| NEUTRE, adj. et subst. A. − [En parlant d'une pers. physique ou morale] 1. Qui s'abstient ou refuse de prendre position dans un débat, dans un conflit opposant plusieurs personnes, plusieurs thèses, plusieurs partis. Anton. favorable, partial, partisan; hostile.Un témoin brave, qui n'ait pas voulu rester neutre, et qui, délibérément, ait pris parti pour le faible, contre le fort (Farrère, Homme qui assass., 1907, p.346).V. abdiquer ex. 19: 1. En régime capitaliste, l'homme qui se dit neutre est réputé favorable, objectivement, au régime. En régime d'Empire, l'homme qui est neutre est réputé hostile, objectivement, au régime.
Camus, Homme rév., 1951, p.300. Neutre en/dans.Rester neutre dans un débat, dans une discussion, dans une querelle; neutre en politique, en morale. Aucune grande force sociale ne reste neutre dans les grands mouvements. S'ils ne sont pas avec nous, ils seront contre nous (Jaurès, Ét. soc., 1901, p.87).Neutre en face de, au milieu de, parmi.Plus question aujourd'hui de rester neutre en face des communistes; il faut être décidément pour ou contre (Beauvoir, Mandarins, 1954, p.459).Neutre entre... et...La réserve dans laquelle je me tiens en vous priant seulement de demeurer neutre entre vos sentiments et moi (Balzac, Lys, 1836, p.325).♦ Emploi subst. Tu ne diras pas que c'est un témoin partial. C'est un neutre. Notre Sénat se range à son avis (Giraudoux, Guerre Troie, 1935, ii, 5, p.116). − [En parlant d'une production humaine, acte, oeuvre] Synon. impartial, objectif.Discours, rapport, revue neutre; questions neutres; attitude sage et neutre. Justement; c'est surtout à votre journal que je pensais: il ne peut plus rester neutre (...). Être du côté de la Résistance, ça ne constitue plus un programme (Beauvoir, Mandarins, 1954, p.112). 2. a) [En parlant d'une école, d'un enseignement] Indépendant de toute confession religieuse, de toute idéologie, et qui s'abstient de porter un jugement par esprit de tolérance. Synon. laïque; anton. confessionnel, religieux.Dénoncer les ravages qu'à déjà causés, dans les classes populaires, l'enseignement laïque, soi-disant neutre, mais en réalité hostile à toute idée chrétienne (Coppée, Bonne souffr., 1898, p.174).V. enseignement A 1 ex. de Martin du Gard: 2. ... le caractère laïque et neutre de l'école publique n'empêche, en aucune manière, qu'en se conformant aux règles générales qui régissent l'enseignement libre les associations religieuses, comme les laïques, créent des établissements d'enseignement.
Barrès, Cahiers, t.12, 1920, p.330. ♦ P. méton.; [le suj. désigne un enseignant] Être, demeurer neutre. Tous les instituteurs et toutes les institutrices, quelles que soient leurs convictions personnelles, se sont engagés à demeurer neutres dans l'exercice de l'enseignement. La neutralité absolue est-elle possible? (Mauriac, Journal 1, 1934, p.52). b) État neutre. État qui ne favorise aucune idéologie, aucune croyance, et permet le pluralisme d'expression et d'action. La laïcité de l'État signifiant alors qu'il est ou bien neutre ou bien antireligieux, c'est-à-dire au service de fins purement matérielles ou d'une contre-religion (Maritain, Human. intégr., 1936, p.191). B. − DR. INTERNAT. PUBL. 1. [En parlant d'un État, d'une puissance et, p. méton., de son représentant] a) Qui refuse de prendre parti entre des belligérants, qui reste en dehors du conflit. Anton. belligérant.État, pays, prince, puissance neutre. La (...) malhonnêteté dont elle jugeait coupable la France restée neutre à l'égard du Japon (Proust, Guermantes 1, 1920, p.331): 3. Lord Beaconsfield avertit la Russie qu'il ne resterait pas neutre si le Tsar ne respectait pas les trois points indispensables à la conservation de l'Empire: le canal de Suez, les Dardanelles, Constantinople.
