| * Dans l'article "NIAIS, NIAISE,, adj. et subst." NIAIS, NIAISE, adj. et subst. I. − Adjectif A. − Vieilli, CHASSE. [En parlant d'un rapace, en partic. d'un faucon] Qui est encore au nid, qui ne sait pas voler. Un oiseau niais (Ac.). B. − 1. [En parlant d'une pers., parfois d'un groupe de pers.] Qui est sans expérience, qui a un comportement gauche, qui est sot. Si Mercanson était un méchant homme, s'il était niais ou rusé, je ne l'ai jamais distingué clairement (Musset,Confess. enf. s.,1836, p.228).Donner aux foules niaises l'illusion d'une vérité nouvelle (Adam,Enf. Aust.,1902, p.217). − [Dans un cont. métaph.] Je me repus de belladone, de ciguë frite, sûre qu'elles ne contenaient qu'un sucre niais et docile (Giraudoux,Suzanne,1921, p.86).Cette chambre (...) si niaise avec son lit de bonne, sa cuvette et son pot (Bernanos,M. Ouine,1943, p.1362). 2. [En parlant d'un attribut de la pers. ou d'un fait, d'une oeuvre humaine] Qui est empreint de sottise; qui marque la bêtise, la gaucherie. Air, regard, sourire niais; bouche niaise; histoire, question niaise. Je fus reçu avec cette jovialité niaise qui le caractérise (Marat,Pamphlets,À MePétion, 1792, p.343).J'ai parfois (...) feint de trouver spirituels des propos niais (Gide,Nouv. Nourr.,1935, p.286): 1. Madame Gervaisais fut contente de penser que c'était son dernier dîner à la Minerve. Tout ce bruit niais qui l'entourait, l'ennuyait, la blessait presque: elle éprouvait une espèce d'écoeurement à entendre là −la sottise parler si haut.
Goncourt,MmeGervaisais,1869, p.8. ♦ Emploi adv. Parler, rire niais. Je ne pense plus ou je pense court, niais, superficiel (Frapié,Maternelle,1904, p.245). II. − Substantif A. − [Le subst. désigne une pers.] 1. Personne sans expérience, gauche, sotte. Pauvre niais; petite niaise. Vu aussi ce niais de Villetard, qui parle toujours comme un petit vieux monsieur candide (Léautaud,Journal littér.,1906, p.321): 2. −Oh! je la connais de nom, s'écria Albert; on la dit aussi spirituelle que jolie. Parbleu, quand je pense que j'aurais pu me faire présenter à elle au dernier bal de Mmede Villefort, où elle était, et que j'ai négligé cela, je suis un grand niais!
Dumas père, Monte-Cristo,t.1, 1846, p.473. − THÉÂTRE. Personnage comique par sa naïveté, sa sottise. Avis donné [à un dramaturge étranger] de ne pas faire, du seul Français de la pièce, un rôle de niais! (Vigny,Journ. poète, 1837, p.1060). 2. Locutions ♦ Faire le niais. V. faire1III E 1 c α.Comme elle faisait la niaise, feignant quelque terreur (Zola,Fortune Rougon,1871, p.112). ♦ Graine* de niais. ♦ Niais de Sologne. Homme qui fait le sot dans son intérêt. Il est de ces niais de Sologne qui ne se trompent qu'à leur profit (Ac.1835, 1878). 3. Arg. Voleur qui a des scrupules. [Entre voleurs] Celui qui a des hésitations est le niais (Larch.Suppl.1889, p.127). B. − Subst. masc. sing. à valeur de neutre. Caractère niais de quelque chose. Si leurs élucubrations sortent parfois du niais, c'est pour tomber aussitôt dans l'absurde (Proudhon, Propriété,1840, p.231). REM. 1. Niaiseux, -euse, adj. et subst.,région. (Canada), synon. (sens I B et II).Le premier jour, je regardai des joueurs de golf qui poursuivaient de petites balles blanches au moyen de cannes curieuses. Je trouvai cela niaiseux (V.-L. Beaulieu, Mémoires d'Outre-tonneau,Montréal, éd. Estérel, 1968, p.154).Pauvre niaiseuse!, peux-tu vraiment aimer une loque pareille! (V.-L. BeaulieuLa Nuitte de Malcom Hudd,Montréal, éd. du Jour, 1969, p.88). 2. Niaisot, -otte, adj. et subst.,diminutif de niaiseux (sens I B et II). Elle avait des manières mignardes, précieuses, niaisottes; elle jouait la fillette (Rolland,J.-Chr.,Foire, 1908, p.732). Prononc. et Orth.: [njε], fém. [njε:z]. Homon. formes de nier. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1210-25 cynégétique adj. espervier nïés [v. W. Foerster ds Z. rom. Philol. t.37, p.466] (Yder, 2506 ds T.-L.); 2emoitié xiiies. subst. «faucon qui sort du nid» ici, employé par image pour désigner un naïf (Jean Bretel à J. de Grieviler ds Recueil gén. des jeux-partis, éd. A. Långfors, XXXII, 38); 2. xiiies. [ms. V] adj. «sot par manque d'expérience, excès de simplicité» (Chrétien de Troyes, Chevalier au lion, éd. W. Foerster, 4418, var.); 3etiers xiiies. subst. (Adam de La Halle, Jeux-partis, éd. L. Nicod, XI, 83). Du lat. *nidax, -acis, dér. de nidus «nid», proprement «pris au nid (en parlant du faucon)». Le sens 2 est issu du sens 1. Fréq. abs. littér.: 883. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1440, b) 1365; xxes.: a) 1279, b) 1025. DÉR. 1. Niaisement, adv.D'une façon niaise. Dire, répondre, rire, sourire niaisement. Homme puéril, rêveur niaisement vertueux (Sand,Lélia,1833, p.261).Je viens de vous parler comme un enfant, Marsal, et presque aussi niaisement que Le Gallic (Bourget,Sens mort,1915, p.72).− [njεzmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1reattest. 1584 (G. Meurier d'apr. H. Vaganay ds R. Ét. rab. t.5, 1907, p.171); de niais, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér.: 54. 2. Niaiser, verbe intrans.,vieilli ou région. (Canada). a) S'occuper à des futilités, perdre son temps. Elle se sentit incapable d'une autre occupation que celle de niaiser dans son salon (Balzac,Début vie,1842, p.398).Comme Resnais, je passe des années à niaiser, dans un état semi-dépressif (G. Scully, Une Carrièreds Le Devoir, 2 déc. 1972, p.13, col. 2).b) Faire le niais. Martyrs niaisant et vestales minaudières (Laforgue,Complaintes,1885, p.181).−Ti-Bé, arrête de niaiser ou (...) j'jouerai pus jamais avec toi! (V.-L. Beaulieu, En attendant Trudot,Montréal, éd. L'Aurore, 1974, p.41).− [njεze], [nje-], (il) niaise [njε:z]. Att. ds Ac. 1694. − 1resattest. a) 1549 niezer (Est., s.v. niez), b) 1580 «s'occuper, s'amuser à des riens, des niaiseries» (Montaigne, Essais, II, 3, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p.330); de niais, dés. -er. BBG. −Barb. Misc. 29 1944-52, pp.429-431. |