Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
NIVEAU, subst. masc.
[P. réf. au plan de l'horizon ou à tout autre plan réel ou fictif]
I.
A.− (État d'un) plan horizontal/ensemble de points dans le même plan horizontal; en partic., ligne joignant deux points dans un tel plan. Prendre le niveau d'un terrain, d'une assise de pierre; s'enfoncer sous le niveau du sol. Riche plaine d'inégal niveau (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 188).Le sol avait des niveaux de hauteur inégale qui faisaient dans la chambre comme une succession d'appartements (Flaub., Salammbô,t. 1, 1863, p. 87).
[À propos de la surface d'un liquide] :
1. ... c'est la tendance générale des fluides vers le centre de la terre, qui forme, d'un côté le niveau des lacs, et de l'autre le courant des rivières (...). Le niveau de l'eau n'étant que l'équilibre de toutes ses parties autour du centre de la terre, il s'ensuit que la surface d'un lac et celle de la mer sont sphériques. Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 200.
P. métaph. J'aime mieux cette nombreuse infortune refoulée et gémissante qu'un niveau dormant; j'aime mieux ces têtes de princes, de capitaines (...), étouffés et luttant à la nage, qu'un paisible troupeau (...) sous un ou deux pasteurs (Sainte-Beuve, Volupté,t. 1, 1834, p. 112).
Locutions
Loc. adv. à valeur adj. De niveau. Sur le même plan, de plain-pied, plan. J'ignore si mon architecte, que j'attends, trouvera la chose praticable. Avant de conclure, m'a-t-il dit, sachons si vos planchers sont de niveau (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 95).De chaque côté, la rive filait, accidentée, là paraissant presque de niveau, émergeant de l'eau dans une pente insensiblement douce, puis se redressant tout à coup (Courteline, Femmes d'amis, Canot, 1888, p. 143).
P. métaph. L'inévitable contact politique des deux populations devait tendre ensuite naturellement à y mettre de niveau ces deux opérations négatives (Comte, Philos. posit.,t. 5, 1839-42, p. 486).
Au fig., dans un domaine intellectuel, artist.Voilà ce qui ennoblit cette peinture [du Titien]; la volupté n'y est jamais indécente, (...) l'homme ne descend pas pour y arriver, il est de niveau (Taine, Voy. Ital.,t. 1, 1866, p. 77).
Loc. prép. De niveau avec. Sur le même plan. Tous les tertres exhaussés sur la face du globe tendent, comme l'élément fluide, à se mettre de niveau avec les plaines (Dusaulx, Voy. Barège,t. 1, 1796, p. 96).Plus un homme est sot, plus il est de niveau avec le monde (Stendhal, Journal,t. 2, 1805, p. 63).N'était-ce pas la grâce (...) ce milieu de l'invisible où le miracle lui semblait naturel [à Angélique], de niveau avec son existence quotidienne? (Zola, Rêve,1888, p. 65).
B.− Spécialement
1. CARTOGR. Courbe de niveau. Synon. courbe hypsométrique.V. hypsométrique dér. s.v. hypsométrie ex. de Lapparent :
2. Ces limites respectives se dessinent par des lignes d'établissements. C'est ainsi que la tranche (...) où prospèrent les cultures d'agrumes, se termine sur les flancs orientaux et méridionaux de l'Etna par une rangée populeuse que semble régir la courbe de niveau de 300 mètres... Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 87.
2. GÉOL. [À propos d'un liquide, sous la seule action de la pesanteur] Surface de niveau ou surface équipotentielle de la pesanteur. Surface (de ce liquide) formée par l'ensemble des points où s'exerce la même pression atmosphérique. La surface des océans au repos, les surfaces d'égale pression atmosphérique (...) sont des surfaces de niveau (Lar. encyclop.) :
3. ... lorsque nous voyons que dans le relief des anciens terrains (...) rien n'annonce une figure plus éloignée que la figure actuelle de la direction générale des surfaces de niveau, nous rejetons (...) l'explication fondée sur la lente dégradation des couches superficielles... Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 90.
3. Horizontalité, équilibre. Voilà pour les eaux de niveau et en repos, mais il y en a bien peu qui le soient naturellement. Depuis la fontaine jusqu'à l'océan, la plupart des eaux circulent (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 200).
