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MÉDUSER verbe trans.
A. − [En parlant d'un effet physiol. comparable à celui produit par la vue de Méduse] Frapper de saisissement, de paralysie. Synon. pétrifier, stupéfier.La sérieuse MmeBayard, dont le regard médusait les garçons droguistes, chanta l'air connu «Vers les rives de France» (Coppée, Vingt contes nouv., 1883, p.105).Mais une espèce de sifflement dans les joncs, droit devant elle, la médusa subitement (Pergaud, De Goupil, 1910, p.159):
1. ... toutes deux s'arrêtent figées au milieu de leur joie − car la terrible paire d'yeux brasillants de MlleSergent les méduse du fond de la salle. Et la séance s'achève au milieu d'un silence irréprochable. Colette, Cl. école, 1900, p.212.
B. − Au fig. [En parlant d'un effet intellectuel ou moral; souvent au passif] Frapper de stupeur. Synon. interloquer (fam.), sidérer.Toby-chien n'a rien dit, médusé d'admiration et d'étonnement (Colette, Dial. bêtes, 1905, p.141).Je lâche un «merci, mon brave!» tellement juste de ton que l'employé du métropolitain en reste médusé (H. Bazin, Vipère, 1948, p.206):
2. Fils de paysan, doué d'une intelligence volcanique, il [le capitaine Castéran] avait accompli toutes ses humanités en quatre ans, médusé à Polytechnique ses examinateurs qui s'avouèrent des ânes devant lui... Jammes, Mém., 1921, p.18.
REM. 1.
Médusant, -ante, part. prés. et adj.,littér. Qui frappe de stupeur, qui méduse (supra A). Au centre de la trombe (...) une immobilité médusante naît de l'excès même de la vitesse (Gracq, Beau tén., 1945, p.113).Sous ces yeux médusants, il sent ses humeurs se solidifier (Sartre, Sit. I, 1947, p.287).Il regarda ses camarades, son regard périssable rencontra sur eux le regard éternel et médusant de l'histoire (...), ils étaient les soldats fabuleux d'une guerre perdue. Statufiés! (Sartre, Mort ds âme, 1949, p.69).
2.
Médusé, -ée, part. passé et adj.Synon. ébahi, sidéré, stupéfié.Je me sentis médusé, rivé au fauteuil, incapable d'un mouvement (Verlaine, Œuvres posth., t.1, Hist. comme ça, 1896, p.342).Devant l'oncle Adolphe, je suis médusé et grand'mère est en extase (Gyp, Souv. pte fille, 1927, p.42).L'homme médusé, hagard, festonnant, obéit et sortit (Arnoux, Zulma, 1960, p.253).
3.
Méduseur, subst. masc.,hapax. Personne qui méduse (supra B). Elle (...) reprit: «c'est le seul méduseur que je connaisse,» dans ce mot il y avait une admiration si grande, qu'elle faisait taire un dépit d'orgueil (Péladan, Vice supr., 1884, p.166).
Prononc. et Orth.: [medyze], (il) méduse [medy:z]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1607 (J. de Montlyard, Mythol., p.773 ds Gdf. Compl.), rare jusqu'au xixesiècle. Dér. du nom propre Méduse (v. méduse); dés. -er.