| MOULINET, subst. masc. A.− Vx. Petit moulin. (Dict. xixeet xxes.). B.− P. anal. Appareil ou dispositif qui fonctionne par un mouvement de rotation ou qui a une disposition en ailes. On met [la pâte], pour en séparer l'eau (...), dans de grandes auges (...) de grès, [où] un moulinet de bois met en mouvement la masse de pâte (Al. Brongniart, Arts céram.,t. 2, 1844, p. 150).[L'exemplaire du journal] descend ensuite dans un moulinet tournant qui le dépose sur un banc de cordons mobile éloignant les exemplaires sortis pour laisser la place au nouvel arrivant (Civilis. écr.,1939, p. 8-15): On a fait des crécelles de différentes formes : Dideron, dans ses Annales archéologiques, donne la description d'un de ces moulinets provenant de la cathédrale de Bourges (...). Cet antique instrument a été repris à une époque contemporaine, pour en faire un véritable jouet d'enfant...
D'Allemagne, Hist. jouets,1902, p. 30. − Spécialement ♦ HIST. Petite croix en bois, montée sur pivot et manœuvrée comme un treuil pour serrer la corde qui servait à étrangler un condamné à la roue pour abréger son supplice. Lorsque le patient ne devait pas être rompu vif, ou qu'on voulait user envers lui de quelque douceur, on lui passait au cou une corde communiquant à un moulinet, au moyen duquel on l'étranglait ([L'héritier],Mém. Révol. fr.,t. 2,1830, p. 47, note). ♦ HYDROL. Appareil employé pour mesurer la vitesse d'écoulement d'un cours d'eau grâce à une hélice qu'on immerge et qui, entraînée par le courant, transmet à un compteur son nombre de tours. Le moulinet est (...) maintenu en direction par une dérive. L'opérateur le maintient en position au bout d'une perche (Colas-Cab.1968). ♦ GRAV. et IMPR. Assemblage en croix de deux pièces de bois, qui sert à donner le mouvement aux presses lithographiques ou de taille-douce. À l'avant du chariot [de la presse Brisset] est attachée une sangle qui va s'enrouler autour d'un arbre mis en mouvement par un moulinet (Chelet, Lithogr.,1933, p. 96).En 1804, il [Senefelder] conçut une presse à deux cylindres entre lesquels la pierre recouverte de la feuille était entraînée sous l'action d'un moulinet comme dans les presses de taille-douce d'aujourd'hui (Civilis. écr.,1939, p. 10-5).Vieilli. Faire le moulinet. ,,Rabattre d'un seul coup de main la frisquette et le tympan sur la presse typographique`` (Bég. Estampe 1977). ♦ PÊCHE. Accessoire muni d'une bobine, fixé sur une canne à pêche et permettant de raccourcir ou d'allonger le fil. Moulinet automatique, à tambour fixe, tournant. Y a d'autres gens, encore, qui pratiquent le lancer du moulinet. Encore une mécanique hors de prix (...) des pivots à rubis, une horlogerie flatteuse à l'œil, tout ce qu'il y a de rupin (Genevoix, Boîte à pêche,1926, p. 84). ♦ TECHNOL. ,,Treuil vertical ou horizontal traversé par des leviers et qui s'adapte aux engins destinés à élever les fardeaux`` (Chabat 1881). ♦ Tourniquet placé à l'entrée d'un chemin ou d'un édifice, qui ne laisse passer qu'une personne à la fois. (Dict. xixeet xxes.). C.− Mouvement circulaire et rapide effectué avec les bras (et parfois avec un objet que l'on tient à la main). Il prit sa canne, un formidable bâton de chêne dont il se servait toujours en ses courses nocturnes (...). Et il regarda en souriant l'énorme gourdin qu'il faisait tourner, dans sa poigne solide de campagnard, en des moulinets menaçants (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Clair de lune, 1882, p. 32).Dans la grande galerie de la Sorbonne, quelques étudiants chantaient à tue-tête et faisaient des moulinets avec leurs serviettes (Magnane, Bête à concours,1941, p. 416).Ses deux bras font de frénétiques moulinets évoquant le tournoiement d'une hache (Lifar, Traité chorégr.,1952, p. 120). − Spécialement ♦ ESCR. Mouvement circulaire et rapide effectué avec une épée, un sabre ou pour écarter l'arme de l'adversaire ou parer ses coups. Faire le moulinet. Max essaya d'un moulinet en manœuvrant son sabre avec une dextérité de bâtonniste; il voulait étourdir Philippe et rencontrer son sabre, afin de le désarmer (Balzac, Rabouill.,1842, p. 541).Tantôt il [l'artilleur] écharpe, tantôt il pique en avant. Ensuite, il exécute des moulinets terribles qui font papilloter les paupières, et des moulinets suprêmes, si rapides et si nets qu'on distingue en l'air une corbeille d'acier (Renard, Lanterne sourde,1893, p. 16).P. métaph. Quelques crapules joviales des cabinets d'affaires de la Côte d'Azur faisant des moulinets avec des mots (Morand, Homme pressé,1941, p. 38). ♦ DANSE. Figure de quadrille dans laquelle les danseuses, réunies par la main droite et donnant la main gauche à leur cavalier, effectuent un tour complet. À la dernière figure, quand les dames du quadrille eurent à former le moulinet, ses doigts pressèrent alors ceux de la comtesse (Balzac, Paix mén.,1830, p. 347).Mon salon fut donc si rempli (...) et la confusion y fut telle, que les dames de la première et de la seconde race se laissèrent entraîner à se toucher le bout des doigts pour faire la figure de contredanse qu'on appelle le moulinet (Sand, Hist. vie,t. 4, 1855, p. 47). Prononc. et Orth. : [mulinε]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. xiiies. « petit moulin » (G. Schlessinger, Die altfranzösischen Wörter im Machsor Vitry, 57, p. 44); 2. 1390 « petit moulin à vent servant de jouet » (Arch. nat. KK 21, fol. 89 vods Gay); 3. 1527 « rouleau traversé par deux leviers en croix s'appliquant à différentes machines pour tirer les cordages, lever des fardeaux » (Compte Béthune ap. La Fons, Gloss. ms., Bibl. Amiens ds Gdf.); 4. 1701 « instrument pour serrer la corde qui étranglait le condamné sur la roue » (Fur.); 5. 1812 « assemblage de bois en forme de croix qui donne le mouvement aux presses à bras lithographiques » (Mozin-Biber); 6. 1896 « bobine sur laquelle on enroule la ligne d'une canne à pêche » (Bouillet). B. 1. 1623 faire le moulinet (avec un bâton) (Sorel, Francion, éd. Colombey, 497); 1651 (avec les bras) (Scarron, Roman comique, éd. E. Magne, 55); 2. 1594 « figure de contre-danse » (Satyre Ménippée, éd. E. Tricotel, p. 19); 1830 « figure du quadrille » (Balzac, loc. cit.). Dimin. de moulin*; suff. -et*, l'expr. faire le moulinet vient du sens de mouliner « bâton à deux bouts pour faire le moulinet » (1418 ds Gdf.). Fréq. abs. littér. : 67. Bbg. Delb. Matér. 1880, p. 208. − Hasselrot 1957, p. 201; 20es. 1972, p. 76. − Quem. DDL t. 1. |