P. métaph. Mettez des jeunes gens ensemble, les plus distingués baisseront, les pires monteront, et il se fera un niveau de médiocrité (Barrès, Renan,1888, p. 201).
Locutions
Prendre, reprendre son niveau. (Re)devenir étale, (re)trouver une position/son ancienne position d'équilibre. Ce sont des eaux qui cherchent à prendre leur niveau; c'est un équilibre qui veut s'établir (Chateaubr., Mél. pol.,1816-24, p. 58).Et le soleil encore épandit ses lumières, Et je vis que la mer, reprenant son niveau, Avait laissé renaître un univers nouveau (Leconte de Lisle, Poèmes barb.,1878, p. 267).
P. métaph. Son esprit [de Napoléon], tous orages apaisés, avait pris naturellement son niveau (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 3, 1862, p. 186).Il n'y a de silence absolu que de l'autre côté de la vie; par la plus mince fissure, le réel glisse et rejaillit, reprend son niveau (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 239).
Mettre qqc. de niveau avec qqc. Équilibrer quelque chose avec quelque chose. Mettre les recettes de niveau avec les dépenses, arriver à ce niveau plutôt par le retranchement des dépenses que par l'augmentation des impôts (Staël, Consid. Révol. fr.,t. 1, 1817, p. 55).
C.− P. méton.
1. TECHNOL. [Selon le type de niveau utilisé et le domaine d'application] . Instrument qui sert à vérifier l'horizontalité d'un plan ou d'une droite, à mesurer des différences de hauteur et d'inclinaison. Ajuster, dresser, mesurer au/avec le niveau. Qui donc a mis l'équerre et le niveau dans l'œil de cet animal qui sait bâtir une digue en talus du côté des eaux, et perpendiculaire sur le flanc opposé? (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 168).Car tu auras vu de tes yeux les grandes arêtes de la croûte terrestre, que ces messieurs cherchent encore avec leurs niveaux et leurs compas (Zola, Contes Ninon,1864, p. 297).
Niveau à bulle (d'air). Instrument constitué par un tube de verre incomplètement rempli d'eau (ou d'alcool...), renfermant une bulle d'air dont la position par rapport à des repères marqués sur le verre, permet d'apprécier l'horizontalité d'une surface plane. Le niveau d'air, ou niveau à bulle d'air (...) sert de base à tous les niveaux composés, tels que le niveau à lunette, le niveau de pente, etc. (Bouillet1859).Le « niveau à bulle » est parfois employé pour nivelle (Topogr.1980).V. horizontalité ex. d'Astron.
Niveau d'eau ou niveau à eau (plus rare). Instrument constitué par un tube en métal, relevé à angles droits à ses deux extrémités auxquelles sont fixés deux vases communicants dont l'eau donne une ligne de visée horizontale. Le niveau d'eau est utilisé par les géomètres. Quand ils se furent procuré une chaîne d'arpenteur, un graphomètre, un niveau d'eau et une boussole, d'autres études commencèrent (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 184):
4. Cette galerie [l'aqueduc de Samos] (...) fut commencée simultanément aux deux extrémités et, à la jonction, l'erreur ne fut que de 5 mètres. Ce n'était pas si mal, étant donné que les seuls instruments topographiques en usage étaient une sorte de niveau à eau appelé chorobate, et un appareil de visée baptisé dioptre. P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p. 41.
P. anal. Tube en verre monté de manière à indiquer le niveau de l'eau dans le réservoir d'une chaudière. Le simple niveau d'eau [des chaudières] (...) se compose d'un tube en cristal monté entre deux tubulures à robinets (Armengaud, Moteurs à vapeur,t. 1, 1861, p. 120).Un niveau d'eau placé à l'avant de la chaudière et un flotteur installé à l'arrière, accusent quelquefois des différences notables (Ser, Phys. industr.,1890, p. 205).
Niveau à lunette. Appareil optique de visée muni d'une lunette de précision et d'un niveau à bulle d'air (ou nivelle [infra dér.]) et qui donne les directions horizontales. (Dict. xixeet xxes.).
