, ms. Munich, 1178 ds Gdf. Compl.), puis par agglutination de l'art. déf. élidé *lonblil (d'où par dissimilation la forme lonbril rencontrée dans des var. ms. de Chr. de Troyes, v. T.-L.) et par agglutination de l'art. indéf. nomblil (Wace, loc. cit.), d'où est issue, par dissimilation du 1er-l-, la forme moderne. Fréq. abs. littér.: 132. |