| MULET1, subst. masc. A.− Animal hybride mâle, stérile, qui est issu de l'accouplement de l'âne et de la jument. Mulet de bât, de selle; aller à dos de mulet; atteler, dételer, charger, décharger un mulet. On trouva le mulet. C'était un petit animal de couleur isabelle, menu, fringant, dont il fallut bander les yeux pour parvenir à le bâter (Fromentin, Été Sahara,1857, p. 218).Enervé d'une longue attente, le mulet tirait à plein collier, piquant le sable de durs coups de sabot (Genevoix, Raboliot,1925, p. 35): 1. C'est ce qui suggéra l'idée de recourir au produit artificiel né de l'accouplement de l'âne et de la jument. Le mulet paraît, dans les sculptures assyriennes, bâté et harnaché comme de nos jours. De bonne heure, il donna lieu à des centres de production et de marché...
Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 223. ♦ Petit mulet. Synon. de bardot. − P. métaph. Et moi, je suis un fameux mulet, mulet à grelots, mulet à housse et à pompons, mulet à longues oreilles, mulet ferré et portant un poids qui ne me rend pas si fier que si c'était l'argent de la gabelle. C'est l'école de droit que j'ai sur les épaules (Flaub., Corresp.,1843, p. 129).Quand Ampère (à son cours) est dans ses endroits difficiles, arides, dans ses défilés où il va à pied, oh! alors, il est pénible à suivre; c'est de la littérature à dos de mulet (Sainte-Beuve, Poisons,1869, p. 34). − Expr. fam. 1. Vx., pop. Garder le mulet. Attendre (quelqu'un) longtemps et avec impatience. Voir Carabelli, [Lang. pop.]. 2. P. compar. V. mule1fam. a) [P. réf. aux qualités du mulet : vigueur, endurance, patience] ♦ Être chargé comme un mulet. Trois fois, Gervaise sortit et rentra chargée comme un mulet (Zola, Assommoir,1877, p. 562).L'on rencontre de temps à autre un homme au casque plat chargé comme un mulet (Maurois, Silences Bramble,1918, p. 238). ♦ Travailler comme un mulet. Je travaille comme un mulet depuis quinze longues années (Flaub., Corresp.,1852, p. 372). b) [P. réf. à l'obstination qu'on lui attribue] Entêté, têtu comme un mulet; (tête de) mulet. Si l'on l'avait laissé faire, il eût entraîné le gouvernement, par pur entêtement de mulet, dans on ne sait quelle violente aventure (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 133).Il a fait rentrer le latin dans ma tête dure : « Intelligent ce petit, mais un mulet » (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1577). 3. [Employé comme terme de mépris] Le superbe Clemenceau montre son impuissance avec beaucoup de morgue. C'est un mulet insolent, fier de porter des ordures qu'il croit des objets rares et précieux (Bloy, Journal,1906, p. 329).Le Garde : Assieds-toi là (...). Premier Patricien : S'il s'agit de nous faire mourir, comme les autres, il n'y a pas besoin de tant d'histoires. Le Garde : Assieds-toi là, vieux mulet (Camus, Caligula,1944, iv, 3, p. 85). B.− P. anal. 1. (avec le mulet, produit du croisement de deux espèces différentes) Animal ou végétal provenant d'une hybridation. Synon. hybride.Toutes les courges se fécondent entre elles, et (...) si nous voulons cultiver plusieurs variétés de giraumonts ou de potirons ensemble, nous obtiendrons des mulets impossibles (Gressent, Potager mod.,1863, p. 756): 2. ... comme il avait cultivé les unes près des autres des espèces différentes, les sucrins s'étaient confondus avec les maraîchers, le gros Portugal avec le grand Mongol, − et, le voisinage des pommes d'amour complétant l'anarchie, il en était résulte d'abominables mulets qui avaient le goût de citrouille.
Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 32. − P. métaph. M. d'Harcourt : 14 février : Est à la fois Titus et Catacoua. C'est le type le plus complet de cette race croisée de mulets politiques (Chênedollé, Journal,1833, p. 165).Ose devenir qui tu es (...). On n'obtient rien de bon par le mélange. Quand j'étais jeune, j'avais le cerveau plein de croisements, de mulets, de caméléopards (Gide, Nouv. Nourr.,1935, p. 293). 2. (avec le mulet, animal stérile) Abeille, guêpe stérile. Voir Boucher de Perthes, Création, t. 1, 1838-41, p. 455. 3. (d'aspect) Cerf qui a perdu ses bois et dont les nouveaux ne sont pas encore apparus. (Dict. xixes., Nouv. Lar. ill.-Lar. Lang. fr.). Prononc. et Orth. : [mylε]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 « hybride mâle de l'âne et de la jument ou du cheval et de l'ânesse » (Roland, éd. J. Bédier, 861); b) 1690 chargé comme un mulet (Fur.); c) 1808 tête de mulet, entêté comme un mulet (Hautel); 2. 1768 « animal provenant de deux animaux de différente espèce (surtout oiseau) » (Valm. d'apr. FEW t. 6, 3, p. 212a). Dér. de l'a. fr. mul « id. » (ca 1100, Roland, 480), du lat. mulus de même sens; suff. -et*. Bbg. Fischer (J. L.). Sens, contre sens et synon. ds l'emploi des termes mulet, métis... Doc. Hist. Vocab. sc. 1981, no2, pp. 23-36. − Lenoble-Pinson (M.). Le Lang. de la chasse. Bruxelles, 1977, pp. 86-87. − Quem. DDL t. 19. |