Niveau de maçon. Instrument constitué par un châssis sur lequel est fixé un fil à plomb. Avant usage, on règle le niveau de maçon en le posant sur une surface plane de telle façon que le fil à plomb batte sur le repère tracé, puis, en tournant l'instrument bout pour bout, on s'assure que le fil à plomb recouvre encore la ligne de foi (Lar. encyclop.).
Niveau de pente. Appareil semblable au niveau de maçon mais comportant en outre un arc gradué qui permet de mesurer l'inclinaison d'un plan par rapport à un plan horizontal. Synon. clinomètre. (Dict. xixeet xxes.).
P. méton. ,,Surface d'un terrain qui a une pente réglée par le niveau`` (Littré).
BALIST. Niveau de pointage. Appareil à bulle permettant d'établir l'angle de tir grâce à la mesure de l'inclinaison d'un canon (d'apr. Lar. encyclop.).
2. P. métaph. ou au fig., vieilli. [P. anal. avec l'instrument, dans un but maléfique] Pouvoir, force capable d'égaliser les choses et les hommes (leurs conditions, leurs fortunes). Regimber sous le niveau; passer sous le niveau (de plomb) (du despotisme, du mariage, du pouvoir). La loi sérielle est la mort du scepticisme, le remède à toutes les maladies de la raison, le critérium de la certitude : donc la loi sérielle est le niveau des intelligences (Proudhon, Créat. ordre,1843, p. 29):
5. ... au coude d'un chemin. Étienne s'arrêtait (...) pour écouter pleuvoir les décombres. Il respirait fortement les ténèbres, une joie du néant le prenait, un espoir que le jour se lèverait sur l'extermination du vieux monde, plus une fortune debout, le niveau égalitaire passé comme une faux, au ras du sol. Zola, Germinal,1885, p. 1462.
Passer le niveau sur, promener son niveau sur. Mettre de niveau, rendre uniforme, voire détruire. Paris a passé son niveau un peu froid, un peu maniéré sur toutes les âmes, sur tous les styles (Sand, Corresp.,t. 2, 1843, p 291).Nous dirons simplement que l'erreur est (...) de croire que la méthode crée l'esprit (...), de passer le niveau sur les facultés humaines et d'en supprimer le jet naturel (Sainte-Beuve, Portr. contemp.,t. 4, 1846, p. 303).Quoi! prêtres! ce chaos [l'inondation] (...) Promenant son niveau sur la foule innocente (...) Ce serait l'action de ce maître hagard [Dieu]! (Hugo, Légende,t. 5, 1877, p. 1088).
II.− Hauteur, degré d'élévation.
A.− Hauteur d'un point (par rapport à un point de repère), degré d'élévation d'un plan horizontal ou de plusieurs points d'un même plan horizontal (par rapport à un plan horizontal de référence). Niveau d'un liquide dans un récipient, une seringue; niveau du fleuve; indicateur de niveau; jauge indiquant le niveau de (l'essence/de l'huile) dans un réservoir; stylo à niveau d'encre visible; inégalité de niveau; niveau d'un terrain. Le niveau de ces voûtes varie; la hauteur moyenne est d'environ cinq pieds six pouces, et a été calculée pour la taille d'un homme (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 542).Je comptai cent gouttes et rétablis le niveau avec la même quantité d'eau (H. Bazin, Vipère,1948, p. 187):
6. ... Bertrand pouvait introduire le conseil de vidanger complètement le carter du moteur tous les 1 500 kilomètres (...). L'on se contentait, d'ordinaire, de rajouter de l'huile quand le niveau baissait; et on trouvait qu'il baissait déjà bien assez vite. Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 168.
Passage* à niveau.
MAR. Niveau de flottaison. Synon. de ligne de flottaison* (d'un navire) :
7. À l'instant où la crevasse s'était faite (...) et il n'y avait plus de niveau de flottaison, la lame avait pénétré par l'effraction dans la panse (...), et, même après l'apaisement des vagues, le poids du liquide infiltré, faisant hausser la ligne de flottaison, avait maintenu la crevasse sous l'eau. Hugo, Travaill. mer,1866, p. 386.
Loc. prép. Au niveau (de)
À la hauteur de, à la même hauteur que... [Petypon] se dissimule derrière le piano en s'accroupissant, de façon à ce que sa tête soit au niveau du clavier (Feydeau, Dame Maxim's,1914, ii, 10, p. 53).Très haut, au niveau de leurs cintres, une petite lumière solitaire brillait dans une des torchères des deux porches cyclopéens qui ouvraient sur la rue (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 362).
