| NARINE, subst. fém. A. − [Chez l'homme et certains animaux] Chacun des deux orifices externes du nez. Elle avait un air toujours vaguement offensé, des narines courtes et veloutées qui faisaient penser à une biche (Colette, Mais. Cl., 1922, p.142): 1. On commença par amener un pauvre ours aux trois quarts paralytique et qui semblait considérablement ennuyé. Muselé, il avait de plus autour du cou un collier d'où pendait une chaîne de fer, un cordon passé dans les narines pour le faire docilement manoeuvrer...
Flaub., Champs et grèves, 1848, p.346. SYNT. Narine droite, gauche; les deux narines; aile des narines; narines grandes, larges, ouvertes, petites, roses; souffler des narines, dans les narines; se boucher, se curer, se fouiller les narines; sifflement des narines. − P. métaph. Le ferry-boat arrivait à quai. Les deux ancres tombèrent de ses narines (Morand, Ouv. la nuit, 1922, p.247). B. − P. méton. Aile du nez; gén. au plur., nez. − [Les narines sont considérées comme partie des organes de l'odorat] Un de ces brouillards qui piquent les narines (Pourrat, Gaspard, 1925, p.70).Une grande nappe salée happe les narines, poivrée de poussière de charbon (Gracq, Beau tén., 1945, p.105): 2. Nature, berce-le chaudement: il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Rimbaud, Poés., 1871, p.76. SYNT. Agacer, chatouiller, emplir, ouvrir, pincer les narines; flairer des narines; humer avec les narines; monter aux narines; humer, respirer à pleines narines. − [Les narines sont considérées comme manifestant une émotion] Ses narines se dilataient, elle flairait la brouille, elle devait la sentir depuis longtemps (Proust, Fugit., 1922, p.442).L'orgueil, un vague effroi, me pinçaient les narines (Guéhenno, Journal homme 40 ans, 1934, p.152): 3. Selon Lavater, le secret de chaque homme est dans la bouche, indomptable à la volonté, qui fait des yeux des comédiens plus ou moins habiles; − mais il y a un retroussement dans la narine droite qui dit l'ennui dédaigneux de cette tête chenue pour toutes choses...
Barb. d'Aurev., Memor. 3, 1856, p.41. SYNT. Battre, frémir, palpiter des narines; dilater, gonfler les narines; narines palpitantes, pincées. − Arg. et pop. ♦ S'en jeter un (coup) dans les narines. Boire. En jeter un coup dans les narines. ,,Payer à boire`` (Chautard Vie étrange Arg. 1931, p.187). ♦ En prendre plein les narines. Être fortement atteint, touché. Prends ça dans les narines: ,,C'est bien fait pour toi`` (Car.Argot1977). Prononc. et Orth.: [naʀin]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Début du xiies. en parlant d'un monstre marin (Benedeit, St Brendan, éd. E.G.R. Waters, 939: Des narines li fous lur salt); fin xiies. en parlant d'une personne (Floire et Blancheflor, éd. J.-L. Leclanche, 2887). Du lat. vulg. *narina, dér. du class. naris, plus fréq. nares, narium, plur. «narines, nez». Fréq. abs. littér.: 1044. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1355, b) 1889; xxes.: a) 1427, b) 1412. |