| MOUVANCE, subst. fém. A.− 1. DR. FÉODAL. État de dépendance dans lequel est tenu un fief par rapport à un autre. Comme Baudoin lui demandait ensuite les raisons de son attitude, il répondit en revendiquant la suzeraineté d'Édesse, « la ville ayant appartenu de tout temps à la mouvance d'Antioche... » (Grousset, Croisades,1939, p. 88): 1. Comme la terre de Bargeton, située en Angoumois dans la mouvance du fief de La Rochefoucauld, était substituée, ainsi qu'une maison d'Angoulême, appelée l'hôtel de Bargeton, le petit-fils de Monsieur de Bargeton-le-mangeur hérita de ces deux biens.
Balzac, Illus. perdues,1837, p. 40. − P. métaph. Car nos années sont terres de mouvance dont nul ne tient le fief, mais comme un grand Ave de grâce sur nos pas nous suit au loin le chant de pur lignage (Saint-John Perse, Exil,1942, p. 273). − P. méton. Fief dépendant d'un fief plus important. Depuis l'établissement des impôts, le duc de Navarreins ne touchait pas quinze mille francs par an de cette seigneurie, jadis une des plus riches mouvances du royaume (Balzac, Curé vill.,1839, p. 128). 2. Domaine, zone d'influence. La France conserverait son influence sur les pays qui relèvent traditionnellement de sa mouvance (Le Monde,21 févr. 1969ds Gilb. 1971). ♦ Dans, sous la mouvance de.Sous l'autorité de : 2. Si l'information de l'opinion est, au sens le plus large du mot, un service public de fait, seule celle qu'assure la radio-télévision (si l'on excepte le cas particulier du journal et des bulletins officiels) s'appuie sur un organisme placé dans la mouvance de l'État.
Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 142. B.− Caractère de ce qui est changeant, instable; p. méton. instabilité. 1. [À propos d'un inanimé concr.] Nathanaël, nous n'avons pas encore ensemble regardé les feuilles. Toutes les courbes des feuilles... feuillages des arbres; grottes vertes, percées d'issues; fonds déplaçables aux moindres brises; mouvance; remous des branches; balancement arrondi (Gide, Nourr. terr.,1897, p. 226). 2. [À propos d'un inanimé abstr.] Mais, malgré cette incertitude majeure et inévitable, il faut quand même concevoir les bases essentielles sur lesquelles fonder l'organisation générale des forces, le choix des matériels et de l'instruction. Il est indispensable dans cette mouvance de trouver des points fixes auxquels amarrer nos dispositions quotidiennes (Beaufre, Dissuasion et strat.,1964, p. 143). Prononc. et Orth. : [muvɑ
̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1516 [et non 1495, v. l'éd. p. 483, note a] dr. féodal « dépendance d'un fief par rapport à un autre » (Coutumes de Sens ds Nouv. Coutumier Général, éd. Ch. A. Bourdot de Richebourg, t. 3, p. 499); b) 1756 droit de mouvance (Voltaire, Essai hist., t. 2, p. 274); 2. 1733 « état de dépendance » (Dubos, Réflexions critiques, t. 2, p. 215); 3. 1897 « caractère de ce qui est mouvant, sujet à changement » (Gide, loc. cit.); 4. 1917 « changement d'état, de forme » (Estaunié, Solitudes, p. 162); 5. 1967 « domaine d'influence » (Le Monde, 15 janv. ds Gilb. 1971). Dér. de mouvoir, comme terme féod. (B 3); suff. -ance*. Fréq. abs. littér. : 12. |