Dans le domaine, sur le plan (désigné par le compl.). Au niveau de la nation, de la région.
Au niveau + adj. :
8. .. − les prévisions de l'emploi sont impossibles, sinon avec des erreurs très grossières, et d'autant plus grossières qu'on les fait au niveau national; or, c'est au niveau régional qu'elles pourraient présenter de l'intérêt. B. Schwartz, Réflex. prospectives,1969, p. 9.
Rem. Hanse Nouv. 1983, note : ,,L'expression au niveau de est devenue un cliché dont on abuse et dont on déforme le sens. Elle signifie proprement : « à la hauteur de », « sur la même ligne que » (au propre et au figuré) et suppose donc une comparaison (...). Si l'on pense à des plans superposés, on peut dire, en distinguant par exemple la conception et l'expression : Au niveau du langage, une difficulté se présente (...). Mais on en est arrivé à employer au niveau de pour en ce qui concerne, du point de vue de, dans le domaine de, en matière de, pour, dans, etc. et à dire, par exemple : (...). L'humour de cet auteur se manifeste au niveau du langage (...). Et même Au niveau de mes vaches!``
B.−
1. [P. anal. avec hauteur (v. ce mot I A d), non dans le sens vertical mais horizontal, et à propos d'une distance parcourue ou à parcourir − le niveau étant ici le point de repère]
(Arriver) au niveau de. À la hauteur de, (d'un certain point de repère). L'allée des tilleuls s'interrompait, au niveau du rond-point occupé par le grand bassin (A. France, Lys rouge,1894, p. 329).Je les levais [les yeux] sur la duchesse au moment où j'arrivais au même niveau de la rue qu'elle (Proust, Guermantes 1,1920, p. 61).Après quelques centaines de mètres, le militaire gagne du terrain sur le fonctionnaire. Enfin, quand tous les deux se trouvent au même niveau : « Alors, mon pote, dit le SS avec l'accent de Belleville, tu as fait la malle aussi? » (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 238).
2. Étage d'un bâtiment (plus précisément chacun des planchers d'un bâtiment, rez-de-chaussée et sous-sol(s) compris). Immeuble de 4 à 12 niveaux; les nouveaux niveaux d'un magasin (reconstruit). La hauteur du bâtiment et celle des niveaux de magasin étant déterminée, le nombre des niveaux de magasin au-dessus du sol ne pouvait être que de cinq, y compris le rez-de-chaussée (Cain, Transform. B. N.,1959, p. 11).
C.− Spécialement
1. [Dans un domaine matériel, concr., le niveau impliquant la notion d'horizontalité, de hauteur, de degré d'élévation dans un ensemble mesurable comprenant des valeurs croissantes/décroissantes, ou encore la notion d'intensité, de puissance, de force ou d'énergie]
a) ACOUST., TÉLÉCOMM. Niveau (d'intensité sonore). Intensité d'un son émis. Différence de diapason et de niveau (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 359).
P. méton. Mesure de cette intensité. Le niveau doit être maintenu constant au cours d'un enregistrement pour que la qualité de reproduction soit satisfaisante (Voyenne1967).Dans le cas où l'émission a été enregistrée par fractions et dans des lieux différents, on fait une copie générale pour aligner les niveaux (Radio1972).
b) HYDROGR. Niveau (des eaux) (d'un cours d'eau, d'une rivière). Hauteur (des eaux) (d'un cours d'eau, d'une rivière). Le niveau de la Seine, du Danube; le niveau des eaux a atteint la cote d'alerte; le niveau baisse; baisse de niveau; faire monter le niveau. Cette grande tour n'est elle-même que le prolongement hors de terre d'un immense puits comblé aujourd'hui, qui trouait jadis tout le mont et descendait plus bas que le niveau du Rhin (Hugo, Rhin,1842, p. 126).Il suffisait de surélever de deux à trois pieds le niveau des eaux du lac, sous lesquelles l'orifice serait alors complètement noyé (Verne, Île myst.,1874, p. 471).Des terrasses de tufs, que ces lacs ont laissées sur leurs bords, à diverses altitudes, permettent de se rendre compte de leurs variations de niveau (Lapparent, Abr. géol.,1886, p. 389).
