| NAGEOIRE, subst. fém. A. − Chacun des appendices membraneux, tendus de rayons, s'insérant sur le dos, le ventre, la queue des poissons ou chacun des membres modifiés (chez les poissons ou les mammifères marins) grâce auxquels ceux-ci se meuvent dans l'eau. Nageoires paires, impaires; nageoire anale, caudale, dorsale, pectorale, ventrale. Dans la tortue de mer, ces muscles [de l'avant-bras] sont presque tous aponévrotiques, et ne produisent qu'un très-petit mouvement, le membre étant changé en nageoire comme dans les Cétacés (Cuvier, Anat. comp., t.1, 1805, p.300).Dans les ruisselets, on l'aperçoit [le goujon] qui fuit d'un coup de nageoire (Pesquidoux, Chez nous, 1923, p.233).V. épineux A 2 Cuvier, op. cit., t.2, 1805, p.272 et épinoche ex.: 1. [Le requin] se rapprocha rapidement du yacht. On voyait ses nageoires, grises à leur extrémité, noires à leur base, battre les flots avec violence, tandis que son appendice caudal le maintenait dans une ligne rigoureusement droite.
Verne, Enf. cap. Grant, t.1, 1868, p.7. B. − P. anal. 1. Populaire a) Vieilli. Favoris longs et s'écartant de la joue. Il conservait les nageoires républicaines, et portait fort longs ses cheveux bruns (Balzac, Vieille fille, 1836, p.276). b) Main. Les nageoires un peu rousses [en parlant d'un «maq»] (Chans., 1842ds Esn. 1966). c) Bras. Regarde-moi ça! si i'crosse avec ses nageoires écartées! (Bruant1901, p.73-74): 2. Un jour, précisément, que M. Peyrot des Gachons risquait un œil dans ce «Boeuf», [Le Boeuf sur le toit], ce fut pour voir Jef Kessel enfoncer d'un coup de poing, jusqu'à la pomme d'Adam, le haut de forme d'un mondain insolent. Celui-ci, soudain masqué par une cheminée de locomotive, battait des nageoires au beau milieu du dancing et se faisait guider par sa femme comme un aveugle.
Fargue, Piéton Paris, 1939, p.53. 2. Spécialement a) AÉRON. ,,Flotteur latéral en forme de profil d'aile, placé le long de la coque d'un hydravion, pour augmenter la stabilité à flot`` (Lar. encyclop.). b) TECHNOL., vieilli. [Chez les porteurs d'eau] ,,Rondelle de bois très plate, que les manoeuvres font flotter sur les seaux pleins, pour empêcher l'eau balancée par leur marche, de jaillir au dehors`` (Havard 1883). Prononc. et Orth.: [naʒwa:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1458 nagouere «piscine» (Arnoul Gréban, Passion, éd. O. Jodogne, 14094). B. 1555 «appendice membraneux grâce auquel se meuvent les poissons» (P. Belon, Nature des oyseaux, à iii, d'apr. A. Delboulle ds R. philol. fr. t.43 1931, p.196); p. anal. 1. 1765 «couvercle de bois que les porteurs d'eau mettent sur leurs seaux remplis pour éviter que l'eau ne se répande [le porteur de deux seaux ainsi coiffés semblant muni de nageoires latérales]» (Encyclop. t.11, p.5b); 2. pop. «nom donné aux favoris» (cf. Balzac, Pierrette, éd. M. Allem, p.153: Ses favoris épars et grisonnants [du colonel] s'appelaient en 1799 des nageoires) 1824 peigner ses nageoires (Journal des modes, 20 déc., p.555, d'apr. A. J. Greimas ds Fr. mod. t.17, p.297); 3. 1842 pop. «mains» (Chans. ds Esn.); 1852 «bras» (ibid.). Dér. de nager*; suff. -oir(e)*. Fréq. abs. littér.: 280. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 996, b) 317; xxes.: a) 134, b) 89. |