| MOUVEMENT, subst. masc. I.− [Le mouvement considéré dans ses manifestations] Déplacement (d'un corps) par rapport à un point fixe de l'espace et à un moment déterminé. A.− [Le mouvement est celui de corps matériels] 1. [Le mouvement est perçu dans sa généralité] Il n'y a point dans la nature de mouvement aveugle ou de turbulences; tout mouvement a un but (J. de Maistre, Soirées St-Pétersbourg, t. 2, 1821, p. 359).Tout est en mouvement dans l'Univers, ou plutôt tout est mouvement (A. France, Vie littér.,1890, p. 97): 1. Sous leur influence [des contraintes cachées], un point matériel se meut suivant le principe de moindre contrainte : le mouvement effectif étant celui qui diffère le moins possible d'un mouvement rectiligne et uniforme.
Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 166. − PHYSIQUE ♦ Mouvement absolu. Mouvement d'un corps considéré par rapport à des repères fixes. Il semble que cette impossibilité de démontrer le mouvement absolu soit une loi générale de la nature (H. Poincaré, Mécan. nouv.,1905, p. 77). ♦ Mouvement uniformément accéléré*. ♦ Mouvement circulaire uniforme. ,,Mouvement d'un point matériel qui décrit un cercle avec une vitesse constante`` (Laitier 1969). Les forces d'inertie sont susceptibles de communiquer à un corps d'épreuve une accélération indépendante de ce corps d'épreuve (y = w2r dans le mouvement circulaire uniforme) (Hist. gén. sc.t. 3, vol. 2, 1964, p. 166). ♦ Mouvement perpétuel*. ♦ Mouvement relatif (p. oppos. à absolu). Mouvement d'un corps considéré par rapport à des repères qui ne sont pas nécessairement fixes. On pourrait imaginer, par exemple, que c'est l'éther qui se modifie quand il se trouve en mouvement relatif par rapport au milieu matériel qui le pénètre, que, quand il est ainsi modifié, il ne transmet plus les perturbations avec la même vitesse dans tous les sens (H. Poincaré, Valeur sc.,1905, p. 202). ♦ Mouvement vibratoire. Mouvement d'un corps effectué de part et d'autre de sa position d'équilibre. On voit que le calcul des phénomènes de diffraction (...) conduit à faire la somme de vibrations qui se superposent au point M. Il n'y a plus seulement ici, comme dans le cas des interférences, la superposition de deux mouvements vibratoires mais celle d'une infinité de mouvements vibratoires (Prat, Opt.,1962, p. 80). ♦ Mouvement de translation*, de rotation*. ♦ Quantité de mouvement. Produit de la masse d'un corps par sa vitesse. Laplace généralise encore le théorème des quantités de mouvement, la loi des aires, le principe de la moindre action (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 96). SYNT. a) [Exprimant la direction du mouvement] Mouvement en arrière, en avant; mouvement ascendant, ascensionnel, centrifuge, centripète, concentrique, convergent, descendant, divergent, horizontal, oblique, rayonnant, vertical; sens d'un mouvement; diriger, orienter un mouvement. b) [Exprimant l'intensité, la rapidité du mouvement] Force, violence d'un mouvement; mouvement accéléré, intensif, lent, rapide, vif, violent; arrêter, brusquer, gêner, hâter, interrompre, suspendre un mouvement; reprise d'un mouvement; résistance au mouvement. c) [Exprimant la forme du mouvement] Mouvement circulaire, composé, direct, elliptique, giratoire, ondulatoire, oscillatoire, régulier, simple, sinusoïdal, varié. d) [Exprimant la durée et la périodicité du mouvement] Mouvement alternatif, continu, discontinu, périodique, saccadé. 2. [Le mouvement est perçu à travers des phénomènes naturels] a) [Dans la vie courante] Mouvement de l'air, du vent; mouvement de la mer; mouvement des étoiles. [La rivière] coule toujours sans bruit, et ce mouvement éternel de l'eau qui coule est plus effrayant pour moi que les hautes vagues de l'Océan (Maupass., Sur l'eau,1888, p. 86). 2. La mer était belle, grise, un peu houleuse, une faible brise d'ouest emportait d'un mouvement lent une caravane de nuages roulés et gris; tout promettait une belle journée.
Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 63. − MAR. Mouvement de roulis*, de tangage*. b) Dans le domaine sc. − ASTRON. Mouvement apparent, diurne, propre, réel; mouvement des astres, des corps célestes; lois, théories du mouvement; mouvement de rotation (de la terre). Le mouvement du soleil est déduit, lui, des travaux de Newcomb (Decaux, Mesure temps,1959, p. 14): 3. Supposons-nous dans le soleil, au centre du mouvement des planètes. Non seulement nous les verrions tourner autour de nous dans leurs périgées, c'est-à-dire quand elles sont du côté de la terre; mais encore dans leurs apogées, c'est-à-dire au-delà du soleil, parceque cet astre tourne sur lui-même en vingt-cinq jours et demi.
Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 348. − GÉOL. Mouvement négatif, positif. ,,Déplacement relatif des terres et du niveau marin, dans le sens d'une submersion (mouvement négatif) ou d'une émersion (mouvement positif)`` (Lar. encyclop.). − GÉOPHYS., OCÉANOGR. Mouvements des sols, des terrains; mouvements sismiques; mouvements de flux et de reflux (de l'océan); mouvements des eaux. D'ailleurs, même dans les années ordinaires, les mouvements des glaces sont déconcertants dans le Scoresby-Sund et ses dépendances (Charcot, Rapp. prélim. camp. « Pourquoi-Pas? »,1934, p. 23). − PHYS. Mouvement des atomes, des électrons, d'une particule; mouvement des fluides; mouvement moléculaire. Un observateur qui ne tiendrait compte que des mouvements de la matière, c'est-à-dire des électrons (H. Poincaré, Valeur sc.,1905, p. 191). ♦ Mouvement brownien*. 3. [Le mouvement est un phénomène produit, provoqué, artificiel] a) Déplacement régulier, contrôlé ou dirigé (d'un organe mécanique, d'un appareil, d'une machine, d'un projectile, etc.). − BALIST. Mouvement d'une balle, d'un obus, d'une fusée, d'un projectile. Prolongez la direction du mouvement imprimé tout d'abord au boulet jusqu'à la rencontre de la muraille verticale que ce boulet vient frapper; puis mesurez la distance qui sépare le point obtenu du point situé plus bas, où la muraille a été frappée par le boulet (Flammarion, Astron. pop.,1880, p. 118). − CIN. Mouvements de la caméra, du chariot; mouvement de bascule, de décentrement. Le découpage du film ne compte pas dix mouvements d'appareils et (...) la caméra se borne la plupart du temps à être plantée sans bouger devant les acteurs (A. Bazinds La R. du cin.,t. 2, févr. 1948, no10, p. 39). − TECHNOL. Production, transmission, utilisation du mouvement; mouvement de va-et-vient; mouvement rotatif; mettre en mouvement; déclencher, régler, contrôler un mouvement; mouvement d'un véhicule, d'un engin : 4. Le sciage des roches tendres peut se faire (...) à l'aide de plusieurs lames portées par un chassis suspendu actionné (...) par une machine transmettant le mouvement par manivelle et bielle ou simplement bielle.
J. Cahen, Bruet, Carrières,1926, pp. 160-161. b) Ensemble des déplacements (de véhicules). Mouvement des bateaux dans un port, des avions sur un aérodrome, des trains dans une gare. Au sing. Activité, trafic. Mouvement d'un port, d'un aérodrome. Mouvement des marchandises. Entrées et sorties des marchandises. − CH. DE FER. Le service du mouvement; le chef du mouvement : 5. ... la sécurité du mouvement des trains dépend en grande partie de l'exécution des mesures dont les gares sont chargées...