Niveau hydrostatique. Surface supérieure de l'eau d'une nappe aquifère qui varie en fonction de son alimentation. Il y a (...) relèvement isostatique de l'écorce terrestre et relèvement hydro ou eustatique du niveau marin : c'est la relation entre ces deux phénomènes concomitants qui détermine le fait qu'il y a progression (...) ou recul (...) de la mer dans une région et à une époque déterminées (Rothé, Géophys.,1943, p. 134).
c) GÉOL. Hauts, bas, moyens niveaux. Couches d'alluvions déposées successivement selon des altitudes décroissantes au flanc des vallées, qui allaient en s'approfondissant au cours du Quaternaire. Au point de vue paléontologique (...) les animaux fossiles les plus répandus sont les trilobites (...). Ces fossiles caractérisent les divers niveaux des terrains primaires et on ne les trouve que dans ces terrains (Boule, Conf. géol.,1907, p. 90).Près de Paris, les hauts niveaux sont vers 50-55 m d'alt., les bas niveaux vers 35-40 m, les alluvions récentes étant vers 30-35 m (Lar. encyclop.).
d) GÉOMORPHOLOGIE
Niveau de la mer. Niveau zéro à partir duquel sont mesurées les altitudes. Au-dessus, au-dessous du niveau de la mer. Le niveau de la mer, repère universel et traditionnel pour la mesure des hauteurs, est une ligne moyenne purement fictive et souvent instable (Brunhes, Géogr. hum.,1942, p. 3).
Niveau de base. Hauteur à partir de laquelle, l'écoulement des matériaux, leur transfert cessent dans un cours d'eau, faute de pente suffisante. L'évolution du régime des eaux fluviales ou la variation du niveau de base, provoquent des alternances de dépôts : cailloutis, vases plus ou moins épaisses, sables aux grains de diverses grosseurs (E. Schneider, Charbon,1945, p. 290).
e) MINES. Galerie de mine horizontale tracée dans la couche (et p. méton., cote d'une galerie de mine). Synon. étage.Il faut aller à la rencontre des couches de houille en creusant des puits verticaux, d'où partent, aux divers niveaux correspondant à chaque couche, des galeries horizontales aboutissant aux gîtes houillers (Boule, Conf. géol.,1907, p. 104).
Fonçage à niveau plein/à niveau bas. Percement d'un puits en terrain aquifère dans lequel on laisse monter le niveau d'eau/l'on épuise l'eau simultanément. Aux mines de houille de Bjuf (Suède), on a utilisé des plongeurs pour le fonçage d'un puits à niveau plein par le procédé de la trousse coupante (Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905, p. 1372).Le fonçage des puits se fait à niveau bas ou à niveau plein (Bresson, Manuel prospect.,1923, p. 272).
f) PÉTROL. Niveau hydrostatique. ,,Hauteur jusqu'à laquelle remonte le brut ou l'eau d'un gisement dans un puits, sous l'influence de sa pression`` (Lar. encyclop.).
g) PHYS. ATOM.
Niveau d'énergie. Valeur de l'énergie interne caractérisant l'état d'un atome. Conformément à la théorie des quanta, l'énergie de liaison des nucléons dans un noyau ne peut prendre que des valeurs bien déterminées qui correspondent à autant de niveaux d'énergie. Un photon est émis lorsque le noyau passe d'un niveau d'énergie à un niveau inférieur (Ostoya s.d.).
Niveau (énergétique) normal. ,,État (niveau) d'un atome dont tous les électrons se trouvent aux niveaux énergétiques les plus bas`` (Nucl. 1975). Les énergies des divers niveaux d'un atome peuvent être déterminés par l'étude des spectres de rayons X et des phénomènes de chocs électroniques. Cette conception est à la base des physiques atomique et nucléaire modernes (Uv.-Chapman1956).
2. [Dans les domaines intellectuel/mor., psychol./soc.]Degré d'évolution ou de développement (par rapport à une échelle de valeurs ou à un point de référence donné). Niveau d'un film, d'une conversation, d'une œuvre littéraire.
a) ÉCON. POL. Niveau moyen des profits; niveau de production. Les facteurs institutionnels contribuent donc à la détermination, sinon du niveau moyen des salaires, du moins de leur structure (Univers écon. et soc.,1960, p. 44-16).
