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MOUTONNEMENT, subst. masc.
Action de moutonner (v. ce mot B); résultat de cette action.
A.− Ondulation, boucle de cheveux, de barbe, de poils. J'étais vraiment trop près d'elle, la narine emplie de sa présence réelle, sentant sa personne, et les yeux attachés aux moutonnements de la chevelure (Jouve, Scène capit.,1935, p. 194).S'il est mort c'est d'une attaque. Il sera couleur aubergine, avec la langue hors de la bouche. La barbe en l'air; le cou violet sous le moutonnement du poil (Sartre, Nausée,1938, p. 99).
B.− Mouvement, aspect de ce qui moutonne. V. moutonner B 2.
1. Mouvement et aspect de la mer, des vagues crêtées d'écume. Comme une lame de fond couvre et détruit les moutonnements des fins de mer sur la grève (Montherl., Songe,1922, p. 18).
2. Aspect du ciel chargé de moutons. Sous un ciel où la lune met un rayonnement blême dans le moutonnement de nuages, couleur de suie (Goncourt, Journal,1891, p. 67).
C.− P. anal.
1. Mouvement d'une foule, d'un troupeau semblable au moutonnement de la mer. Une ombrelle blanche au bout de la rue, au-dessus du moutonnement des fez et des turbans (Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 136).L'eau, par endroits, était si peu profonde que les reins des bêtes émergaient, se pressaient côte à côte dans un moutonnement confus (Genevoix, Raboliot,1925, p. 21).
2. Aspect d'un paysage, d'un ensemble d'inanimés, semblable à un troupeau de moutons. Là, une plaine s'étendait, avec le moutonnement des petits oliviers grisâtres, jusqu'aux dentelures roses des collines lointaines (Zola, Œuvre,1886, p. 40).Les détachements rompus de l'armée franco-égyptienne se cherchaient à travers le moutonnement des dunes (Grousset, Croisades,1939, p. 199).
D.− Au fig. ou p. métaph. Mouvement diffus ou monotone. Une des premières fois que notre succès nous arrive à l'oreille et qu'il se fait autour comme un moutonnement de curiosité avide (Goncourt, Journal,1868, p. 406).Non, le passé n'embellit pas, il creuse seulement, dans la mémoire, les traits des choses, les isole du moutonnement monotone des heures (Arnoux, Roi,1956, p. 155).
Prononc. et Orth. : [mutɔnmɑ ̃]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1856 (Baudel., Hist. extr., p. 223 : on apercevait une île... ou plutôt on la devinait au moutonnement énorme des brisants dont elle était enveloppée). Dér. de moutonner*; suff. -(e)ment1*. Fréq. abs. littér. : 32.