Bricka, Cours ch. de fer,t. 2, 1894, p. 572. − P. anal., FIN. ♦ Mouvement des capitaux : mouvement de fonds; mouvements comptables. Transfert d'espèces et spéc. ,,Opération ayant pour but d'alimenter les caisses des différents comptables du Trésor, de manière à assurer à chacun les moyens de paiement dont il a besoin`` (Cap. 1936) : 6. Dès ce jour, il suivit le mouvement des fonds et des affaires publiques avec des anxiétés secrètes qui le faisaient palpiter au récit des revers ou des succès qui marquèrent cette période de notre histoire.
Balzac, C. Birotteau,1837, p. 34. ♦ Mouvements créditeurs, débiteurs. Ensemble des opérations enregistrées au crédit et au débit d'un compte bancaire. c) P. méton. Mécanisme destiné à produire, à entretenir, à transmettre un mouvement (notamment en horlogerie). Mouvement d'horlogerie*. Accélération, ralentissement, réparation d'un mouvement. Je n'avais pas d'autre distraction dans votre salon jaune que de démontrer le mouvement de la pendule (A. France, Orme,1897, p. 206). B.− [Le mouvement affecte la matière vivante] 1. BOT. Mouvements des végétaux; mouvements de nutation; mouvements diurnes et nocturnes; mouvements liés à la fécondation; mouvements dus à la lumière. Ils connurent la marche des astres et des planètes; le concours de leurs phases et de leurs retours avec les productions de la terre, et le mouvement de la végétation (Volney, Ruines,1791, p. 247). 2. PHYSIOL. ANIM. Mouvements du cœur, des muscles, du sang; mouvement circulatoire, respiratoire, de la locomotion. Ces ganglions sont les masses médullaires principales; et quoiqu'ils communiquent entre eux par des filets, la séparation de ces foyers ne permet pas l'exécution de l'effet général nécessaire pour constituer la sensation, mais elle ne s'oppose pas à l'excitation du mouvement musculaire (Lamarck, Philos. zool.,t. 2, 1809, p. 217). C.− [Le mouvement anime des êtres vivants] 1. [Le mouvement concerne un individu] a) Fait de déplacer dans l'espace son corps ou certaines parties de son corps.
α) [Mouvement propre à l'homme] :
7. Il n'est pas de mouvement de ces yeux qui rencontre une région d'invisibilité; il n'en est point qui n'engendre des effets colorés; et par le groupe de ces mouvements qui s'enchaînent entre eux, qui se prolongent, qui s'absorbent ou se correspondent l'un l'autre, je suis comme enfermé dans ma propriété de percevoir.
Valéry, Variété[I], 1924, p. 141. SYNT. Mouvement du corps, d'une partie du corps, liberté de mouvement; mouvement volontaire, brusque, cadencé, désordonné, gracieux, lent, prompt, répété, souple, vif, violent; mouvement involontaire, automatique, inconscient, instinctif, nerveux, réflexe; agilité, aisance, ampleur, grâce, légèreté, lourdeur, vivacité des mouvements; ébaucher, esquisser, exécuter, faire, réprimer des mouvements; mouvements de bras, de cou, d'épaule, de lèvres, de main, de tête; mouvement des yeux, des paupières, du menton. ♦ (Faire) un faux mouvement. (Faire) un mouvement qui n'est pas normal, donc douloureux. Au fig. Fausse manœuvre. Il paraît que ceci va être le roman par lettres, dit-il en relevant celle-ci. L'ennemi fait un faux mouvement, moi je vais faire donner la froideur et la vertu (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 330). − En partic. Mouvement particulier à l'exercice de certains métiers, de certaines disciplines. Mouvement régulier du semeur, du faucheur; mouvement de gymnastique, d'haltérophilie, de natation. Dans le domaine de l'arm.Mouvement du maniement des armes. Commander le mouvement. Lancer et diriger l'exercice. [Le capitaine] − Brrr! je gage que ce formidable général [Han] ne sait seulement pas armer un mousquet en quatre mouvements (Hugo, Han d'Isl.,1823. p. 355). ♦ Expr., fam. En deux temps, trois mouvements. De façon rapide et expéditive. L'Audierne (...) m'expliqua que son affaire avait été expédiée en deux temps trois mouvements, ce dont je me montrai ravi (Courteline, Boubouroche,Madelon, 1890, iv, p. 230).
