| MYSTÈRE, subst. masc. I. A. − ANTIQ. RELIG., au plur. Enseignements secrets expliqués aux seuls initiés; p. ext. rites liés au culte de certaines divinités. Mystères d'Isis et d'Osiris, de Déméter, de Dionysos, de Samothrace; mystères orphiques, pythagoriciens; révéler les mystères aux initiés. Virgile (...) était initié aux mystères, dans lesquels se conservait, depuis tant de siècles, le sens du polythéisme et de l'ancienne théologie. Il s'était fait de coeur disciple de l'école de Pythagore et de Platon (P. Leroux, Humanité,1840, p.303).Julien était un fervent de Mithra, dont il célébrait les mystères dans son palais de Constantinople (Montherl.,Bestiaires,1926, p.513).Dans la multitude des Mystères qui se proposaient à la conscience religieuse des Anciens, les Mystères d'Éleusis prirent de bonne heure un rang privilégié (V. Magnien, Les Mystères d'Éleusis, Paris, Payot, 1929, p.20): 1. Dans leur aspect religieux, les schèmes archétypiques d'initiation, connus sous le nom de «mystères» depuis des temps reculés, figurent dans la trame de tous les rites religieux exigeant des cérémonies particulières au moment de la naissance, du mariage et de la mort.
C.-G. Jung, L'Homme et ses symboles, Paris, R. Laffont, 1964, p.131. ♦ Grands Mystères, petits Mystères. [Souvent avec une majuscule] Cérémonies religieuses qui initiaient les mystes et rendaient un culte à la divinité. Le 8 des calendes d'avril ou le 25 de mars (...) on (...) célébrait les grands Mysteres qui rappelaient le triomphe que le soleil, à cette époque, remportait tous les ans sur les longues nuits d'hiver (Dupuis,Orig. cultes,1796, p.334).Les Athéniens célèbrent (...) les petits Mystères lorsque le Soleil est dans le Bélier, et les grands Mystères quand il est dans les Pinces [le Cancer] (V. Magnien, Les Mystères d'Éleusis, Paris, Payot, 1929p.132). ♦ Religions à mystères. Religions d'origine grecque ou orientale qui s'enracinent, selon les historiens modernes, dans les vieux cultes de la fécondité (d'apr. Encyclop. univ., t.11, 1971, p.519). Aussi bien, la règle fondamentale des anciennes religions à mystères, qui ont fleuri dans le monde méditerranéen, était-elle le silence: les initiés l'ont bien gardé (Encyclop. univ.,t.11,1971,p.519). B. − RELIG. CHRÉT. Dogme révélé comme objet de foi, et qui ne peut être expliqué par la raison. Les mysteres de la religion chrétienne ont pour objet la lumiere, comme ceux des Perses ou de Mithra (Dupuis,Orig. cultes,1796p.410).On dégrade les mystères de la foi en en faisant un objet d'affirmation ou de négation, alors qu'ils doivent être un objet de contemplation (S. Weil, Pesanteur,1943, p.131). ♦ Mystère de l'Incarnation, de la Rédemption, de la Trinité, mystère pascal. ♦ Mystère d'iniquité. [P. réf. à la Bible, 2 Thess. 2. 7] ,,Action de Satan dans le monde, qui s'oppose au dessein de Dieu et culminera dans la manifestation de l'Antéchrist`` (Foi t.1 1968). Quel est ce mystère d'iniquité? Je veux le connaître; quelqu'un est au fond de cette tour (La Martelière,Robert,1793, v, 4, p.61). − THÉOL. CATH. ♦ Mystère de l'Eucharistie*. Mystères du rosaire*. − [Par confusion entre ministerium «office» et le sens étymol. de mystère] ♦ Les mystères sacrés. Les cérémonies du culte. Les saints, les sacrés mystères. Le sacrifice de la messe. Monseigneur Charlot y est venu lui-même célébrer les saints mystères (A. France,Anneau améth.,1899, p.47). ♦ THÉÂTRE. Au Moyen Âge, genre dramatique qui mettait en scène des sujets religieux tels que la Nativité, la Passion, la Résurrection, des scènes tirées des deux Testaments ou de la vie des Saints (v. miracle, diablerie). Composer, jouer un mystère. On avait dressé, tout le long de la rue de la Calandre, un grand échafaud où l'on représentait le mystère de la Passion (Barante,Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.323).Les Miracles et les Mystères se donnaient en plein jour dans les églises, dans les cours des palais de justice, aux carrefours des villes, dans les cimetières (Chateaubr.,Litt. angl., t.1, 1836, p.81): 2. ... il ne nous reste (...) rien de la musique des mystères, ces curieuses manifestations d'un art théâtral naïf, qui tirait ses sujets des livres saints, Bible ou Évangile, et dont les représentations avaient lieu en plein air, dans un décor naturel...