Niveau des prix. Coût de la vie. On s'est demandé si la puissance de « marchandage » des syndicats de travailleurs n'était pas susceptible, en période de prospérité, de compromettre tout essai de stabilisation du niveau des prix (Meynaud, Groupes pression Fr.,1958, p. 280).
Niveau de vie. Ensemble des biens et des services (tant matériels qu'intellectuels) qu'un individu, un ménage ou un groupe social peut se procurer avec le revenu dont il dispose. La consommation augmente régulièrement et la bière est de plus en plus demandée. En outre, le niveau de vie des masses indigènes leur permet maintenant un supplément de dépenses (Industr. fr. brass.,1955, p. 26).La nourriture des hommes ne peut se concevoir hors des importations massives ou encore un niveau de vie élevé détermine un raffinement alimentaire dont la satisfaction suppose des ventes et des achats (Wolkowitsch, Élev.,1966, p. 205).
Niveau de pauvreté. ,,Situation, socialement conditionnée, dans laquelle des individus ou des familles ne peuvent se procurer les moyens de subsistance indispensables à une existence indépendante`` (Willems 1970).
Niveau de subsistance. ,,Conditions, socialement conditionnées, dans lesquelles des individus ou des groupes peuvent seulement se procurer les moyens de subsistance strictement nécessaires à leur survivance biologique`` (Willems 1970).
SYNT. Étude, perspectives du niveau de vie; pays à haut et bas niveau de vie; niveau de vie faible, médiocre, suffisant; se maintenir à un certain niveau de vie; accroître, relever le niveau de vie des habitants, des populations; assurer un niveau de vie décent à qqn; atténuer les inégalités de niveau de vie; évolution du niveau de vie; diminution dans le niveau de vie.
b) [P. réf. à une échelle sociale, en vue de situer un individu/groupe d'individus] Niveau social. Position occupée par un individu dans la hiérarchie sociale. Niveau socio-culturel, socio-économique, socio-professionnel. Le niveau social est défini par le statut social, par la position que quelqu'un occupe dans une stratification sociale. Il se caractérise non seulement par le niveau économique ou la position professionnelle, mais encore par les autres rôles sociaux et par le niveau culturel acquis (Birou1966) :
9. Si j'avais à le commenter, je dirais, au nom de Flaubert : Peu m'importent les « classes sociales »! Il peut y avoir des « bourgeois » tout aussi bien parmi les nobles que parmi les ouvriers et les pauvres. Je reconnais le bourgeois non point à son costume et à son niveau social, mais au niveau de ses pensées... Gide, Journal,1937, p. 1270.
c) PSYCHOL., PSYCHO-PÉDAGOGIE
Niveau mental ou intellectuel. Degré du développement quantitatif et qualitatif de l'intelligence apprécié par la méthode des tests, capable de mesurer le degré et la forme de l'intelligence (abstraite ou concrète, inventive ou analytique). Le niveau baisse; la chute du niveau. Contre Renan, je protestai sur mon cahier que le grand homme lui-même n'est pas une fin en soi : il ne se justifie que s'il contribue à élever le niveau intellectuel et moral de la commune humanité (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 190).Les chambres d'agriculture se sont plaintes (...) de l'insuffisance du niveau intellectuel des élèves qui arrivent à l'enseignement agricole du premier degré (Encyclop. éduc.,1960, p. 196):
10. Le niveau mental suit un développement à peu près parallèle à la croissance physique (...). − Un enfant élevé à la campagne, habitué à raisonner à partir de situations pratiques et concrètes, n'a pas la même forme d'intelligence qu'un lycéen du même âge, habitant une grande ville, auquel on a appris à se servir d'un langage riche et à raisonner dans l'abstrait. (...) pour apprécier leur niveau mental il est indispensable de les soumettre à des épreuves différentes : au premier, des tests d'intelligence pratique; au second, des séries de classement abstrait, par exemple. Sill.1965.