β) [Mouvement propre à l'animal] Mouvement des ailes, des nageoires; mouvement de reptation : 8. [Les poissons] avaient des mouvements drôles de la bouche, des élans brusques et rapides, une allure étrange de petits monstres...
Maupass., Bel-Ami,1885, p. 350. b) Au sing. Le mouvement. La faculté de se mouvoir; l'usage que l'on fait de cette faculté. Activité et mouvement; aimer le mouvement; être, se mettre (sans cesse) en mouvement. Au Palais-Royal, vu Varcollier, en sortant du Conseil. Il est installé admirablement. L'occupation et le mouvement lui rendent de la santé (Delacroix, Journal,1853, p. 69): 9. Pierre n'est plus reconnaissable, dit ma mère, son caractère est devenu inégal, bizarre. Il passe brusquement et sans cause de la joie à la tristesse. − Il a besoin de grand air et de mouvement, dit mon père.
A. France, Vie fleur,1922, p. 405. − Loc. verb. Se donner, prendre du mouvement. Se dépenser en activité physique. Synon. se donner, prendre de l'exercice*.Pendant des jours, pendant des nuits, on reste mouillé, et on tâche de se donner du mouvement, en attendant le soleil (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 23). ♦ Au fig., vieilli. Se donner du mouvement pour. S'employer fortement à. De ces officieux qui, comme Phrosine, marieraient la république de Venise avec le Grand Turc, s'étaient donné beaucoup de mouvement pour régler les affaires d'intérêt (Mérimée, Double mépr.,1833, p. 4). 2. [Le mouvement concerne une collectivité] a) Déplacement en groupe de personnes ou d'animaux ayant adopté un même comportement sous l'effet de causes diverses. Mouvement de foule; mouvements de migration de certaines espèces animales : 10. On peut estimer que les progrès démographiques de la république de Géorgie sont largement dus à la natalité des autres nationalités; et que le poids croissant des Géorgiens dans la république est davantage l'effet de mouvements migratoires que celui d'un progrès de la natalité.
H. Carrère d'Encausse, L'Empire éclaté,Paris, France Loisirs, 1979 [1978], p. 66. − P. ext. Animation, remue-ménage, agitation : 11. La famille royale se dispersera dans le mois prochain, ainsi qu'une partie du corps diplomatique, et du mouvement le plus rapide nous allons passer au repos le plus complet.
Chateaubr., Corresp.,t. 2, 1821, p. 234. b) Animation due au va-et-vient incessant d'un grand nombre de personnes ou de véhicules en un même lieu. Mouvement de la rue, du métro, de la ville; beaucoup de mouvement. Où allons-nous dîner, mon cher? J'ai bien besoin de me dégourdir, moi, d'entendre du bruit et de voir du mouvement (Maupass., Fort comme la mort,1889, p. 178). − Domaines partic. ♦ ADMIN. Mouvement diplomatique, préfectoral; mouvements de personnels (mutations, déplacements). ♦ Dans le domaine milit.Déplacement d'unités militaires. Mouvement de troupes; observer, surveiller les mouvements de l'ennemi; mouvement tournant; mouvement de concentration, de repli, de retraite : 12. Le talent d'un général (...) consiste, non-seulement à bien observer les mouvements de l'ennemi, mais encore à deviner ses intentions par ses mouvements...
