| NABAB, subst. masc. A. − [Dans l'Inde musulmane] 1. Gouverneur de district ou de province. Le nabab de Visapour traitait alors avec le Pescha, chef de la République maratte, de la levée de plusieurs escadrons qu'il voulait prendre à sa solde (Jouy,Hermite,t. 4, 1813, p.342). 2. Titre donné à toute personne occupant de hauts emplois dans l'administration musulmane (d'apr. Pol. 1868). B. − P. anal. 1. Vx. ,,Il se dit (...) des Anglais qui ont rempli de grands emplois ou fait le commerce dans l'Inde, et qui en sont revenus avec des richesses considérables`` (Ac. 1835, 1878). Le riche nabab qui venait de faire fortune aux Indes luttait à coups de guinées contre le grand propriétaire local (Maurois,Disraëli,1927, p.61): 1. Si tu m'avais écouté, tu aurais une Anglaise, quelque fille de Nabab qui te laisserait l'indépendance du garçon et la liberté nécessaire pour jouer le whist de l'ambition.
Balzac,Contrat mar.,1835, p.353. 2. Homme très riche et fastueux. Une fortune de nabab; faire le nabab; vivre en nabab. Le parfumeur François Coty, dont la carrière politique et mondaine rappelle singulièrement celle du nabab [François Bravet], qu'a contée mon père dans le roman ainsi intitulé (L. Daudet,Brév. journ.,1936, p.34): 2. La jeune personne aura au moins vingt mille francs de rente: c'est un joli parti, mais ce n'est pas assez pour vous, Delaberge, qui êtes un nabab!... un Crésus!...
Kock,Zizine,1836, p.143. − En appos. avec valeur d'adj. Le touriste riche possède ordinairement de 200 à 250.000 livres de rente. Il fait partie de la classe des touristes nababs qui parcourent l'Orient (R. de Beauvoir,Français peints par eux-mêmes,t. 3, Le Touriste, 1841, p.212). Prononc. et Orth.: [nabab]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. 1614 nauabo titre donné dans l'Inde musulmane aux grands officiers des sultans et aux gouverneurs de provinces (P. du Jarric, Histoire, t. III, p.56 ds Arv., p.354); 1653 nabab (F. de La Boullaye Le Gouz, Voyages et observations, p.533); 2. 1777 nabob «Européen ayant fait fortune aux Indes» (Courier de l'Europe, 31 janv., I, p.218, Chambre des Communes ds Proschwitz Beaumarchais, p.273); 1789 nabab (J.-P. Brissot de Warville, Testament pol. de l'Angleterre, p.66, ibid.); 3. 1836 «personnage riche» (Kock, loc. cit.). Empr. (par l'intermédiaire du port.nababo [1600 ds Dalg.] pour l'attest. de 1614) à l'hindoustaninawwāb, nabāb «vice-roi, gouverneur», lui-même empr. à l'ar. nuwwāb, plur. de nā'ib «lieutenant, représentant, remplaçant», part. actif de nāba «prendre la place de (quelqu'un), représenter, remplacer». L'hindoustani a souvent employé des plur. ar. comme des sing. Aux sens 2 et 3, empr. à l'angl. nabob (1764 ds NED; att. dès 1612 sous la forme nawbob au sens 1). Voir Lammens, p.177; Devic; Lok. no1542; FEW t. 20, p.105; Dalg., s.v. nababo; Klein Etymol., s.v. nabob; Rey-Gagnon Anglic. Fréq. abs. littér.: 97. DÉR. Nababie, subst. fém.a) Dignité de nabab. (Dict. xixeet xxes.). b) Territoire soumis à la juridiction d'un nabab. La nababie d'Arcate (Ac.1798-1878).− [nababi]. Att. ds Ac. 1798-1878. − 1resattest. 1765 «territoire gouverné par un nabab» (J. B. Targe, trad. de l'angl. de R. Orme, Hist. des guerres de l'Inde..., t. 2, p. 99 ds Fonds Barbier: Canoul, capitale de la nababie des Patanes), b) 1778 «dignité de nabab» (A. H. Anquetil-Duperron, Législation orientale..., p. 150 ds Dalg. t. 2 1921, p. 86b, s.v. nababo); de nabab, suff. -ie*. BBG.−Boulan 1934, p. 206, _ Weil (A.). En marge d'un nouv. dict. R. Philol. fr. 1932, t. 45, p. 29. |