Maurois, Disraëli, 1927, p.291. b) (Le plus souvent épithète). Qui reste en dehors d'un conflit. On obtient alors des conditions moins dures, que l'intervention des puissances neutres adoucit encore (A. France, Mannequin, 1897, p.40): 4. Le Gouvernement britannique commença par obtenir que la Palestine serait détachée de la Syrie et deviendrait un pays neutre, avec une administration mi-française et mi-anglaise.
Tharaud, An prochain, 1924, p.114. − Emploi subst. masc. Les neutres. Les États neutres. Droits des neutres. Les alliés et les neutres ne pouvaient plus tarder davantage à donner une forme normale à leurs relations avec nous (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p.43).V. belligérant ex. 5. ♦ HIST. Ligue des neutres. Ligue constituée par le tsar Paul Ier, favorable à Bonaparte, pour interdire la Baltique aux Anglais. Les autres, sur l'initiative de la Russie, formaient une ligue des neutres, ligue armée, décidée à imposer aux Anglais la liberté de leur navigation (Bainville, Hist. Fr., t.2, 1924, p.14). 2. [P. méton.] Qui ressortit à un pays neutre; qui est maintenu à l'écart d'un conflit; qui n'appartient à aucune puissance belligérante. Territoire, zone neutre; port, ville neutre; vaisseau, cargaison neutre; pavillon neutre. Un bâtiment chargé de tapis turcs, d'étoffes du Levant et de cachemires; il fallait trouver un terrain neutre où l'échange pût se faire, puis tenter de jeter ces objets sur les côtes de France (Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.275).Les nouveaux docks de Limehouse, bondés de prises de guerre et de navires neutres visités, où convergent les marchandises circulant librement sur des océans désormais britanniques (Morand, Londres, 1933, p.42).V. barricade ex. 3. ♦ Emploi subst. Je posai la supposition de notre départ sur un neutre; le capitaine anglais avait ordre de le saisir. Je parlai de la sortie des frégates sous pavillon parlementaire; il avait ordre de les combattre (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t.2, 1823, p.413). − Au fig. En terrain neutre, sur un terrain neutre. Sur un sujet assez banal, assez peu compromettant pour écarter tout risque de conflit. Engager la discussion, porter la conversation sur un terrain neutre: 5. ... comme s'il eût voulu éviter de rappeler à la jeune fille de pénibles souvenirs, il mit la conversation sur un terrain neutre. −Habitez-vous ici depuis longtemps?
Ponson du Terr., Rocambole, t.1, 1859, p.327. ♦ (Se) rencontrer, mettre en présence (deux personnes) en terrain neutre, sur un terrain neutre. (Se) donner rendez-vous chez un tiers pour régler un différend. Il était si facile d'insister pour m'avoir à dîner, (...) il était si simple de préparer une occasion qui pût nous mettre, chez elle ou sur un terrain neutre, en présence (Huysmans, Là-bas, t.1, 1891, p.203). ♦ SPORTS. Match disputé en terrain neutre. Match disputé sur un terrain qui n'est pas celui des équipes en présence. C. − [En parlant de choses] 1. Qui n'est caractérisé ni dans un sens ni dans le sens contraire; qui est sans individualité marquée. Synon. indéterminé.L'événement fortuit peut être (...) un événement simplement neutre, comme le fait qu'un dé retombe sur une face plutôt que sur une autre (Ruyer, Esq. philos. struct., 1930, p.337): 6. ... il n'y a aucune honnêteté pour le capitaliste à ne pas chiper une boîte de sardines à l'étalage (...). Évidemment ce n'est pas répréhensible d'être garanti du besoin, mais ce n'est pas méritoire non plus. Disons que c'est neutre.
Frapié, Maternelle, 1904, p.156. − Qui passe inaperçu, qui ne peut être qualifié ou commenté. Depuis ma maladie, la connaissance abstraite et neutre du passé me semblait vaine (Gide, Immor., 1902, p.407): 7. Le samedi, mes notes ne sont pas plus mauvaises qu'à l'ordinaire, pas meilleures non plus. Elles sont neutres et amorphes, jamais claires. Ces Dames n'ont évidemment pas la bosse de la rédaction. À moins que, peut-être, ces demi-teintes ne soient une mesure diplomatique?...
