| NARRATION, subst. fém. A. − Relation détaillée, écrite ou orale (d'un fait, d'un événement). Synon. compte rendu, exposé (vieilli), récit.Narration claire, précise; narration d'une aventure, d'une entrevue; le fil d'une narration; interrompre sa narration. Au fait! au fait! s'écria M. Pirard, presque hors de lui. Sans être le moins du monde intimidé, Julien reprit sa narration (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p.183).Des faits divers horrifiants, dont la narration et les instantanés remplissaient plusieurs colonnes (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p.703): . ... nous avons laissé, sans l'interrompre, le père Jacques nous raconter grossièrement ce qu'il sait du crime de la chambre jaune. Nous avons reproduit les termes mêmes dont il s'est servi; nous avons fait seulement grâce au lecteur des lamentations continuelles dont il émaillait sa narration.
G. Leroux, Myst. ch. jaune, 1907, p.6. B. − En partic. 1. a) Récit développé dans une oeuvre littéraire; exposé détaillé de la suite de faits et d'actions constituant l'intrigue (d'une oeuvre littéraire). Art de la narration. La narration de la Bible est rapide, sans digression, sans discours (Chateaubr., Génie, t. 1, 1803, p.550).J'ai à faire une narration; or le récit est une chose qui m'est très fastidieuse. Il faut que je mette mon héroïne dans un bal (Flaub., Corresp., 1852, p.405).Il faut dissocier et écarter les éléments qui sont aussi ceux de la prose: narration, drame, didactisme, éloquence, images, raisonnement, etc. (Bremon, Poés. pure, 1926, p.62). − LING. Infinitif* de narration. Présent* de narration. b) RHÉT. ,,Partie du discours où l'orateur raconte, expose, développe le fait`` (Ac. 1935). Cicéron, Démosthène excellent dans la narration (Ac.). 2. Narration (française). Exercice scolaire qui consiste à développer par écrit un sujet donné; récit rédigé dans le cadre de cet exercice. Synon. composition* française, rédaction.On a donné, au collège où est son fils Léon, une narration française dont le sujet est la mort d'un personnage dont je ne sais pas le nom (Goncourt, Journal, 1882, p.145).Tout petit, au collège, dans tes narrations, tu faisais déjà des phrases (Renard, Journal, 1901, p.685).J'ai été un cancre: sauf en narration française et en histoire (Martin du G., Souv. autobiogr., 1955, p.xliii).V. cambuse ex. 2. REM. Narratologie, subst. fém.Discipline sémiotique ayant pour objet l'étude scientifique des structures du récit. Partie de l'exploitation un peu hâtive de la «morphologie» de Propp, la réflexion sur la narrativité a donné lieu tantôt à des projets de discipline autonome, la «narratologie» par exemple, tantôt à des constructions rapides de «grammaires» ou de «logiques» narratives (A.-J. Greimas, Les Acquis et les projetsds J. Courtés, Introd. à la sémiotique narrative et discursive, Paris, Hachette, 1976, p.5). Prononc. et Orth.: [naʀasjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 «récit» (Dialogue Grégoire, éd. W. Foerster, p.168); 2. 1680 «partie d'un plaidoyer où l'on raconte les faits de la cause» (Rich.); 3. av. 1867 «exercice scolaire, consistant à développer un sujet donné» (Baudelaire, Art romant., section XII, éd. H. Lemaître, p.867). Empr. au lat. narratio «action de raconter, récit». Fréq. abs. littér.: 274. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 697, b) 420; xxes.: a) 325, b) 148. |