| MUSEAU, subst. masc. A. − 1. Partie antérieure, plus ou moins allongée, de la face de certains mammifères et de certains poissons. À la surface de l'eau vagueuse, d'énormes carpes pressent leurs museaux bleuâtres (Goncourt,Journal,1870, p.647).Il lui prit la main et la lui caressa un moment avec une bonté de maître flattant le museau de son cheval et lui donnant du sucre (Proust,Sodome,1922, p.1072).V. ânon ex. 1 et brochet ex. 1. SYNT. Museau de renard, de chien, de chat, d'ours, de singe; museau de brochet, de carpe, de dauphin, de requin; museau allongé, fin, pointu, frais, humide; bout, extrémité du museau; poils de museau; coup, frémissement du museau; allonger, tendre, dresser, lever le museau; froncer, plisser le museau; se lécher le museau; caresser, embrasser le museau; donner un coup, une tape sur le museau; passer sa langue sur le museau; frotter son museau, se frotter le museau contre qqn/qqc. − MÉD. VÉTÉR. Noir museau. Synon. de barbuquet. (Dict. xixeet xxes.). − P. métaph. [En parlant d'un visage hum., ou du bas du visage] Museau de rat, de fouine. Un peu grimaçante, mais spirituelle et non sans charme, avec son museau de chèvre (Rolland,J.-Chr.,Adolesc., 1905, p.323).Fontanet le regardait avec le mauvais sérieux de son museau de renard (A. France,Vie fleur,1922, p.295). 2. P. méton. Charcuterie à base de museau de boeuf (mufle, joue, lèvres et menton) ou de porc. Tranche, salade de museau; museau vinaigrette. La préparation du museau de boeuf est la même que celle de la tête de veau. On le sert ensuite avec une sauce vinaigrette ou une sauce piquante (Lar. mén.1926). B. − P. anal., fam., souvent avec une nuance péj. ou plais. Visage. Synon. bobine (arg. pop.), bouille (pop.), figure, frimousse (pop.), gueule (pop., fam.), mine, minois, mufle (pop.), tête, trogne (fam.), tronche (arg.).Joli, vilain museau; un joli petit museau; montrer son museau; se débarbouiller, se laver, se rafraîchir le museau; donner sur le museau à qqn; recevoir le poing sur le museau, en plein museau. Le petit museau froid sous la voilette. Je me suis penché sur elle tendrement (Larbaud,Barnabooth,1913, p.103).La petite Parisienne faubourienne (...) regarde son adorable museau, à chaque instant, dans le petit miroir de son petit sac (L. Daudet,Rech. beau,1932, p.119): . À un bout de la pièce, Hélène et quelques dames riaient du spectacle de la table. Tous ces museaux roses croquaient à belles dents blanches.
Zola,Page amour,1878, p.897. ♦ Pop. Fricassée* de museaux. Se fricasser* le museau. − Arg. (des grandes écoles, notamment à Polytechnique). Faire museau. Faire silence. Museau! interj. Silence! (ds Esn. 1966). Rem. V. aussi casse-museau. C. − P. anal. (de forme), spéc. 1. ANAT. Museau de tanche. ,,Partie intravaginale du col utérin, de forme conique, faisant saillie dans le vagin`` (Méd. Biol. t.2 1971). Le museau de tanche se ramollit dès le début de la grossesse (Man.-Man.Méd.1977). 2. ARTS DÉCORATIFS. ,,Accoudoir de stalle, ainsi nommé parce qu'autrefois les sculpteurs lui donnaient fréquemment la forme d'un museau ou mufle d'animal`` (Chabat 1881). 3. TECHNOL. Partie antérieure du panneton d'une clé. Au dernier étage, dans la pénombre, la clef novice s'obstine à heurter du museau la serrure, sans flairer son trou (Martin du G.,Devenir,1909, p.41). Prononc. et Orth.: [myzo]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1210 en parlant d'un animal musel (Guillaume Le Clerc, Bestiaire, 1354 ds T.-L.); 2. ca 1225 en parlant d'une pers. id. (Florence de Rome, 4476, ibid.), cf. Renson, pp.465-467; 3. 1676 museau d'une clef (Félibien); 4. 1694 «accotoir d'une stalle de bois à l'origine orné d'un mufle d'animal» (Corneille). Dér., à l'aide du suff. -el, -eau*, d'un a. fr. *mus (cf. l'a. gasc. mus, xiiies. «face, visage», Marcoat, Sirventes, éd. Dejeanne ds A. Midi, t.15, 1903, p.362, 26, demeuré dans la lang. mod.; béarnais mus «museau; mine de mauvaise humeur, moue», Palay, Lespy-Raym.; − l'ital. muso «museau» et les dial. de l'Italie du Nord, v. FEW t.6, 3, p.282b), issu du lat. de basse époque musus, -us (784, Hadriani pap. epist., Mabillon, Dipl., p.492 ds Nierm.), d'orig. obsc., peut-être expressive. Fréq. abs. littér.: 538. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 622, b) 793; xxes.: a) 1060, b) 693. Bbg. Renson (J.). Les Dénominations du visage en fr. et ds les autres lang. rom. Paris, 1962, pp.465-467. |