| NICKEL, subst. masc. A. − Métal blanc argenté résistant à la corrosion, susceptible d'un beau poli et utilisé principalement en alliage dans des aciers spéciaux ou en revêtement pour protéger des objets en fer ou en cuivre. (symb. Ni, nombre atomique 28, poids atomique 58, 71). Des filons de nikel (Dusaulx, Voy. Barège, t.2, 1796, p.63).L'Allemagne est un pays producteur de nickel (Duhamel, Cécile, 1938, p.34). − Subst. + de/en nickel.Il était revenu avec une montre, une montre-bracelet en nickel (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p.385).Elle faisait elle-même la toilette du petit garçon dans un grand tub de nickel (Drieu La Roch., Rêv. bourg., 1937, p.119). B. − P. méton. 1. Objet fait de ce métal. a) Au plur. Et parmi tous ces nickels et ces artères de cuivre, on ressent la tristesse même qui règne sur les usines ruinées (Saint-Exup., Vol nuit, 1931, p.132).Les automobiles se pressaient contre le trottoir, et l'éclairage de la longue verrière faisait scintiller leurs nickels (Druon, Gdes fam., t.1, 1948, p.28). b) Emploi adj., pop. et fam., p. anal. (avec l'aspect brillant et poli du métal). Qui est d'une propreté irréprochable. Le monsieur se mit à lui parler [au jeune voyou] avec onction (...) Le jeune homme hocha la tête avec conviction: Çà doit être nickel, dit-il à voix haute (Sartre, Âge de raison, 1945, p.136). 2. [Aux U.S.A. et au Canada] Pièce de cinq cents faite (d'un alliage) de nickel. Et dans toutes les rues des places où l'on peut entrer pour un nickel, cinq cents, et rester deux heures à pleurer et à rire (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p.178).Il glissait un nickel, puis un autre dans la boîte à disques (Beauvoir, Mandarins, 1954, p.313). REM. 1. Nickelure, subst. fém.,technol. a) Art du nickelage. M. Duchemin a fait, à propos de cette application du nickel à la préservation des boussoles, un historique rapide et intéressant de la nickelure en industrie (De Parville, Journ. offic., 18 nov. 1875, p.9440, col. 1 ds Littré).b) Objet nickelé. Ce lourd grand-livre relié de peau verte et orné de nickelures aux coins, au dos (J. Moréas et P. Adam, Demoiselles Goubertds Plowert1888). 2. Nickelifère, adj.,minér. Qui contient du nickel. Les pyrites nickelifères et cuprifères du Canada (Guillet, Techn. métall., 1944, p.16). 3. Nickeline, subst.,fém., minér. Arséniure (composé d'arsenic) naturel de nickel. La nickéline se présente le plus souvent en masses compactes d'un rouge de cuivre (Lapparent, Minér., 1899, p.573). Prononc. et Orth.: [nikεl]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1765 minér. (Encyclop.); 2. 1895 «pièce de monnaie» (P. Bourget, Outre-mer, t.2, p.39); 3. 1918 adj. «qui est d'une propreté raffinée, impeccable» (d'apr. Esn.). Au sens 1, empr. à l'all. Nickel ou, plutôt, au suéd. nickel, minér. (cf. Encyclop.), créé en 1754 par le Suédois A. F. von Cronstedt (qui avait découvert le métal en 1751), par abrév. de kopparnickel «arséniure de nickel», all. Kupfernickel «id.» (1741 ds Weigand). Comp. de Kupfer «cuivre» et de Nickel «lutin»; forme fam. de Nikolaus, équivalent de Nicolas, les mineurs allemands ayant vainement tenté de tirer du cuivre de l'arséniure de nickel où ils croyaient en trouver en raison de sa couleur rouge (Kluge20; Duden Etymol.). Cf. aussi cobalt pour une évolution sém. analogue. Au sens 2, mot anglo-amér. «pièce de 1 cent contenant du nickel» (dep. 1857 ds NED) et «pièce de 5 cents contenant du nickel» (dep. 1881 ds DAE). Fréq. abs. littér.: 60. Bbg. Colomb. 1952/53, pp.423-424. _Migl. 1968 [1927], p.301. |