Balzac, Rabouill.,1842, p. 523. Faire mouvement, se mettre en mouvement. Le général français donna des ordres pour que son armée se mît en mouvement. Il voulait surprendre l'ennemi dès le début de la campagne, et l'étourdir par des succès éclatants et décisifs (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 347).Guerre de mouvement (p. oppos. à guerre de position). Guerre où sont mises en action essentiellement des unités mécanisées se déplaçant rapidement. II.− [Le mouvement saisi dans ses représentations] A.− [Mouvement perçu] Irrégularité du relief du sol, sinuosité des lignes du paysage perçues comme l'effet d'un mouvement. Et selon les mouvements de la vallée, tour à tour visible ou fuyante, la cime du Mont-Blanc au-dessus des nuées (A. Daudet, Tartarin Alpes,1885, p. 222).On regarde la plaine, ses mouvements puissants et paisibles, les ombres de velours que mettent les collines sur les terres labourées, le riche tapis des cultures aux couleurs variées (Barrès, Colline insp.,1913, p. 245): 13. ... les Russes avaient en batterie une formidable artillerie dont (...) nous ne voyions pas les ravages, parce que nous étions abrités par un coude de la rivière et par un mouvement de terrain.
Malot, R. Kalbris,1869, p. 46. B.− [Mouvement conçu] 1. ARCHIT. Ce qui, dans la configuration d'un édifice, concourt à animer, à varier ses lignes dominantes. Synon. rythme.Mouvement élancé. Ses murs sont lépreux, ils gardent du moins de beaux mouvements et se renflent comme des poitrines ou des boucliers (Barrès, Serv. All.,1905, p. 11). 2. ARTS PLASTIQUES. Ce qui donne à une composition sa vie, son animation. Le mouvement de la statuaire antique; le mouvement d'une scène de bataille, de chasse; le mouvement d'une tempête; le mouvement des plis d'un vêtement. Le groupe de « La Danse » de Carpeaux est remarquable par son mouvement (Lar. encyclop.) : 14. Le mouvement des draperies, accusé en général assez correctement, et souvent très gracieux, suffirait seul à prouver des réminiscences de l'antique [sur les fresques de Saint-Savin].
Mérimée, Ét. arts Moy.-Âge,1870, p. 164. 3. LANG. et LITT. Qualité de vivacité, d'animation, de chaleur qui soutient l'expression d'une langue écrite ou parlée. Mouvement du style, d'un récit; mouvement dramatique, oratoire : 15. [Chateaubriand] a été le dernier des classiques, tant l'agonie des belles périodes et des périphrases nobles se mêle chez lui aux balbutiements des audaces de la couleur et du mouvement passionné de la phrase.
Zola, Doc. littér.,Chateaubriand, 1881, p. 30. 4. MUSIQUE a) Degré de rapidité que l'on doit observer dans l'exécution d'un morceau de musique. Synon. tempo.Indication du mouvement; élargir, accélérer, presser, ralentir le mouvement; jouer le mouvement. La première fois que j'entendis la Gazza ladra à Louvoie, je fus scandalisé. Le chef d'orchestre (...) a changé la plupart des mouvements de Rossini (Stendhal, Rossini,1823, p. 40). b) Chacun des morceaux composant certaines œuvres musicales. Les mouvements d'une sonate, d'une symphonie. Le premier mouvement [du quatuor en ré] avec ses gammes, ses enlacements, ses mouvements contrariés, rend par moments un son nouveau (Ghéon, Promenades Mozart,1932, p. 123). − P. anal. Les divers moments d'une action dramatique. Premier, second mouvement. Voir Claudel, Jet de Pierre, 1949, p. 1298. c) ,,Progression ascendante ou descendante d'une voix par rapport à une autre voix qui évolue simultanément`` (Lar. encyclop.). Mouvement parallèle, oblique; mouvement mélodique. Il y a, au point de vue musical, une très grande différence entre le mouvement contraire et le rétrograde. Celui-ci, le plus souvent, ne rappelle point le thème donné; celui-là, parfois, l'évoque en variant l'unité sans disparate (Koechlin, Écrit. fugue,1933, p. 9). III.− Au fig. [Le mouvement vécu comme modification ou évolution] A.− [Mouvement comme signe de vie] 1. [Le mouvement concerne un individu] Réaction émotionnelle, affective, intellectuelle, élan d'ordre spirituel à l'origine du comportement des individus. Mouvement de l'âme, de la conscience, de l'esprit. Elle lui a mis dans la main une grosse pomme et le pousse vers la porte, en grognant. Elle ne s'expliquera jamais ce brusque mouvement de pitié, peut-être de tendresse, et lui ne se l'explique pas non plus (Bernanos, Crime,1935, p. 757): 16. Or, le jour où elle apprend que l'homme qu'elle aimait doit épouser une autre femme, subitement, dans un féroce mouvement de dépit vaniteux, elle offre sa main à un bourgeois qu'elle n'aime pas, qu'elle a jusque-là dédaigné et à qui elle a résolu de ne point appartenir : tout cela n'est assurément ni loyal ni fier.