Gyp, Souv. pte fille, 1928, p.147. 2. Qui manque d'éclat, de relief; qui est d'une nuance indécise. a) [En parlant d'une couleur, d'une tonalité, d'un coloris, d'une luminosité] ,,Se dit des colorations effacées et vagues n'offrant pas de ton prédominant`` (Adeline, Lex. termes art, 1884). Synon. effacé, pâle, terne, triste; anton. chaud, vif, éclatant.Ton, teinte, couleur neutre; beige, gris neutre; ciel, fond, tenture, toilette neutre. L'eau de la Seine (...) est d'un ton vert décoloré, du vert neutre qu'ont les eaux aveugles dans un souterrain (Bourget, Nouv. Essais psychol., 1885, p.187): 8. Le jour de la fête locale nous nous moquions des robes aux teintes vives des jeunes paysannes. Les jeunes filles de notre monde s'en tenaient aux tonalités neutres, effacées, au rose mourant, au rose bonbon, au crême pâle.
Mauriac, Journal occup., 1942, p.344. ♦ PEINT. (aquarelle). Ton neutre. Certaine tonalité d'un gris bleu violacé. Le ton neutre du bitume (Moreau-Vauthier, Peint., 1933, p.76). − Au fig. [En parlant de la vie, d'un élément de l'existence] Qui est sans relief, sans attrait. Synon. monotone, plat, terne, triste, uniforme; anton. gai, haut en couleur*.Existence neutre. La vie d'Odette pendant le reste du temps, comme il n'en connaissait rien, lui apparaissait, avec son fond neutre et sans couleur (Proust, Swann, 1913, p.240): 9. Comment faire imaginer, par exemple, une ville sans pigeons, sans arbres et sans froissements de feuilles, un lieu neutre pour tout dire? Le changement des saisons ne s'y lit que dans le ciel.
Camus, Peste, 1947, p.1217. b) [En parlant d'une odeur, d'une saveur] Un bouquet de fleurs desséchées avait été oublié dans un vase; on respirait partout cette odeur fade et neutre qui est comme le parfum de l'absence (Du Camp, Mém. suic., 1853, p.207). c) [En parlant d'un son, notamment du ton de la voix, d'un timbre, d'un accord] Synon. blanc, effacé, éteint, fade, sourd; anton. chaud, coloré, vif, éclatant.Ton, timbre, tonalité neutre. La voix d'Allan se fit encore plus neutre, plus blanche −et depuis quelque temps déjà d'ailleurs il m'était difficile de deviner s'il restait sérieux ou s'il plaisantait (Gracq, Beau tén., 1945, p.64). − [En parlant d'un élément du comportement] Physionomie, regard, visage neutre. M. Baslèvre est autre, malgré le masque neutre et les yeux toujours vifs (Estaunié, Ascension M. Baslèvre, 1919, p.264). 3. [En parlant du langage, du style d'un écrivain] Qui est dépourvu d'originalité ou de personnalité; qui reste détaché, objectif. Synon. froid, impersonnel, inexpressif.Langue neutre. L'on admet tantôt que le lieu commun est neutre et inexpressif et tantôt qu'il possède une «singulière vertu communicative» (Paulhan, Fleurs Tarbes, 1941, p.120): 10. Dites vos péchés maintenant (...). Je commence à me raconter, sagement, sans romantisme, dans un style aussi neutre que possible, et ce n'est point aisé, pour ce que je veux dire.
Duhamel, Journal Salav., 1927, p.156. D. − Spécialement 1. LINGUISTIQUE a) GRAMMAIRE − Genre neutre. Dans certaines langues à trois genres, genre qui s'oppose au masculin et au féminin par des marques formelles; genre représentant souvent l'inanimé, un nom d'objet (en français, on qualifie de neutres des pronoms tels que rien, quelque chose, tout, quoi qui représentent des inanimés). ♦ Emploi subst. masc. Le neutre. Le genre neutre; la forme neutre d'un mot. Quoi de plus ridicule que de donner le genre féminin ou masculin au nom d'une chose qui n'est susceptible ni de l'un ni de l'autre, ou de donner l'un des deux ou le neutre, également au mâle et à la femelle de la même espèce d'animal (Destutt de Tr., Idéol. 2, 1803, p.185).V. cela ex. 25: 11. Le neutre a-t-il disparu en français? Oui, si on le considère comme forme spéciale du nom ou de l'adjectif. Mais si on le considère dans sa valeur linguistique, il est vrai de dire qu'il continue de vivre en français; il joue un rôle sémantique réel dans les pronoms: Je vous LE dis. (...) QUE dites-vous? Sont neutres, par leur valeur sémantique, les infinitifs, les adjectifs et les adverbes substantivés: Le boire, (...) le beau, le mieux, etc.
