| MOUKÈRE, MOUQUÈRE, subst. fém. A. − Femme maghrébine. Les vedettes se croient obligées à des torsions de croupe et à des ballottements de la poitrine, du genre «moukère» (...) qui plaît infiniment à ces salles d'Orientaux (Morand,New-York, 1930, p.169).La fatma, elle me fait signe de venir, de monter dans son gourbi (...). Elle me prend la main, la moukère, elle me la retourne, elle me regarde dedans, les paumes... de tout près, avec la lampe. Elle va me faire les lignes (Céline,Mort à crédit, 1936, p.259). B. − Arg. et pop. Femme, maîtresse, prostituée. Le citoyen se précipita sur le sac à main d'une dame et s'enfuit au pas de course. La mouquère se mit à brailler (Queneau,Loin Rueil, 1944, p.64). Prononc. et Orth.: [mukε:ʀ]. Rob., Lar. Lang. fr.: -kère ou -quère; Aragon, Beaux quart., 1936, p.62: -khère. Étymol. et Hist. 1863 moukeiras plur. (A. Camus, Bohêmes du drapeau, pp.67 et 174); 1863 moukères (Id., ibid., p.208); 1885 mouqueires (Méténier, Lutte, p.92 ds Sain. Lang. par., p.160); 1888 mouquère (d'apr. FEW t.6, 3, p.200b); 1897 mouquère (A. Daudet, La Fédor, p.56 ds Pauli). Empr. au sabir algérien moukera, mouchéra «femme» (1830, Dict. de la lang. franque ou petit mauresque, Marseille, pp.17 et 34) et celui-ci à l'esp. mujer «id.», du lat. mulier «id.». Cf. Lanly, p.42: ,,La moukère (ou la mouquère): c'est à l'origine un mot espagnol (mujer) adopté d'abord par l'arabe. La jota espagnole correspond exactement au [hFa] arabe: la prononciation k est donc le fait d'Européens non espagnols``. Fréq. abs. littér.: 14. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p.284 (s.v. mouquère). |