En compos. Niveau-seuil. ,,Niveau minimal de compétence de communication dans une langue étrangère`` (CILF, 1977 ds Clé mots). En d'autres termes, l'ouvrage est conçu comme un complexe de propositions ouvertes à partir desquelles on souhaite que les utilisateurs, moyennant ajouts, retraits et modifications, déterminent pour leur entreprise éducative propre et en fonction du public d'apprenants auquel ils ont affaire le niveau-seuil convenable (Fr. Monde,1977, no126, p. 19).
Niveau d'instruction. ,,Classement pédagogique des élèves ou des adultes selon l'accession à l'alphabétisation, puis à la hiérarchie des diplômes (généralement par le cycle d'enseignement)`` (Éduc. 1979).
Niveau scolaire. Importance des acquisitions d'un élève par rapport au programme officiel des écoles primaires. Le niveau scolaire d'un écolier dépend de son niveau mental, de son état psycho-somatique, de la régularité de sa fréquentation scolaire, du milieu dans lequel il vit, ainsi que des méthodes pédagogiques utilisées, du milieu... (Lafon1963).Un élève peut (...) suivre à la fois une classe de niveau élevé et avancé en mathématiques et, par exemple, une classe de niveau faible et retardé en langues étrangères. On discute aussi au sujet des groupes de niveau dans une discipline, au sein d'une même classe (...). Certains auteurs envisagent également l'homogénéité et le niveau adapté mais utilisent les expressions de classe mobile ou de groupe d'option (Coudray1973).
Locutions
Se mettre au niveau de (qqn). Se mettre à la portée de (quelqu'un) :
11. − Souvent tel artiste supérieur, enflammé seulement par l'amour de la gloire et de la beauté, fait semblant pour se faire pardonner son enthousiasme de n'aimer que le gain et le métier. Il fait le bon enfant pour se mettre au niveau des plus communs. Vigny, Journal poète,1841, p. 1160.
En partic. Mettre (qqn) au niveau de (qqc.). Fournir (à quelqu'un) les moyens de faire face à (quelque chose). Dans la vie, il nous semble qu'il nous manque le stimulant qui vous met au niveau de la lutte, de la bataille et du choc des gens et des choses (Goncourt, Journal,1866, p. 276).
d) Dans le domaine de la ling. et de la sémiot.
Niveau de langue. Chacune des variétés stylistiques d'une langue, distinguées plus ou moins arbitrairement, à l'aide de marques temporelles (p. ex. vx), spatiales (p. ex. région.) et socio-culturelles (p. ex. pop.). Au fur et à mesure que des élèves étrangers apprennent à véritablement maîtriser notre langue, pendant très longtemps continue à se poser le problème des niveaux de langue (...). Plongé dans le français contemporain, l'élève étranger a cependant encore souvent de la peine à éviter des « décalages » de langue, c'est-à-dire à savoir se maintenir au même « niveau » de langue, et surtout − annonçons-le dès maintenant − au même « sous-niveau » de langue. Comment classer très simplement les trois niveaux principaux du français contemporain? Langue contemporaine : langue populaire/bon usage/langue littéraire (C. Stourdzéds Fr. monde,1969, pp. 18-19).
LING. STRUCT. [Dans la mesure où la langue est considérée comme un ensemble structuré, hiérarchisé d'unités] Le mot a une position fonctionnelle intermédiaire qui tient à sa nature double. D'une part il se décompose en unités phonématiques qui sont de niveau inférieur; de l'autre il entre, à titre d'unité signifiante et avec d'autres unités signifiantes, dans une unité de niveau supérieur (E. Benveniste, Problèmes de ling. gén.,Paris, Gallimard, t. 1, 1967, p. 123).
Niveau linguistique. Degré de l'analyse linguistique. Niveau phrastique, morphématique, phonématique; niveau d'analyse. Selon l'unité que l'on retient, on peut distinguer au moins six niveaux linguistiques formels (Phél.Ling.1976).
GRAMM. GÉNÉRATIVE. Niveau de représentation. ,,Système de concaténation représentant une phrase comme une suite d'éléments discrets (...). Les relations entre les niveaux sont définies par un ensemble de règles de représentation exprimant la manière dont les éléments d'un niveau supérieur sont représentés par les éléments d'un niveau inférieur`` (Ling. 1972). Des « structures profondes » aux « structures de surface », toute phrase peut être décrite à plusieurs « niveaux de représentation » (D.D.L.1976).
