| MUTINERIE, subst. fém. A. − [Correspond à mutin I] 1. Vieilli. Expression d'un caractère mutin. Synon. désobéissance, insubordination.À d'autres! dit le vieux professeur, de l'air profondément désabusé d'un homme qui, depuis quarante ans, affronte six heures par jour toutes les agaceries et toutes les mutineries de plusieurs générations d'enfants femelles (Sand,Consuelo,t.1, 1842-43, p.5).Parfois, quand ils l'interrogeaient, elle se rencognait avec mutinerie au bout du banc et faisait la moue (A. France,J. d'Arc,t.1, 1908, p.225). 2. Révolte ouverte contre une autorité établie, désobéissance aux ordres supérieurs. Synon. émeute, insurrection, rebellion, sédition.Vous parlez d'une bataille. Il s'agit d'une mutinerie. Et j'en viendrai à bout quand il me plaira de froncer le sourcil (Hugo,N.-D. Paris,1832, p.512).Une mutinerie des sous-officiers de mon régiment me rappelle à l'heure même à Versailles (Borel,Champavert,1833, p.180).La température monte très vite: grèves générales, révoltes paysannes, mutineries, Potemkine, insurrections de décembre à Moscou (Martin du Gard,Thib.,Été 14, 1936, p.62): . ... nourriture détestable, rognée par la concussion; pas de service médical; aucune permission; il n'est pas étonnant que la mutinerie ait été un mal endémique dans la flotte anglaise.
Lefebvre,Révol. fr.,1963, p.329. − P. anal. ♦ Révolte collective et plus ou moins violente des détenus d'une prison ou d'un pénitencier. Un crépitement d'énergie anarchique qui tenait de la mutinerie de pénitencier (Gracq,Syrtes,1951, p.225). ♦ Révolte collective des élèves d'une classe, d'un pensionnat. [Claude Frollo] n'avait fait aucune figure dans cette mutinerie de 1463 que les annalistes enregistrent gravement sous le titre de: «Sixième trouble de l'université» (Hugo,N.-D. Paris,1832, p.170).Il y eut des mutineries [au pensionnat] Des rougeoles et des scarlatines de révolte, qui couvaient sous le couvercle de la marmite (Cocteau,Appogiatures,1953, p.43). B. − Rare, vx, fam. [Correspond à mutin II; à propos des attitudes, des paroles, du comportement d'une pers.] Caractère de ce qui est mutin. Synon. espièglerie, malice, taquinerie, vivacité.Elle avait des yeux noirs pleins de gaieté et de mutinerie (Ponson du Terr.,Rocambole,t.1, 1859, p.100).Je vis bien qu'elle se moquait de moi, mais elle me sauta au bras avec une mutinerie si câline que la pensée de lui en vouloir ne me vint pas un seul instant (Courteline,Femmes d'amis,1885, p.19). − Parfois au plur. Certaines cherchaient à l'aplanir [leur visage], à élargir la blanche superficie, renonçant (...) aux mutineries d'un sourire condamné et déjà à demi désarmé (Proust,Temps retr.,1922, p.947). Prononc. et Orth.: [mytinʀi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Début xvies. «rebellion, révolte» meutinerie (Fossetier, Cron. Marg., ms. Bruxelles, 10509, fo250d ds Gdf. Compl.); 2. 1690 «résistance opiniâtre opposée à une autorité» (Fur.); 3. 1837 «caractère de ce qui est espiègle» (Soulié, Mém. diable, t.1, p.280). Dér. de mutin*; suff. -erie*. Fréq. abs. littér.: 42. |