| NIMBE, subst. masc. A. − 1. Cercle, disque de lumière que les peintres et les sculpteurs placent, depuis l'Antiquité égyptienne, autour de la tête des personnages sacrés, des héros divinisés, de Dieu ou des Saints. Nimbe diaphane, doré, festonné, lumineux, orbé, trilobé. Blanche sous le lin chaste et rude, illuminée Du nimbe d'or flottant sur sa tête inclinée, La Vierge d'Orient, une ombre dans les yeux, Pressait entre ses bras son fils mystérieux (Leconte de Lisle, Poèmes barb., 1878, p.93).Cette charogne éployée était celle d'un Dieu, et, sans auréole, sans nimbe, dans le simple accoutrement de cette couronne ébouriffée (Huysmans, Là-bas, t.1, 1891, p.19): 1. Siméon, vieux, ridé, dénudé par l'âge, appuyé sur un genou, vêtu d'une longue robe verdâtre brodée d'orfévreries faites en relief au pinceau, reçoit en plein sur son visage extatique la lumière du ciel qui semble se confondre avec le nimbe rayonnant de Jésus...
Du Camp, Hollande, 1859, p.46. ♦ Nimbe carré. Attribut utilisé pour représenter des personnages élevés en dignité et encore vivants (papes, empereurs, rois). (Dict. xixeet xxes.). Nimbe crucifère. Cercle dans lequel s'inscrit une croix et qui est réservé au Christ. [À la mosaïque de la coupole d'Aix-la-Chapelle] était figuré le Christ assis; un nimbe crucifère ornait sa tête (Lenoir, Archit. monast., 1856, p.130).Nimbe rayonné. Disque appliqué aux dieux antiques. Le nimbe rayonné indiquait Apollon ou Diane (Ac.1935). 2. NUMISM. Cercle qui figure autour de la tête de certains empereurs (principalement ceux du Bas-Empire) sur les médailles gravées à leur effigie. (Dict. xixeet xxes.). B. − 1. Littér. Halo, zone lumineuse qui entoure une personne ou une chose. La vieille femme était trépassée (...). De grands cierges blancs en quantité Lui firent un nimbe de clarté (Moréas, Cantil., 1886, p.193).Son fin profil s'était aminci, sous le nimbe d'or de ses cheveux (Zola, Rêve, 1888, p.183): 2. Dans l'hémisphère lunaire visible, on doit observer de curieuses éclipses de soleil, parmi lesquelles des éclipses totales qui peuvent durer deux heures. L'énorme disque noir de la terre, entouré d'un nimbe lumineux produit par la réfraction de la lumière dans notre atmosphère, passe devant le disque éblouissant du soleil.
Flammarion, Astron. pop., 1880, p.198. 2. Au fig. Toute mon enfance renaît dans une sorte de nimbe de bonheur (Green, Journal, 1934, p.216).Ce double courant de possessivité intense, exclusive et jalouse entre la mère et le fils se heurte à la barrière des convenances morales, et comme la mère reste enveloppée d'un nimbe d'idéale pureté, la sexualité se voit disloquée (Mounier, Traité caract., 1946, p.151). Prononc. et Orth.: [nε
̃:b]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. 1692 [éd.] numism. (Jobert, Sc. des médailles, p.204 et 205, aussi nimbus); 2. 1740 relig. ou iconogr. «cercle de lumière qui entoure la tête des représentations de Dieu, des saints» (Ac.); 3. 1852 «zone lumineuse qui entoure une personne, une chose» (Leconte de Lisle, Poèmes ant., p.371: figure aux blonds cheveux d'ombre et de paix, errante au bord des lacs sous son nimbe de feu). Empr. au lat. nimbus, proprement «pluie d'orage; nuage de pluie» (v. nimbus), qui a pris en lat. chrét. le sens de «auréole de saint» (cf. Blaise Lat. chrét.). Fréq. abs. littér.: 90. |