Lavignac,Mus. et musiciens,1895, p.458. II. − P. anal. A. − Ce qui ne peut être expliqué par l'esprit humain dans la nature, ou dans les destinées humaines; ce qui est inconnaissable. Ces mystères qui n'ont probablement leur explication que dans d'autres mondes et dont le pressentiment est ce qui nous émeut le plus dans la vie et dans l'art (Proust,Temps retr.,1922, p.1032).En conclusion, le progrès scientifique laisse intact le mystère de la liaison. Cela revient à dire (...) que nous ne comprenons jamais le tout de rien, puisque les liaisons sont partout (Ruyer,La Conscience et le corps, Paris, Alcan, 1937, p.35).Qu'est-ce qu'un mystère, sinon un secret qui ne peut pas être résolu? Qu'est-ce qu'un mystère, sinon le problème en tout problème? (Jankél.,Le Mal, Paris, Arthaud, 1948, p.47): 3. Le mystère s'impose comme une chose inéluctable en même temps qu'insondable et dont on comprend qu'on ne la comprend pas et pourquoi. Vous en avez un exemple perpétuellement à la portée de votre intelligence: vous-même. Vous ne pouvez nier que vous êtes, ni en douter, ni regarder en face celui qui se tient derrière votre face.
Lanza del Vasto,La Trinité spirituelle, Paris, Denoël, 1971, p.12. SYNT. Mystère de l'âme, de l'art, de l'au-delà, de la destinée, de la mort, de l'univers; mystère impénétrable, inaccessible, incompréhensible, ineffable, inexplicable; grand, profond mystère. ♦ Mystère féminin. Mystère propre à la personnalité de la femme (v. intuition* féminine). Je ne le crois pas très sensible au «mystère féminin!», pour parler comme vos romans (Arland,Ordre,1929, p.243). − Expressions ♦ C'est un mystère! Mystère! [En guise de réponse à une question] Il n'y a pas d'explication. Pourquoi était-il là? Mystère (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p.333). ♦ Le mystère des mystères. Ce qui est tout à fait incompréhensible. Toute consolation dans le malheur éloigne de l'amour et de la vérité. C'est là le mystère des mystères (S. Weil, Pesanteur,1943, p.112). ♦ Mystère et boule de gomme* (fam.). − PHILOS. [Chez G. Marcel] Mystère et problème. Je me trouve en présence d'un mystère, c'est-à-dire, d'une réalité dont les racines plongent au delà de ce qui est à proprement parler problématique (G. Marcel, Position et approches concrètes du mystère ontologique, Louvain/Paris, éd. Nauwelaerts, 1967, p.61). B. − Ce qui est difficile à comprendre, à expliquer, mais qui n'est pas absolument impénétrable. Mystère du cerveau, de la mémoire. Ce qui demeurait toujours un mystère pour lui, (...) c'était ce vol des trente mille francs et ce portefeuille retrouvé dans la poche du paletot (Ponson du Terr.,Rocambole, t.1, 1859, p.518).Paracelse (...) connaissait les mystères maintenant oubliés du sang, les effets médicaux encore inconnus de la lumière (Huysmans,Là-bas, t.2, 1891, p.230).Le mystère de l'uranium faisait d'ailleurs à cette époque des victimes inattendues. Quelques centaines de kilos d'uranium métal avaient disparu à la fin de la guerre des laboratoires allemands (Goldschmidt,Avent. atom.,1962, p.80): 4. ... rien n'était venu m'apprendre comment l'assassin avait pu sortir de la chambre jaune; et, tant que ce mystère qui me paraissait inexplicable ne me serait pas expliqué, j'estimais, moi, qu'il était du devoir de tous de ne soupçonner personne.