Lemaitre, Contemp.,1885, p. 348. ♦ Un beau, un bon mouvement. Un mouvement de générosité. Les bons mouvements ne sont rien, s'ils ne deviennent de bonnes actions (Joubert, Pensées,t. 1, 1824, p. 193). ♦ Le premier mouvement. La réaction immédiate, spontanée. Ce précepte si juste de M. de Montrond, qui commandait de se garder des premiers mouvements, parce qu'ils sont presque toujours honnêtes (Mérimée, Lettres ctessede Montijo,t. 1, 1852, p. 350).D'un premier mouvement. D'un seul jet, sans hésitation, sans réflexion appesantie. Votre lettre est (...) toute de premier mouvement; c'est pour cela que je l'aime tant (Mérimée, Lettres à une inconnue,t. 1, 1843, p. 140). ♦ De son propre mouvement. De sa propre initiative. La croix de la Libération sera décernée, par voie de décret, par le chef des Français libres après avis du Conseil de l'ordre, soit de son propre mouvement, soit sur les propositions qui auront été faites par les hauts-commissaires (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 342). − Emploi abs. : 17. On assume son corps, son passé, sa situation présente : mais l'amour est mouvement vers un autre, vers une existence séparée de la sienne, une fin, un avenir...
Beauvoir, Deux. sexe,t. 2, 1949, p. 274. SYNT. Mouvement d'abattement, d'agacement, d'amour, d'attention, de bonté, de cœur, de colère, de dégoût, d'enthousiasme, de fureur, d'horreur, d'humeur, d'impatience, d'indignation, d'inquiétude, de joie, de passion, de peur, de rage, de révolte, de sensibilité, de surprise, de terreur, de vanité; mouvements intérieurs; mouvement généreux, machinal, naturel, noble, passionné, soudain, spontané, violent. 2. [Le mouvement concerne une collectivité] a) Réaction collective, comportement de groupe. Mouvements dans l'assistance; mouvements d'indignation, de réprobation générale; mouvement de solidarité. Lévêque, le papetier d'à côté. Une bonne dame qui tient aussi un cabinet de lecture. C'est très commode, car enfin il faut suivre le mouvement littéraire (A. Daudet, Jack,t. 2, 1876, p. 241). ♦ Mouvements divers*. b) Courant de pensée qui marque un changement des idées dans le domaine artistique, intellectuel, littéraire, etc. Mouvement d'idées, d'opinion; le mouvement romantique, dada, surréaliste. V. dada2ex. 1 et littéraire ex. 2. ♦ (Être) dans le mouvement. (Être) au fait de l'actualité, des nouveautés. Synon. récent (être) dans le vent*.Je ne vous demande pas, monsieur, si un homme dans le mouvement comme vous, a vu (...) le portrait de Machard qui fait courir tout Paris (Proust, Swann,1913, p. 374). ♦ Lancer le mouvement. Prendre l'initiative de. c) Changement dans le domaine social, dans le régime politique d'une société. Le mouvement de l'histoire; le mouvement du progrès; parti du mouvement (p. oppos. au parti conservateur). − En partic. Parti du mouvement. ,,Tendance politique qui, au début de la monarchie de Juillet, s'opposa au parti de la résistance`` (Lar. encyclop.). d) Action collective qui vise à infléchir une situation sociale ou politique. Mouvement de grève; mouvement d'insurrection. Au Cameroun, en particulier, le mouvement d'opposition à l'armistice s'étendait à tous les milieux (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 91). − Absol. Les mouvements. Les désordres sociaux : 18. [Le gouvernement britannique] redoute, probablement, que ma présence à Tripoli ou au Tchad ne provoque des mouvements en Afrique du Nord française ou des incidents avec Giraud.
