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NATURALISER, verbe trans.
I.
A. − Faire naturaliser qqn.Faire obtenir à quelqu'un la nationalité d'un pays. [Rothschild] fit naturaliser son fils Alphonse (1827-1905), qui entra au Conseil de régence de la Banque de France (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1968, p.73).
− Se faire naturaliser.Un an après son arrivée dans le pays, le sergent Manuel se fit naturaliser, prit du service dans l'armée argentine (Verne, Enf. cap. Grant, t.1, 1868, p.198).Et les Prussiens n'existent plus! On les excuse et on les admire. Les «gens raisonnables» veulent se faire naturaliser allemands! (Flaub., Corresp., 1871, p.249).
B. −
1. Introduire des espèces animales ou végétales dans un milieu nouveau. Synon. acclimater.En naturalisant sur notre sol, des insectes, des oiseaux et des plantes étrangères, ils [les Jésuites] ont ajouté des richesses à nos manufactures, des délicatesses à nos tables, et des ombrages à nos bois (Chateaubr., Génie, t.2, 1803, p.411).J'avais naturalisé au milieu de nous le sucre, l'indigo, j'aurais naturalisé le coton, et bien d'autres choses encore (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.493).
− Qqc. se naturalise.S'acclimater durablement. Laissez les bulbes en place après floraison, ils se ressèment parfois et se naturalisent presque toujours (Rustica, 30 sept.-6 oct. 1981, no614, p.23).
2. Au fig. Si vous tentez de la naturaliser [la constitution anglaise] parmi vous, il n'est pas douteux que vous n'en obteniez facilement les défauts (Sieyès, Tiers état, 1789, p.63):
. Modestie à part, son succès fut le plus franc qui eut lieu sur ce théâtre, où elle naturalisa (...) une danse que l'autorité entoure de quelques persécutions. Reybaud, J. Paturot, 1842, p.197.
♦ [En parlant d'un mot étranger] Si l'on veut absolument faire quelques emprunts à la langue anglaise, si riche des larcins qu'elle a faits à la nôtre, on peut essayer d'y naturaliser les mots confortable, inoffensif, insignifiant, et quelques autres qui n'ont point d'équivalent en français (Jouy, Hermite, t.1, 1811, p.154).
− Qqn, qqc. se naturalise.S'établir durablement. Synon. s'implanter.Ce n'était pas au milieu des convulsions de la liberté expirante, que la science sociale aurait pu se naturaliser et se perfectionner (Condorcet, Esq. tabl. hist., 1794, p.79).Ce fut alors que Napoléon se naturalisa vraiment au service des montagnards (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p.480).
3. Se naturaliser avec(vx). Se familiariser avec. Ne prétends donc pas à la puissance avant de t'être naturalisé avec au moins une vertu (Saint-Martin, Homme désir, 1790, p.336).
II. − Traiter les dépouilles d'animaux ou les végétaux de manière à leur conserver leur apparence naturelle. Synon. empailler (pour les animaux).Tous ces beaux arbres (...) paraissent morts depuis longtemps, et conservés, naturalisés, par un procédé chimique (Larbaud, Barnabooth, 1913, p.178).
Prononc. et Orth.: [natyʀalize]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1471 «rendre par un acte légal citoyen d'une nation» (Ordonnances des rois de France, XVII, 447 ds Bartzsch, p.140); 2. 1553 p.ext. en parlant d'un mot (Muret, Amours de Ronsard, p.205 ds Hug.: Manes se nomment en latin les ames sorties des cors. Il faut naturaliser et faire françois ce mot là); 3. 1599 «acclimater» (Olivier de Serres, La Coeillette de la soye, Ep. ds Gdf. Compl.); 4. av. 1704 se naturaliser avec qqc. «se familiariser avec» (Bourdaloue, Pensées, t.III, p.79 ds Littré); 5. 1872 «préparer les dépouilles des animaux pour leur rendre leur aspect naturel» (Littré Add.). Dér. sav. du lat. naturalis (v. naturel); suff. -iser*. Fréq. abs. littér.: 60. Bbg. Gohin 1903, p.345, 366. _Quem. DDL t.17.