| MUSOIR, subst. masc. A. − TRAV. PUBL. 1. Extrémité, généralement arrondie, d'une digue, d'une jetée ou d'un môle, faisant une avancée dans la mer. Du matin au soir, les quais, les musoirs et les jetées du port de Toulon étaient couverts d'une quantité d'oisifs et de badauds (Hugo,Misér.,t.1, 1862, p.448).Une jetée (...) doit être assez haute pour que les lames ne la franchissent pas avec trop de violence car alors, on ne pourrait pas y circuler au moment où on voudrait aller au musoir (Bourde,Trav. publ.,1929, p.233): . Et les ondes coulaient dessus le déversoir
Et par dessus l'écluse et par dessus la bonde.
Et l'océan sans terme et l'océan du monde
Passait dessus la darse et dessus le musoir.
Péguy,Ève,1913, p.788. − P. anal. ,,Partie d'un trottoir large située à l'intersection de deux voies qui se coupent à angle aigu`` (Logos). 2. Tête d'une écluse, partie exposée aux chocs des bateaux. Une heure plus tard, nous étions attablés (...) devant un repas excellent (...) entre la vieille boucherie et le musoir de l'Escaut (Arnoux,Écoute, 1923, p.75).On leur donne [aux radiers] une épaisseur égale au sixième de la largeur de l'écluse, épaisseur qu'on augmente de un mètre environ dans les parties exposées comme le busc et les musoirs (Bourde,Trav. publ.,1929p.273). B. − GÉOMORPHOL., OCÉANOGR. ,,Sur les côtes du nord de la France, partie d'une baie en face de laquelle s'édifie un poulier`` (Lexis 1975). C. − TECHN. MILIT. Partie la plus avancée d'une ligne de front. La première vague avait heurté durement le musoir des mitrailleuses, et reflué, en laissant derrière elle une frange de cadavres (Genevoix,Boue,1921, p.244).La substitution de Toul à Nancy comme musoir sud de la ligne des Hauts-de-Meuse avait été, à mon avis, particulièrement regrettable (Joffre,Mém.,t.1, 1931, p.161). Prononc. et Orth.: [myzwa:ʀ]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1757 «pointe extrême d'un môle, d'une jetée» (Choquet, Descr. du port de Brest, p.5 ds DG); 2. 1828 «tête d'écluse» (Mozin-Biber). Dér. de l'a. fr. muse «museau» (FEW t.6, 3, p.275b) ou plutôt du verbe muser «flâner»; suff. -oir*. |