Grev.1975, § 240, rem. 1. Un neutre. Un mot au neutre (nom, pronom, adjectif). Le ça, das Es. Ce neutre à la place des abstractions nobles de l'idéologie, marque le tournant d'une époque qui a rompu avec deux siècles d'optimisme puéril et honnête (Mounier, Traité caract., 1946, p.131).L'allemand où des animés comme Kind «enfant», Mädchen «fille», Weib «femme» sont des neutres (Mounin1974):12. Qu'est-ce que tu as l'intention de faire de ça? reprit-elle (...). Mon âme frissonna en entendant l'emploi de ce neutre et j'eus peine à maîtriser un mouvement d'indignation.
Gide, Symph. pastor., 1919, p.881. ♦ [P.méton.] Qui est du genre neutre. Adjectif, article, pronom neutre. Regarder dictum comme un participe neutre ou indéclinable du verbe être dit (Destutt de Tr., op.cit., p.251). − Verbe neutre. Synon. vx de verbe intransitif*.Anton. verbe actif* (vx), verbe transitif*.Monter et descendre prennent l'auxiliaire avoir quand ils sont actifs, et l'auxiliaire être quand ils sont neutres (Dem.1802, p.28, 3o).Que va dire Monsieur Gide de La Partie de Plaisir? Que «surplomber» est un verbe neutre et qu'on ne peut dire «surplombé»? (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1909, p.115).V. adjectif ex. 14. b) PHONÉT. Voyelle neutre. Voyelle de timbre mal défini, intermédiaire entre les positions cardinales (d'apr. Mar. Lex. 1933 et Ling. 1972). Anton. voyelle* franche. − [P. méton.] Syllabe neutre. Le sujet a plus de peine à trouver une rime douce pour ged que pour une syllabe neutre (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p.25). 2. BOT. Fleur neutre. Fleur dont tous les organes reproducteurs sont avortés, qui n'a ni étamines ni pistil. (Ds Gatin 1924 et Forest. 1946). Synon. asexué. 3. ENTOMOL., adj. et subst. [Chez certains hyménoptères sociaux (abeilles, bourdons, fourmis, guêpes, termites, etc.)] (Individu mâle ou femelle) dont les organes génitaux sont atrophiés. Synon. stérile, ouvrière, soldat, mulet (vx).Fourmi neutre. Il m'a paru en voir de très-petits [chapelets] dans les abeilles neutres, ce qui confirmeroit l'idée que ce sont des femelles non développées (Cuvier, Anat. comp., t.5, 1805, p.198): 13. Les insectes forment des sociétés de neutres. Ces individus neutres, artificiellement châtrés par un régime alimentaire insuffisant, sont entièrement dominés par les soins que réclament les oeufs, les larves et les nymphes.
