| MÉRIDIONAL, -ALE, -AUX, adj. et subst. A. − 1. a) Qui est situé au midi. Anton. septentrional.Hémisphère, pays méridional; contrée, côte, frontière, latitude, mer, province, région méridionale; l'Italie, la France, la Russie méridionale. Lyon et Bordeaux se trouvent dans la partie méridionale du royaume de France; Marseille et Toulouse dans la partie du midi (Besch.1845-46).Les peuples du midi, du nord, etc. sont réellement au midi, au nord, etc., du globe; et les peuples méridionaux, septentrionaux, sont plutôt au midi, au septentrion, relativement à celui qui parle et au pays dont il parle. L'Allemagne n'est pas au midi, ce n'est pas un pays du midi; mais elle est méridionale à l'égard des pays plus septentrionaux, elle est à leur midi. Les provinces méridionales de la France sont à son midi et non au midi absolu. Les pays du midi appartiennent au midi; les pays méridionaux regardent le midi (Sardou1877). ♦ (Pôle) méridional. Synon. antarctique; anton. arctique, septentrional. (Dict. xixeet xxes.). b) Qui est tourné du côté du midi. Flanc, rivage, versant méridional; exposition, façade, rive méridionale. La gorge d'Imenstrom s'abaisse et s'ouvre vers le couchant d'hiver: la pente méridionale sera dans l'ombre (Senancour,Obermann, t. 2, 1840, p. 116). 2. Qui est du Midi; particulier, propre aux régions et aux gens du Midi (en partic. du Midi de la France). La musique méridionale, éclatante comme la nature et le soleil qui la produit, va rechercher dans le fond de moi-même tout ce qu'il y a de passionné (Delécluze,Journal,1827, p. 432).Cinq ou six garçons de magasin remuaient des ballots en s'excitant avec cette profusion de cris qui est la moitié de l'activité méridionale (Soulié,Mém. diable, t. 1, 1837, p. 44): . On fêtait les insurgés comme on fête des libérateurs. Les hommes les embrassaient, les femmes leur apportaient des vivres. Et il y avait, sur les portes, des vieillards qui pleuraient. Allégresse toute méridionale qui s'épanchait d'une façon bruyante, chantant, dansant, gesticulant.
Zola,Fortune Rougon,1871, p. 210. SYNT. Accent, tempérament méridional; dialectes, patois, plats méridionaux; exagération, exubérance, faconde, verve méridionale. − [P. méton. du déterminé] Je peignais surtout des paysages de Saintonge, avec toujours une exagération de bleu méridional dans les ciels (Loti,Prime jeun.,1919, p. 189). − Emploi subst. (gén. avec majuscule). Personne du midi de la France. C'est un Méridional, une Méridionale; la vivacité des Méridionaux; le teint des Méridionales. Le méridional passe pour être expansif et loquace (Ac.1935).Ces Méridionaux sont d'étranges gens: tantôt je leur trouve de l'esprit, tantôt il me semble qu'ils n'ont que de la vivacité (Mérimée,Lettres à une inconnue,1845, p. 254).Nul plus que moi ne rend justice à l'extrême intelligence, à la vive perception, à l'éloquence naturelle de nos méridionaux (Verlaine,
Œuvres posth., t. 2, Voy. Fr., 1896, p. 120).Elle [la Roussalica] (...) n'attend pas de reprendre son souffle, dans la coulisse, pour parler, parler, parler, mentir, avec une abondance de méridionale née en Russie (Colette,Music-hall,1913, p. 197). B. − Qui a rapport au méridien d'un lieu. − MAR. Distance méridionale. Différence de longitude entre le méridien sous lequel un vaisseau se trouve et celui d'où il est parti. (Ds Ac. 1835, 1878, Lar. 19e, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill.). REM. Méridionalement, adv.D'une manière qui rappelle les personnes du midi de la France ou certaines de leurs caractéristiques. (Dict. xixes., Nouv. Lar. ill.). Madame retrouve sa voix normale, chaude, amicale, méridionalement timbrée (Arnoux,Solde,1958, p. 15). Prononc. et Orth.: [meʀidjɔnal], masc. plur. [-o]. Ac. 1694 et 1718: me-; dep. 1740: mé-. Étymol. et Hist. 1314 meridionel adj. (Chirurgie Henri de Mondeville, éd. A. Bos, 1879). Empr. au b. lat. meridionalis de même sens, dér. de meridies, v. méridien. Fréq. abs. littér.: 774. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1589, b) 1246; xxes.: a) 918, b) 714. DÉR. 1. Méridionaliser, verbe trans.Donner un caractère, une tonalité méridionale à quelque chose. Elle [la France française] a méridionalisé le nord, septentrionalisé le midi; a porté au second le génie chevaleresque de la Normandie, de la Lorraine; au premier la forme romaine de la municipalité toulousaine et l'industrialisme grec de Marseille (Michelet,Introd. Hist. univ.,1831, p. 447).Si l'auteur ultraloufoque du Cas Wagner (...) avait pu entendre le Patron [Colonne] mener allègrement l'allègre Ouverture du Carnaval romain, comme il eût été content, lui qui voulait «méridionaliser la musique (Willy,Entre deux airs,1895, p. 92).Emploi pronom. Prendre un aspect, un caractère méridional. Ainsi l'Italie, d'aspect nordique à l'origine, se méridionalise, se méditerranéise (Arnoux,Calendrier Fl.,1946, p. 149).− [meʀidjɔnalize]. − 1reattest. 1831 (Michelet, loc. cit.); de méridional, suff. -iser*. 2. Méridionalisme, subst. masc.a) Caractère spécifiquement méridional de quelque chose, de quelqu'un. Et rien ne nous interdirait formellement de réunir sous le nom de méridionalisme la poésie sonore, proclamatoire et oratoire (...) de Léo Larguier, Joachim Gasquet, de nombreux Aixois ou Toulousains (Thibaudet,Hist. litt. fr.,1936, p. 548).b) Ensemble de traits qui rappellent les Méridionaux, qui en évoquent l'image-type. L'abbé garda son sourire oblique et pénétrant, Augustin s'était imaginé un méridionalisme naïf, une fleur noire de séminaire départemental, un coeur frais et fanatique. L'homme était tout autre (Malègue,Augustin, t. 1, 1933, p. 260).− [meʀidjɔnalism̭] − 1reattest. 1890 [Le Journ. amusant, 31 mai, 2a ds Quem. DDL t. 17); de méridional, suff. -isme*. 3. Méridionalité, subst. fém.,rare. Caractère de ce qui est méridional; ensemble de traits physiques d'une personne. Paysans sérieux, à cheveux noirs, figures sèches. Femmes frappées de méridionalité, quelquefois jolies, mais visages ronds, non pas longs, comme les normandes (Michelet,Journal,1848, p.87).− [meʀidjɔnalite]. − 1reattest. 1848 id.; de méridional, suff. -(i)té*. L'angl. meridionality «état de ce qui est au sud» est att. dès 1664 ds NED. |