| MOUCHETURE, subst. fém. A. − [Correspond à moucheté A] 1. Petite tache de couleur autre que celle du fond. La moucheture de cette étoffe est agréable (Ac.). − FOURR. Moucheture d'hermine. ,,Les queues d'hermine ou les petits morceaux de fourrure noire que l'on met de distance en distance sur de l'hermine`` (Ac. 1935). − HÉRALD. Chacune des marques de l'hermine. Hermine, une des fourrures héraldiques représentée en blason par un champ d'argent, semé de mouchetures de sable sans nombre, contre-hermine se dit du champ de sable semé de mouchetures d'hermine d'argent (L'Hist. et ses méth.,1961, p.761). − ARCHIT. ,,Ornements de fantaisie dont on remplit certains espaces vides dans les ouvrages de sculpture`` (Noël 1968). 2. Ensemble de taches plus ou moins régulières. Bientôt les collines, aux deux côtés de la rivière, s'abaissent encore; le sommet des collines s'argente; quelques pins font une moucheture à leurs flancs (Gide,Journal,1939, p.408).Devant moi s'étendaient en nappe blanche les terres stériles des Syrtes, piquées des mouchetures de leurs rares fermes isolées (Gracq,Syrtes,1951, p.33): 1. Au pied du Trocadéro, la ville couleur de plomb semblait morte, sous la tombée lente des derniers brins de neige. C'était, dans l'air devenu immobile, une moucheture pâle sur les fonds sombres, filant avec un balancement insensible et continu...
Zola,Page amour,1878, p.1084. 3. Salissure, éclaboussure. Mon bonheur, mon amour, dépendaient d'une moucheture de fange sur mon seul gilet blanc! (Balzac,Peau chagr.,1831, p.131).Naudet, très correct, sans une moucheture de boue, malgré le temps atroce (Zola,
Œuvre,1886, p.202). B. − [Correspond à moucheté B] 1. Ensemble des taches naturelles du pelage de certains animaux. Synon. ocelle, rayure, zébrure.Moucheture du tigre, du daim. Le braque bleu d'Auvergne, l'un des plus répandus, fortement membré, caractérisé par d'originales taches ou mouchetures bleues moirées, est un passionné de la chasse, un ardent (Vidron,Chasse,1945, p.113). 2. ,,Maladie de blé qui rend noire la graine de cette céréale; c'est la nielle ou charbon`` (Fén. 1970). 3. ,,Taches naturelles parsemées dans le parement d'une pierre et qui marquent le plus souvent des emplacements de fossiles`` (Noël 1968). C. − [Correspond à moucheter A 5] Petites incisions faites à la pointe du bistouri à la surface d'un oedème pour donner issue au liquide sous-cutané. Synon. scarification.Si cependant le gonflement des endroits tuméfiés étoit si volumineux, que la femme en fût trop gênée, on feroit aux lèvres de la partie quelques mouchetures ou scarifications, qu'on bassineroit ensuite avec l'eau vulnéraire (Geoffroy,Méd. prat.,1800, p.247): 2. Œdème du fourreau. Fréquent chez les chevaux restant à l'écurie en stabulation forcée (...). On recommande alors l'exercice, si cela est possible, des ablutions chaudes et quelques mouchetures au bistouri.
Garcin,Guide vétér.,1944, p.118. Prononc. et Orth.: [muʃty:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1539 «ensemble de taches d'une autre couleur que le fond sur lequel elles sont semées» mouscheture (Est.); 2. 1575 «scarification faite à la surface de la peau» (A. Paré, XV, 69, éd. J.-F. Malgaigne, II, p.525); 3. 1606 «ensemble des taches naturelles du pelage de certains animaux» (Nicot); 4. 1644 «chacune des petites marques de l'hermine» (M. Vulson, Sieur de La Colombière, Science héroïque ds Rich. 1688); 5. 1771 «poussière noire du blé» (Trév.). Dér. de moucheter*; suff. -ure*. Fréq. abs. littér.: 10. |