SÉMIOTIQUE. Niveau sémiotique/niveau discursif. Pour le seul niveau sémiotique, on distinguera le plan des structures sémiotiques profondes (syntaxe et sémantique fondamentales) et celui des structures sémiotiques de surface (syntaxe et sémantique narratives) (Greimas-Courtés1979).
e) P. anal., INFORMAT. [À propos des distinctions que l'on peut établir entre les langages de programmation : bas, élevé ou supérieur, langage « symbolique »]
Bas niveau ou niveau (...) bas. Langage proche du langage machine. Au niveau le plus bas, il y a le langage machine (...) fondé sur des codes numériques et des adresses de cellules (T.-G. Scott,Ordinateurs électron.,trad. J. Charbonneau, Paris,1968,p. 570A).Haut niveau ou niveau élevé ou supérieur. Langage très évolué plus proche du langage parlé. Le système de codage symbolique (...) se situe (...) à un niveau supérieur; il est plus proche du français courant qu'un langage machine, étant donné qu'il utilise des codes mnémoniques (T.-G. Scott,Ordinateurs électron.,trad. J. Charbonneau, Paris,1968,p. 570A).On désigne généralement le niveau supérieur des langages d'ordinateur par le terme de langage « symbolique » ou « langage à compilateur » (T.-G. Scott,Ordinateurs électron.,trad. J. Charbonneau, Paris,1968,p. 570A).
Prononc. et Orth. : [nivo]. Homon. nivaux (plur. de nival). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1339 nyviel « instrument » (Cartulaire de l'Eglise St Pierre de Lille, t. 2, p. 692); 1343 nevel (Inv. de J. de Presles, Bibl. de l'Ec. des ch., XXXIX, 93 ds Gdf.); b) 1637 au fig. (Descartes, Discours de la Méthode, 2epartie ds Œuvres philos., éd. F. Alquié, t. 1, p. 581 : lorsque je les aurais ajustées [les opinions] au niveau de la raison); 2. a) 1429 mettre a nivel (Béthune, ap. La Fons, Gloss. ms., Bibl. Amiens ds Gdf.); b) 1688 au fig. (La Bruyère, Caractères, 2 ds Œuvres, éd. G. Servois, t. 2, p. 64 : venir au niveau d'un fat qui est en crédit). Altération (par assimilation de l'n initiale à l'l finale) de livel, liveau att. du xiiieau xvies. (v. Gdf.), lui-même du lat. pop. *libellus, lat. class. libella « instrument servant à niveler, niveau » (dér. de libra « balance à deux plateaux ou à contrepoids », puis « niveau »); cf. ital. levello (REW3no5010). Fréq. abs. littér. : 2 140. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 252, b) 2 476; xxes. : a) 1 703, b) 4 828.
DÉR.
Nivelle, subst. fém.Fiole de verre renfermant un liquide très mobile (alcool/éther...) et une bulle d'air, et faisant partie de certains niveaux composés tels que le niveau à lunette. Synon. niveau à bulle (supra I C).Niveau à nivelle fixe, à nivelle indépendante, à nivelle réversible (Topogr. 1980). Toutes les opérations géométriques qui aboutissent à l'établissement de plans topographiques, du sol ou de constructions, utilisent un système de référence local, défini par la direction de la force de pesanteur, qui constitue la verticale, et la direction des plans qui lui sont perpendiculaires, horizontaux (...). Pratiquement, on [n']utilise une nivelle, qui jouit de cette propriété que si, au cours de la rotation autour d'un axe, la bulle occupe toujours la même position par rapport à la nivelle; cet axe est vertical (J. Goguel, La Gravimétrie,Paris, P.U.F., 1973, no1030, p. 5).V. nivellement direct, s.v. nivellement B. [nivεl]. 1reattest. 1932 (Lar. 20e); de niveau, suff. -elle*.
BBG. − Archit. 1972, pp. 33-34. − Barb. Misc. 29 1944-52, pp. 439-441 (s.v. nivelle).Bertini (M.-T.), Tallineau (Y.). Pt vocab. L'Informatique nouv. 1977, no80, p. 24. − Le Bidois Délire 1970, pp. 162-166. − Sculpt. 1978, p. 592.