G. Leroux, Myst. ch. jaune,1907, p.25. SYNT. Mystère d'une affaire, d'un crime, d'une intrigue; le mystère d'une écriture hiéroglyphique, des sources du Nil; mystère archéologique, politique; dédale, tissu de mystères; horrible, prodigieux, sombre, ténébreux, troublant mystère; débrouiller, découvrir, démêler, éclaircir, pénétrer, percer, résoudre un mystère. ♦ Bureau des mystères (arg.). ,,Service des recherches dans l'intérêt des familles`` (Sandry, Carrère, Dict. arg. mod., 1953, p.172). ♦ Clef du mystère. Éclaircissement du mystère. − Le hasard nous donnera peut-être la clef de ce mystère! − Le hasard! Spilett! Je ne crois guère au hasard (Verne,Île myst.,1874, p.389). ♦ Maître, prince du mystère. Celui qui détient la solution de l'énigme, policière ou autre. Ainsi s'exprime, par la bouche de ses personnages, le maître de l'horrible, le prince du mystère (Baudel.,Paradis artif.,1860, p.373). ♦ Mystère sur mystère. Difficultés qui s'ajoutent les unes aux autres pour comprendre quelque chose. On apprit bientôt que Manon-La-Blonde était amoureuse folle d'un jeune homme qu'on ne voyait guère, car il passait pour être sourd à toutes les preuves d'amour de la blonde Manon. Mystère sur mystère (Balzac,Splend. et mis.,1847, p.559). ♦ Voilà tout le mystère. P. iron. Voilà toute l'explication et qui en fait est assez simple. Cet élancement des eaux venait des moulins qu'ils construisent sur les courants aboutissant au Gave: quand la bonde en est fermée, les eaux s'élèvent en jaillissant; voilà tout le mystère (Dusaulx,Voy. Barège, t.2, 1796, p.8). C. − Ensemble de précautions prises pour cacher quelque chose sur quoi on veut que le secret soit gardé. Cacher, deviner, pressentir, révéler un mystère; s'envelopper, s'entourer de mystère; vivre dans le mystère. Je sortirai par le jardin. Ce mystère était un piment qu'elle ajoutait à son escapade; simple raffinement de jouissance, car elle serait sortie à minuit par la grande porte, que son mari n'aurait pas seulement mis la tête à la fenêtre (Zola,Curée,1872, p.442).Tout le mystère immédiat de ses rentrées tardives, de ses cachotteries, de ses mensonges (Montherl.,Bestiaires,1926, p.502): 5. Avec cela, une force de volonté, de caractère, une puissance de mystère, à laquelle rien ne peut être comparé; un secret, tous ses secrets renforcés, cachés, sans une échappade à nos yeux (...) un mystère continué jusqu'à la mort et qu'elle devait croire enterré avec elle, tant elle l'avait bien enfoui en elle!
