| MULE1, subst. fém. A.− Animal hybride femelle, produit de l'accouplement de l'âne et de la jument, ou du cheval et de l'ânesse, et qui est généralement stérile. Mule blanche, noire; mule bridée, chargée, harnachée; pas, sabot d'une mule; voiture attelée de mules; être monté sur une mule, tenir une mule. Jésus se servait d'une mule, monture en Orient si bonne et si sûre, et dont le grand œil noir, ombragé de longs cils, a beaucoup de douceur (Renan, Vie Jésus,1863, p. 197).Un attelage de deux mules qui ont un bouquet de plumes entre les oreilles, la queue tressée de rubans jaunes (T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p. 206): 1. Une des mules, comme impatiente d'être immobile, secouait sa tête empanachée de pompons et de houppes de toutes couleurs avec un frisson argentin de grelots. Quoique des œillères de cuir piquées de broderies l'empêchassent de porter ses regards à droite et à gauche, elle avait senti l'approche de la voiture...
Gautier, Fracasse,1863, p. 134. B.− Expr. fam. 1. P. compar. a) [P. réf. aux qualités de vigueur, d'endurance, de patience de la mule] ♦ Être chargé comme une mule. Porter de lourds fardeaux. Synon. être chargé comme un baudet*, une bourrique*. ♦ Travailler comme une mule. Travailler énormément, sans relâche. Ces femmes sont stupides, méchantes, brutales et ne savent que travailler, mais aussi on les fait travailler comme des mules, et on a raison (Gobineau, Nouv. asiat.,1876, p. 222). ♦ Trotter comme une mule. Marcher à vive allure. Tu me fais trotter comme une mule. Je suis très fatiguée (Borel, Champavert,1833, p. 203). b) [P. réf. à l'obstination qu'on lui prête] Buté, entêté, têtu comme une mule. Qui fait preuve d'une obstination extrême. Synon. têtu comme un âne*, comme une bourrique*.Il est entêté comme une mule. Quand je lui parle, il fait semblant de ne pas entendre (Balzac, Goriot,1835, p. 271): 2. On disait aussi, non sans un soupçon de fierté : « Simone est têtue comme une mule ». J'en pris avantage. Je faisais des caprices; je désobéissais pour le seul plaisir de ne pas obéir.
Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 17. − P. métaph. (Tête de) mule. Il y a de quoi faire damner un homme, d'avoir affaire à une telle mule; je n'avais jamais ouï dire qu'on pût être aussi entêté (Musset, Chandelier,1840, I, 1, p. 13). 2. Au fig., vieilli ♦ Ferrer la mule. Réaliser des gains illicites aux dépens d'un maître, d'un patron, auquel on facture une somme supérieure à la dépense réellement effectuée, afin d'empocher la différence. Synon. faire danser l'anse* du panier.Suis droit ton chemin et ne va pas sur le Pont-Neuf, voir les bateleurs. Car je te connais, mauvais pèlerin. Tu n'as pas ton pareil pour ferrer la mule (A. France, Com. femme muette,1912, I, 2). ♦ À vieille mule, frein doré (proverbe). On pare un vieil animal afin de le vendre mieux; une femme qui vieillit se pare davantage afin d'être plus séduisante. (Dict. xixes., Lar. 20e). Prononc. et Orth. : [myl]. Homon. mulle. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 « hybride femelle de l'âne et de la jument ou du cheval et de l'ânesse » (Roland, éd. J. Bédier, 89); 2. a) 1690 fantasque, testu, opiniâtre comme une mule (Fur., s.v. mulet); b) 1840 « personne entêtée » (Musset, loc. cit.); c) 1899 tête de mule « id. » (Zola, Fécondité, p. 713). Du lat. mula « id. ». DÉR. Mulasse, subst. fém.Jeune mule. (Dict. xixeet xxes.). − [mylas]. − 1resattest. a) adj. ca 1260 « de la nature des mules » (Règle du Temple, éd. H. de Curzon, p. 86, § 99 : beste mulasse); b) subst.
α) xives. [ms.] « mule » (Regle del hospital, BN fr. 1978, fo197 rods Gdf.),
β) 1837 « jeune mule » (Maison rustique, t. 2, p. 442); de mule1, suff. -asse, v. -ace. BBG. − Bonan Garrigues (M.), Élie (J.). Essai d'analyse sémique. Cah. Lexicol. 1971, no19, pp. 78-79. |