De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 451. e) Groupement, parti, organisation qui animent des actions visant au changement politique ou social. Mouvement politique, syndicaliste; mouvement de résistance, de libération; mouvement fasciste, réformateur; mouvement de libération de la femme. Tantôt la bourgeoisie révolutionnaire a sombré, entraînant avec elle le prolétariat. Tantôt la bourgeoisie révolutionnaire victorieuse a eu la force de contenir, de refouler le mouvement prolétarien (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. xxxi): 19. ... il ne savait rien, il n'osait causer de ces choses qui le passionnaient, l'égalité de tous les hommes, l'équité qui voulait un partage entre eux des biens de la terre (...). Maintenant, il était en correspondance régulière avec Pluchart, plus instruit, très lancé dans le mouvement socialiste. Il se fit envoyer des livres, dont la lecture mal digérée acheva de l'exalter...
Zola, Germinal,1885, p. 1274. B.− [Mouvement en tant que quantité variable] Variation quantitative d'un phénomène mesurable au cours d'une période déterminée. Mouvements de la population, des prix; mouvement de hausse, de baisse; les mouvements de la Bourse : 20. ... il devient possible de construire les coûts comparatifs, les rapports de l'échange, les gains de l'échange, les tendances au rétablissement de l'équilibre de la balance des paiements par les mouvements des prix.
Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 277. IV.− PHILOS. [Le mouvement défini dans son principe] A.− [Le mouvement dans une perspective phénoménologique] Mouvement absolu, relatif. C'est bien le mouvement en lui-même que nie Zénon, le mouvement sous toutes ses formes, le mouvement des phénomènes élémentaires aussi bien que le mouvement de l'Univers pris dans son ensemble (V. Brochard, Ét. de philos. anc. et de philos. mod.,Paris, J. Vrin, 1926, p. 16): 21. On dit le plus souvent qu'un mouvement a lieu dans l'espace, et quand on déclare le mouvement homogène et divisible, c'est à l'espace parcouru que l'on pense, comme si on pouvait le confondre avec le mouvement lui-même. Or, en y réfléchissant davantage, on verra que les positions successives du mobile occupent bien en effet de l'espace, mais que l'opération par laquelle il passe d'une position à l'autre, opération qui occupe de la durée et qui n'a de réalité que pour un spectateur conscient, échappe à l'espace. Nous n'avons point affaire ici à une chose, mais à un progrès : le mouvement, en tant que passage d'un point à un autre, est une synthèse mentale, un processus psychique et par suite inétendu.
Bergson, Évol. créatr.,1907, pp. 91-92. B.− [Le mouvement dans une perspective ontologique] En organisant la matière, Dieu lui donne le mouvement (Boucher de Perthes, Création,t. 1, 1838-41, p. 149): 22. Il n'y a donc point et il ne peut y avoir de causes physiques proprement dites, parce qu'il n'y a point et qu'il ne peut y avoir de mouvement sans un moteur primitif, et que tout moteur primitif est immatériel; partout, ce qui meut précède ce qui est mu, ce qui mène précède ce qui est mené...
