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MÉLODRAME, subst. masc.
A. − HIST. DU THÉÂTRE
1. Œuvre dramatique où le texte est accompagné de musique instrumentale. J'ai donc écrit Amphion, et j'ai appelé ceci: Mélodrame. Je n'ai pas trouvé d'autre terme pour qualifier cet ouvrage, qui n'est certainement ni un opéra, ni un ballet, ni un oratorio (Valéry,Variété III,1936, p.88):
1. Ses conversations (...) le ramenaient aux projets (...) d'une forme de drame musical tenant le milieu entre l'opéra récitatif et le drame parlé (...). Œuvre neuve: car il ne s'agit pas de marcher dans les traces de Beethoven, de Weber, de Schumann, de Bizet, quoiqu'ils aient pratiqué le mélodrame avec génie... Rolland,J.-Chr.,Amies, 1910, p.1177.
2. Drame populaire, parfois accompagné de musique, caractérisé par une intrigue compliquée et par l'accumulation de situations violentes et pathétiques. Le besoin des émotions vives est la source des plus grands plaisirs causés par les Beaux-Arts, il ne faut pas en conclure qu'on doive changer les tragédies en mélodrames, ni les comédies en farces des boulevards (Staël,Allemagne,t.3, 1810, p.193).Le mélodrame, ce fils bourgeois du drame romantique, est encore plus mort que lui dans les tendresses du peuple (Zola,Th. Raquin,1867, p.ii).
Péj. De mélodrame, loc. adj. Comme on en voit dans les mélodrames. Synon. grandiloquent, outré.Héros de mélodrame. Ces Terroristes de mélodrame (...) seroient incapables de maintenir trois jours en permanence l'instrument de mort qui retomberoit sur eux (Chateaubr.,Ét. ou Disc. hist.,t.1, 1831, p.cx).Mécontent de ne pas trouver en lui-même un caractère parfaitement droit, il se précipitait dans l'excès opposé, et se voyait sans déplaisir sous l'aspect d'un traître de mélodrame (Larbaud,F. Marquez,1911, p.86).
B. − P. anal., péj.
1. Œuvre, situation romanesque ou dramatique, grotesque par ses exagérations, notamment dans l'expression des sentiments. Tourner au mélodrame. Marguerite n'est pas une héroïne de mélodrame; ce n'est vraiment qu'une femme, une femme comme il en existe beaucoup, et elle n'en touche que davantage (Nerval,Faust,1840, p.6).Continué ma pièce avec des difficultés grandissantes. Il faut l'arracher au mélodrame (Green,Journal,1955, p.67):
2. Je passe alternativement de l'emphase la plus extravagante à la platitude la plus académique (...). Parole d'honneur! J'ai peur que ce ne soit poncif et rococo en diable. D'un autre côté, comme il faut faire violent, je tombe dans le mélodrame. Flaub.,Corresp.,1857, p.239.
2. Situation grotesque par ses outrances, notamment dans l'expression exagérée des sentiments. Qui est malade? Vous ou moi? Je ne veux ni mélodrame ni attendrissement (Vialar,Brisées hautes,1952, p.109).
REM. 1.
Mélo, subst. masc.[Par apocope de mélodrame] a) [Correspond à supra A2] Elle fut saisie (...) de l'air de reine de l'actrice, − qui jouait en effet une reine dans un mélo romantique (Rolland,J.-Chr.,Amies, 1910, p.1167).b) [Correspond à supra B] Il fixe ses interlocuteurs droit dans les yeux avec son regard bleu dur et parle à toute vitesse (...). Pas de détours, pas de mélo (Le Monde,12 oct. 1980, p.8, col.5).
2.
Mélodramaturge, subst. masc.Auteur de mélodrame. Dussé-je me mettre à dos tous les beaux esprits du boulevard, je suis forcé de convenir qu'il y a entre l'auteur anglais [Shakespeare] et nos mélodramaturges tout l'espace qui sépare le génie de la nullité (Jouy,Hermite,t.5, 1814, p.275).
Prononc. et Orth.: [melodʀam]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1768 [éd.] «sorte de drame parlé dont certaines scènes comportent un accompagnement musical» (Arnaud, Essai sur le Mélodrame ou Drame lyrique ds Variétés littér., t.3, p.256); 2.1788 «drame de ton populaire où sont accumulées les péripéties imprévues» (E. Van Bellen, Les Origines du mélodrame, p.3, note d'apr. FEW t.6, 1, p.687a). Comp. de l'élém. form. mélo-* et de drame*. Fréq. abs. littér.: 246. Fréq. rel. littér.: xixes.: a)508, b)333; xxes.: a) 282, b) 263.
DÉR.
Mélodramatiser, verbe trans.,rare. Rendre mélodramatique. MlleSarah Bernhardt use son charme et sa puissance poétique sur le personnage de Mrs Clarkson (...) qu'elle fatalise et «mélodramatise» encore (A. Daudet,Crit. dram.,1897, p.61). [melɔdʀamatize], (il) mélodramatise [melɔdʀamati:z]. 1reattest. 1876 (Id. in Journal officiel, 21 févr., p.1330, 1recol. ds Littré Suppl. 1877); de mélodrame, suff. -iser*, d'apr. dramatiser*.
BBG.Esnault (G.). Qq. dates. Fr. mod. 1952, t.20, p.140 (s.v. mélo). _ Quem. DDL t.4 (s.v. mélodramaturge), 23 (s.v. mélo). _ Mack. t.2 1939, p.236.