Goncourt,Journal,1862, p.1121. ♦ Mystère du confessionnal. Secret qui s'y adjoint. Secrets infâmes chuchotés dans le mystère des confessionnaux (Maupass.,Contes et nouv., t.2, Champ d'oliv., 1890, p.96). ♦ Mystère de polichinelle. Synon. usuel secret* de polichinelle.Faux secret, que tout le monde connaît. Quel est donc ce mystère de polichinelle que recouvre le masque de l'escamoteur? (Jankél.,Je-ne-sais-quoi,1957, p.15). ♦ Avec mystère. En secret. Au point du jour, on me fit descendre avec mon fils dans un bateau; nous fûmes débarqués avec mystère (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t.2, 1823, p.530).Avec un air de mystère. Avec l'air de cacher quelque chose. Vers la fin du repas, Jacques Thiriet, qui était sorti avec un air de mystère, rapporta triomphalement de la cave une bouteille de vin vieux (Moselly,Terres lorr.,1907, p.184). ♦ En grand mystère. En grand secret. Recevoir qqn en grand mystère. Bohémond (...) vint les prévenir en grand mystère d'un prétendu complot ourdi contre eux parmi les Francs (Grousset,Croisades,1939, p.33). ♦ Faire mystère de qqc. Cacher quelque chose avec soin. Faire mystère de son âge. À la table de l'hôtel où il était descendu, il ne fit point mystère de ses projets et de son dévouement (Stendhal,Chartreuse,1839, p.30).P. iron. Faire des mystères (de tout), (en) faire (tout) un mystère (de qqc.). Refuser de parler clairement de quelque chose, qui n'est pas réellement mystérieux. ♦ Ce n'est un mystère pour personne que... Tout le monde le sait. Ce n'est un mystère pour personne au collège que je m'intéresse à vous (Montherl., Ville dont prince,1951, i, 1, p.854). − Il est tout cousu de petits mystères, il est tout mystère (de la tête aux pieds) (Ac. 1835, 1878). Il cache tout avec soin. Si les soupçons ne planaient que sur deux ou trois de ses intimes, nous saurions quel est son cavalier servant; mais c'est une femme tout mystère (Balzac,MmeFirmiani,1832, p.360). D. − ART CULIN. Dessert glacé enrobé de meringue, d'amandes et de noisettes pilées. (Ds Rob. Suppl. 1970, Lexis 1975). Mystère au café, au chocolat, à la vanille; recette du mystère flambé au grand Marnier. E. − P. anal. (avec I A) 1. Au plur. Connaissances qui ne sont pas expliquées aux profanes. Les mystères de l'occultisme, de la politique, du spiritisme, de la vie parisienne, de la vie privée. Tant de finasseries ne nous plaisaient qu'à demi; mais, respectueux des mystères de la diplomatie, nous finissions par convenir que certaine dissimulation était peut-être légitime (Ambrière,Gdes vac.,1946, p.133). ♦ Mystères de qqc. Voilà bien la femme Qu'il vous faut, elle vous initiera très-gracieusement aux mystères de l'élégance (Balzac,Secrets Cadignan,1939, p.322).Une danseuse à qui elle croyait du génie (...) devait l'initier aux mystères de la chorégraphie russe (Proust,Sodome,1922, p.687).Initier qqn aux mystères de la vie. Informer quelqu'un de ce qu'est la génération, la naissance. Peut-être (...) se servit-il de Godeschal pour initier le pauvre enfant aux mystères de la vie (Balzac,Début vie,1842, p.439). 2. Caractère indéfinissable, ineffable d'une personne. Mystère de l'âme, du coeur, d'une personne. Le mystère est en moi comme couve une flamme Dans un tas de sarments (Moréas,Stances,1901, p.144): 6. On est quelquefois intrigué et, oui, presque irrité par le mystère des êtres que l'on côtoie ainsi dans la vie sans jamais pouvoir les connaître.
Green,Journal,1939, p.213. 3. Ce qui donne l'impression du mystérieux, c'est-à-dire ce qui, par son aspect inattendu, menaçant, étrange, irréel ou fantastique exerce un attrait, une répulsion ou un charme. a) [À propos d'un élément de l'espace ou du temps] Mystère du crépuscule, de la forêt, de la nuit, du soir. Le mystère d'une vallée parfaite et profonde que tapissait le clair de lune (Proust,Temps retr.,1922, p.693): 7. Ces souterrains étaient la clef d'un monde de ténèbres, de terreurs, de mystères, un immense abîme creusé sous nos pieds, fermé de portes de fer, et dont l'exploration était aussi périlleuse que la descente aux enfers d'Énée ou du Dante.
Sand,Hist. vie, t.3, 1855, p.105. ♦ L'heure du mystère. Le crépuscule. Et peut-être le soir, à l'heure du mystère, Quelque jeune beauté me donnera des pleurs (Baour-Lormian,Ossian,1827, p.217). b) [À propos d'une métamorphose de la réalité par le songe, la création artistique] Mystère du clair-obscur, du rêve; mystère poétique. Quel frisson dans toute la chair! Le mystère est là entre deux vers, sans qu'on l'ait vu venir (Rivière,Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p.344).Qui n'a pas tenu sous ses doigts le mystère des six dièses de la Ballade en fa dièse (...), celui-là ne peut comprendre Gabriel Fauré (Jankél.,Je-ne-sais-quoi,1957, p.88): 8. Et comme l'art recompose exactement la vie, autour des vérités qu'on a atteintes en soi-même flottera toujours une atmosphère de poésie, la douceur d'un mystère qui n'est que le vestige de la pénombre que nous avons dû traverser, l'indication, marquée exactement comme par un altimètre, de la profondeur d'une oeuvre.
