| MOUSSON, subst. fém. CLIMATOL. Vent saisonnier concernant en particulier l'Asie du Sud-Est et l'Océan Indien, soufflant alternativement six mois dans une direction, six mois dans la direction opposée, et apportant des changements climatiques très importants, généralement une alternance de climat très sec et de climat très humide. Mousson d'été, d'hiver; renversement de la mousson. Entre la côte de la Chine au sud de Formose et la côte d'Annam, l'alternance de la mousson hivernale du nord et de la mousson estivale du sud a créé des rapports : le nom de mer de Chine les exprime (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 266).Il est à signaler que les moussons se font sentir seulement dans la partie inférieure de l'atmosphère, et que, à des altitudes supérieures à 4 ou 5 kilomètres, les caractères de la circulation générale ne sont plus modifiés (Maurain, Météor.,1950, p. 109):La rade de Samboangan est assez sûre pendant la mousson de l'est, mais elle est ouverte aux vents d'ouest depuis le S.O. jusqu'au N.O., aussi n'est-elle fréquentée que par les navires en passage qui reviennent de la Chine ou qui y vont à contre-mousson.
Dumont d'Urville, Voy. Pôle Sud,t. 7, 1844, p. 214. P. méton. Saison caractérisée par la direction dominante de la mousson ou par les effets (sécheresse, pluie) provoqués par celle-ci. Mousson d'été, d'hiver. Dans les pays indiens, l'année est partagée en deux saisons nommées moussons (Dopter dsNouv. Traité Méd.fasc. 3 1927, p. 312).− Absol. Période intermédiaire entre les changements de direction de la mousson (renversement) caractérisée par l'instabilité du temps et du vent et généralement par de très fortes précipitations. Quand le ciel s'obscurcit brusquement sous l'orage, Car on était alors au temps de la mousson (Coppée, Vingt contes nouv.,1883, p. 247).[L'avion] se trouva pris dans un de ces temps de mousson où la nuit se fait tout à coup, où un avion n'est plus qu'une chétive chose perdue dans la pluie et le vent (Tharaud, Paris-Saïgon,1932, p. 156). ♦ P. métaph. Je sais maintenant que toutes les deux semaines j'ai une gêne physique. C'est ma mousson. Je ne travaille plus. De temps en temps, je fais les cuivres, je tripolise l'habitacle, pour le regarder s'oxyder de nouveau (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1895, p. 238). Prononc. et Orth. : [musɔ
̃]. Ac. 1762 : mousson; 1798-1878 : mousson, mouçon; 1935 : mousson. Étymol. et Hist. A. 1598 (W. Lodewijcksz, Premier livre..., fo35 vods Arv., p. 344 : Mouçones de vents [trad. du néerl.; à l'original a Monçon]); 1602 monson (O. van Noort, Description du penible voyage..., p. 52, ibid.). B. 1608 Monçan (P. du Jarric, Hist. des choses..., t. 1, p. 34, ibid., p. 345). C. 1622 mousson (Relation des deux Caravelles..., p. 177 [trad. de l'esp.], ibid., p. 346). D. 1663 mousson (J. de Thévenot, Relations de divers Voyages, t. i, p. 7, ibid., p. 348). Empr., d'abord (A) par l'intermédiaire du néerl. monssoen (att. dès chez Linschoten d'apr. NED, s.v. monsoon), au port. monçɑ
̃o, mouçɑ
̃o (début xvies. ds Dalg. et Mach.), lui-même empr. à l'ar. mawsim « saison; fête qui a lieu à époque fixe, saison du pèlerinage à la Mecque; chez les marins arabes : saison des vents favorables à la navigation vers les Indes », dér. de wasama « marquer, désigner ». B empr. directement au port. C empr. à l'esp., et celui-ci au port. La forme en -ou- de ce texte semble due à l'attraction paron. de mousse. C'est seulement à partir de Thévenot (D, ici dans une trad. d'un texte angl.) que paraît s'implanter définitivement la forme mousson (v. Arv. 1963, pp. 344-350; Dozy t. 2, pp. 805b-806a; Lok. no1451; FEW t. 19, p. 125a). Fréq. abs. littér. : 96. |