| NATURISME, subst. masc. A. − ETHNOL. RELIG. Doctrine selon laquelle l'adoration des forces de la nature est à l'origine des religions; culte de la nature. Après une sévère réfutation de l'animisme et du naturisme, il [Durkheim] expose une théorie entièrement sociologique de la religion. Le totémisme est assimilé au fait religieux élémentaire, dont l'origine strictement collective ne laisse prise à aucune interprétation psychologique (Hist. sc.,1957, p.1502). B. − 1. PHILOS. Système philosophique fondé sur le concept de nature. L'athéisme, le naturisme de ce Spinoza [Sénancour] moins géométrique que l'autre, et poétiquement rêveur (Sainte-Beuve,Portr. contemp.,t.1, 1832, p.159). − Synon. de philosophie* de la nature.Enfin, nous voyons aujourd'hui quelques physiologistes distingués, sectateurs du naturisme allemand, rapporter aussi la vie à l'attraction universelle, à laquelle déjà l'action chimique a été souvent rattachée (Comte,Cours de philosophie positive,28eleçon, 1839-42ds A. Comte, textes choisis, Paris, Bordas, 1968, p.50). 2. a) Philosophie, système se réclamant d'une nature antérieure à la société. Avec Quesnay apparaît la physiocratie, plus précise que le naturisme de Rousseau, plus générale que les doctrines démographiques courantes: l'accroissement de la population est souhaitable, mais n'est qu'un résultat (Hist. sc.,1957, p.1610). b) Style de vie se réclamant de la nature (vie en plein air, libération sexuelle, nudisme). Critiquant le soi-disant naturisme que certains de ses partisans professaient en matière de morale sexuelle, Lénine disait à Clara Zetkine... (Maritain,Human. intégr.,1936, p.74).La nostalgie de l'innocence n'est pas simple. Elle exprime aussi un violent dégoût des culpabilités moroses et une soif dévorante d'absolu. Le processus d'aliénation y transparaît toutefois. Il est bien plus grossier dans l'effort des hygiénistes, comme de tant de naturismes prétentieux et de paganismes de pacotille pour substituer aux valeurs morales une ascétique de la santé et de l'«épanouissement» (Mounier,Traité caract.,1946, p.709). C. − HIST. DE LA MÉD. ,,Système (...) des médecins qui prennent la nature pour guide, dans l'observation et le traitement des maladies`` (Encyclop. méthod. Méd. t.10 1821). La science antique considérait l'organisme vivant comme un tout doué d'une force individuelle et propre. Pour Hippocrate cette force était la nature, aussi a-t-on donné à sa médecine le nom de naturisme (Cl. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p.272). D. − HIST. DES IDÉES ESTHÉT. Fidélité rigoureuse dans la reproduction de la réalité. Synon. réalisme, naturalisme, vérisme.Le naturisme chez les Japonais! Jamais chez nous aucun artiste de valeur n'a tenté de représenter la branlade d'une femme par une main d'homme avec le dessin exact de sa décharge (Goncourt,Journal,1888, p.780).Les robustes paysages et les nus de Planson, l'Orient grave et sourd de Caillard, tout le naturisme de ce tempérament réfléchi et profond (Cassou,Arts plast. contemp.,1960, p.644). − En partic. [Désigne une école littéraire et artistique] Le Naturisme composé de MM. de Bouhélier, Paul Fort, André Gide, Maurice Leblond et Fernand Vandérem (Renard,Journal,1897, p.382). Prononc.: [natyʀism̭]. Étymol. et Hist. 1. 1778 «doctrine philosophique d'après laquelle on considère la nature comme auteur d'elle-même» (A. Planchon, Le Naturisme); 2. 1821 «système de ceux qui attribuent tout à la nature médicatrice» (Encyclop. Méthod. Méd.); 3. 1896 «doctrine littéraire et artistique» (M. Le Blond, Essai sur le naturisme); 4. 1930, oct. «système d'hygiène recommandant de vivre aussi près que possible de la nature» (Ciné-Magazine, 52c ds Quem. DDL t.18). Dér. de nature*; suff. -isme*. Fréq. abs. littér.: 11. |