J.-R. Bloch, Dest. du S., 1931, p.279. 4. CHIM. [En parlant d'une substance ou d'un milieu] Qui n'est ni acide ni basique. Anton. acide, alcalin, basique.Corps, combinaison, sel, sulfate neutre. Retirer directement de l'acide tartrique en les plongeant [les raisins] dans de l'eau bouillante. (...) isoler le ferment et le corps neutre qui fermente (Cl. Bernard, Notes, 1860, p.158).Le tartrate neutre d'ammoniaque s'obtient en saturant une dissolution d'acide tartrique par de l'ammoniaque (H. Fontaine, Électrolyse, 1885, p.61).V. alcalin ex. 1 et glycérine ex. de Verne. ♦ Phosphate de calcium neutre. Synon. phosphate tricalcique* (Lebeau, Courtois, Pharm. chim., t.1, 1929, p.226). ♦ Corps gras neutres, graisses neutres. Synon. corps gras*, glycéride.V. graisse ex. 2 et gras I A 1 a ex. de Verne. ♦ Rouge* neutre. 5. GÉOL. Roche neutre. Roche endogène, intermédiaire entre les acides et les basiques, qui a un pH de 7. Roches neutres (...) teneur en acide silicique (...) comprise entre 50 et 65 p.100 (Lapparent, Abr. géol., 1895, p.98). 6. PHYS. Qui ne présente aucun phénomène électrique ou magnétique; en partic., qui n'est chargé ni positivement ni négativement, qui est à un potentiel zéro. Corps, fil, conducteur neutre; corpuscules neutres. Parfois, pour éviter toute corrosion [dans les fours], on utilise des matériaux neutres, tels que des briques ou des revêtements de graphite (Guillet, Métall. gén., 1923, p.263).La charge électrique du proton est égale et de signe opposé à celle de l'électron, et l'ensemble de l'atome est neutre, car le nombre de protons est le même que celui des électrons périphériques (Goldschmidt, Avent. atom., 1962, p.15). 7. ASTRON. Point, ligne neutre. ,,Point ou ligne où deux forces d'attraction se font équilibre et s'annulent`` (Sc. 1962). − P. métaph. Manège, chevaux de bois, boîte à musique, et moi, au milieu de tout ça, parti lentement en dérive vers le point neutre et arrivé au centre, immobile enfin. Veine. Il me semble que je sonde le mystère du zéro, que je repars tout fringant et sans risques dans l'infinitude, la séquelle et la parturition éternelles des zéros qui cerclent le monde (Abellio, Pacifiques, 1946, p.308). REM. Neutralteinte, adj.,hapax, peint., aquarelle. D'une nuance violacée. Un certain bleu neutralteinte, bleu violacé (Goncourt, Journal, 1884, p.362). Prononc. et Orth.: [nø:tʀ
̭]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1370-72 «qui n'est ni bon ni mauvais» (N. Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p.499); 1611 corps neutre «qui n'est ni malade, ni sain» (Cotgr.); 2. a) fin xives. «qui ne prend pas parti dans une guerre» (Jean Froissart, Chroniques, II, 96, éd. G. Raynaud, t.9, p.147); 1626 «indifférent, au-dessus de tout» (Mersenne, Correspondance, I, 370 d'apr. FEW t.7, p.106b); d'où 1652 lieu neutre «dans lequel on convient d'établir la neutralité» (La Rochefoucauld, Mémoires, éd. J. Gourdault, II, 405); 1793 vaisseau neutre (Staël, Lettres div., p.392); 1823 subst. masc. (Las Cases, loc. cit.); 1835 pavillon neutre (Ac.); id. subst. masc. «état neutre» (ibid.); b) 1550 «impartial» (F. Bonivard, Chroniques de Genève, 1, 19 d'apr. FEW t.7, p.107a); 1626 «qui ne prend pas parti dans un différend» (A. Hardy, Le Ravissement de Proserpine par Pluton, ibid.); 1897 enseignement neutre (Barrès, Cahiers, t.1, p.173); 1920 l'école laïque et neutre (Id., ibid., t.12, p.326); 3. 1380 «asexué» (Jean Lefevre, trad. La Vieille, 106 ds T.-L.); 1754 en parlant d'insectes (Ch. Bonnet, Contempl. nat., XI, 27 ds Littré); 1766 bot. «qui ne contient ni étamine ni pistil» (F. Rozier et A. L. Claret de La Tourette, Démonstrations élémentaires de botanique d'apr. FEW t.7, p.107b); 4. xives. gramm. subst. «genre neutre» (Traités élémentaires de grammaire, Bibl. Mazarine, 578, 41 vods Thurot, p.169: hoc est le neutre); 1420 adj. neutre genre (Droit language, éd. E. Stengel ds Z. fr. Spr. Lit., I, 27); 5. 1743 chim. «formé par la combinaison d'un acide et d'une base dont certaines propriétés s'annulent réciproquement» (Mémoires de l'Académie royale de chirurgie, I, 89 d'apr. FEW t.7, p.107a); 6. fig. 1853 «fade» (Du Camp, loc. cit.). Empr. au lat. neuter «ni l'un ni l'autre», d'où sens gramm., et «ni bon, ni mauvais». Fréq. abs. littér.: 611. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 523, b) 635; xxes.: a) 600, b) 1450. Bbg. Dub. Pol. 1962, p.352. _ Maulnier (Th.). Le Sens des mots. Paris, 1976, pp.161-162. |