Proust,Temps retr.,1922, p.898. REM. 1. Mystériarque, subst. masc.Mystagogue qui préside aux cérémonies des mystères. Il se nomme «l'initié d'Hermès, le mystériarque des antiques croyances» (Bloy,Journal,1903, p.198). 2. Mystérique, adj.Relatif au(x) mystère(s). a) Antiq. L'exégèse retrouve dans le Nouveau Testament, non seulement l'écho direct de la vieille bible (...) mais encore l'influence des cultes mystériques, des croyances orphiques, des conceptions gnostiques, voire de la morale stoïcienne ou de la sagesse populaire (Philos., Relig., 1957, pp.38-11).b) Auj. Dom Odon Casel (...) a défendu toute sa vie la conception «mystérique» du culte chrétien. En réaction contre le rationalisme théologique, dom Casel s'est fait l'apôtre du «retour au mystère» (...) comme une réalité vécue au sein de la communauté ecclésiale et de sa liturgie (Encyclop. univ.t.111971, p.520). Prononc. et Orth.: [mistε:ʀ]. Ac. 1694 et 1718: -stere; dep. 1740: -stère. Étymol. et Hist. A. 1. 1174-84 «caractère profond (de quelque chose), vertu inhérente (à quelque chose)» (Gautier d'Arras, Ille et Galeron, 1537 ds T.-L.); 2. ca 1240 «secret (dans le domaine de la religion chrétienne)» (Guillaume Le Clerc, Joies N.D., 210, ibid.); 3. 1452 «ce qu'il y a d'inexplicable pour la raison humaine» (Arnoul Greban, Mist. de la passion, éd. O. Jodogne, 2109); 4. 1643 «chose obscure, secrète, réservée à des initiés» (Rotrou, Bélisaire, IV, 4); 5. 1656-57 «soin que l'on prend pour dissimuler quelque chose» (Pascal, Provinciales, éd. Brunschvicg, I, IV, p.131). B. 1. xiiies. le saint mystère «sacrifice de la messe» (Du Chevalier qui ooit la messe ds Fabliaux et Contes, éd. Barbazan, t.1, 82); 1694 les saints mystères (Ac.); 2. xves. «rite secret du polythéisme antique» (Chron. et hist. saint et prof., Ars. 3515, fo25 vods Gdf. Compl.); 3. a) xiiies. «service, office» (Bible, ms. B.N. fr. 398 ds S. Berger, Recherches sur les bibles prov. et catalanes ds Romania t.19, p.517); b) av. 1453 «cérémonie, en particulier ici, festin d'apparat» (Monstrelet, Chron., éd. L. Douët d'Arcq, t.2, p.72); 4. 1402 «représentation dramatique d'inspiration religieuse» (Lettre de Charles VI aux confrères de la passion ds Petit de Julleville, Les Mystères, t.1, 192); 5. 1551 faire mystère de «attribuer de l'importance à» (Aneau, Quintil, p.171 ds Hug.); 1672 «forme, difficulté que l'on apporte à quelque chose» (Molière, Femmes savantes, II, 9). C. 1. 1965 aviat. (Quillet); 2. 1970 art culin. (Rob. Suppl.). Empr. au lat. mysterium «mystères, cérémonies secrètes en l'honneur d'une divinité et accessibles seulement à des initiés», «mystère, chose tenue secrète», les sens B 3 et 4 viennent du sens de «service, office, cérémonie» pris en lat. médiév. par mysterium (v. Blaise Lat. chrét.), par confusion avec ministerium (v. ministère). Fréq. abs. littér.: 6482. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 209, b) 7938; xxes.: a) 10757, b) 8985. Bbg. Europäische Schlüsselwörter. Bonn-München, 1964, t.2, p.78. _ Wolff (E.). Die Terminologie des Mittelalterlichen Dramas in Bedeutungsgeschichtlicher Sicht. Anglia. 1960, no78, pp.14-18. |