J. de Maistre, Soirées St-Pétersb.,t. 1, 1821, p. 365. Prononc. et Orth. : [muvmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. A. 1. a) α) Fin du xiies. « capacité, faculté de se mouvoir » (Sermons de Saint Bernard, éd. W. Foerster, p. 21, 22 : C'est il ki ... done ... lo movement a toz les menbres);
β) ca 1200 « action ou manière de se mouvoir ou de mouvoir une partie de son corps » (Dialogues Grégoire, 138, 9 ds T.-L. : nïent de crüelteit ne mostreved en ses movemenz); b) 1676 [éd.] « marche, évolution d'une troupe, d'une armée » (Bouhours, Remarques nouvelles sur la langue française, p. 474); c) 1772 « ensemble de déplacements de véhicules,... » (Raynal, Histoire philosophique des Indes, V, p. 437 ds Brunot t. 6, p. 351 : mouvement des navires); d) 1796 « remue-ménage, agitation » (Restif de La Bret., Hist. de Sara, p. 116); 2. a) 1247 « tremblement de terre » (Image du monde, éd. O. H. Prior, p. 145); b) 1377 les mouvemens du ciel (Nicole Oresme, Livre du ciel et du monde, éd. A. D. Menut, p. 284, 188); c) 1691 mus. « marche des sons du grave à l'aigu et de l'aigu au grave, entre des parties qui concertent ensemble » (Ozanam, p. 657); d) α) 1807 mouvement d'argent (Destutt de Tr., Comment. Esprit des lois, p. 313);
β) 1832 mouvement de fonds (Say, Écon. pol., p. 544);
γ) 1840 mouvement des capitaux (Proudhon, Propriété, p. 274). B. 1574 [éd.] « mécanisme qui produit, entretient un mouvement » (Saint-Gelais,
Œuvres poétiques, p. 177 : mouvement... d'une monstre). C. 1. a) 1639 beaux-arts (Poussin, Lettre du 28 avril ds Littré); b) 1831 mouvement de l'architecture (Michelet, Journal, p. 94); 2. a) 1669 « animation, vivacité dans une composition littéraire » (La Fontaine, Les amours de Psyché et de Cupidon ds
Œuvres, éd. H. Régnier, t. 8, p. 106 : mouvement du discours); b) 1824 mouvement de la phrase (Joubert, Pensées, t. 2, p. 62); 3. a) 1690 mus. « degré de rapidité de la mesure qu'il convient d'observer dans l'exécution d'un morceau de musique » (Fur.); b) 1897-1900 « partie d'une œuvre musicale, morceau » (D'Indy, Compos. mus., t. 2, p. 95); 4. 1798 « ligne courbe que l'on considère comme l'effet d'un mouvement » (Ac.). II. A. 1. a) Ca 1280 « impulsion qui pousse à agir d'une certaine façon » (Clef d'amour, 518 ds T.-L.); b) 1690 bon mouvement (Fur.); 2. a) 2emoitié du xiiies. « émeute, révolte » (Lég. Girart de Roussillon, 73 ds T.-L.); b) 1657 « réaction collective d'un groupe de personnes, se traduisant dans le comportement » (Pascal, Provinciales, XVIII ds
Œuvres, éd. L. Lafuma, 1963, p. 468b); 3. a) 1784 « évolution, changement dans le domaine social » (Necker, Administration des Finances, t. 5, p. 342 ds Brunot t. 6, p. 107 : mouvement de la Société); b) 1881 être dans le mouvement (Rigaud, Dict. arg. mod., p. 263); 4. a) 1790 « action collective, violente ou non qui vise à produire un changement de caractère social ou politique » (Marat, Pamphlets, On nous endort, p. 222 : mouvement populaire); b) 1819 mouvement d'idées (Maine de Biran, Journal, p. 229); c) 1825 mouvement littéraire (Hugo, Corresp., p. 427); 5. 1835 « variation, fluctuation d'ordre numérique » (Ac. : mouvement des prix); 6. philos. a) 1647 [éd.] (Descartes, Principes de la philos., p. 93 : il n'y en a point d'autre que Dieu qui de sa Toute-puissance a créé la matière avec le mouvement et le repos); b) 1907 [éd.] phénoménol. (Bergson, op. cit., p. 271). Dér. de mouvoir*; suff. -(e)ment1*. Fréq. abs. littér. : 22 821. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 37 170, b) 23 553; xxes. : a) 29 169, b) 35 174. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 348. − Gohin 1903, p. 355. − Matoré (G.). Le Mouvement et la communication ds le vocab. contemp. J. de psychol. 1959, t. 56, pp. 275-302. − Quem. DDL t. 11. − Sculpt. 1978, pp. 690-691. |