| MOTIF, subst. masc. I. A.− Élément d'ordre (généralement) mental qui incite à agir ou, selon le cas, à réagir (en fournissant, le cas échéant et à posteriori, une justification de l'action ou de la réaction). Une dernière métaphore peut être introduite, la plus importante puisqu'elle donne son étymologie au mot motif, la plus dangereuse puisqu'elle invite à une interprétation naturaliste du vouloir. Le motif est comme une motion, une impulsion. La volonté ne meut que sous la condition d'être mue (Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 78).Le sens propre de « motif », n'est-ce pas : ce qui met en marche, ce qui meut et émeut? (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 72): 1. On montrerait sans peine que ces actions insignifiantes sont liées à quelque motif déterminant. C'est dans les circonstances solennelles (...) que nous choisissons en dépit de ce qu'on est convenu d'appeler un motif; et cette absence de toute raison tangible est d'autant plus frappante que nous sommes plus profondément libres.
Bergson, Essai donn. imm.,1889, p. 135. 1. [À propos d'une action volontaire, d'une décision] a) Synon. de cause, raison.Il tente de justifier ce qu'il entreprend plutôt que d'en chercher les motifs ou les conséquences réelles. Comme tout le monde. La crainte des motivations inclina toujours aux justifications (Nizan, Conspir.,1938, p. 101). − Motif de + verbe.Motif de croire, de voter; (n'avoir aucun) motif de se plaindre. Il y a un drame perpétuel en moi entre raison et volonté. C'est pour cette dernière que j'ai opté! Je veux croire (...), avoir foi dans les destinées de l'humanité. Ce n'est que de la sorte que j'ai un motif d'agir, une raison de vivre (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 499). ♦ P. méton. Pour tirer de chacun de ses élèves la somme de ce qu'il pouvait donner, personne ne l'égalait. (...) il était pour chacun d'eux l'excitateur toujours présent, le motif de vivre et de travailler (Renan, Souv. enf.,1883, p. 179). − Motif de + subst.Motif de divorce; motif d'une conduite, d'un retard. Vous êtes petit, et rapetissez tout à votre mesure. Je vous ai toujours vu abaisser le motif de mes entreprises : croire que je faisais par avidité ce que je faisais pour le bien du royaume (Montherl., Reine morte,1942, i, 1ertabl., 3, p. 145).Voici deux ordonnances (...) [qui contiennent] les motifs de la discrimination que vous voulez introduire entre les Juifs et les Maures qui vivent en Castille (Camus, Chev. Olmedo,1957, 2ejournée, 12, p. 775). − Locutions ♦ Pour un/des motif(s) qui échappe(nt) (à qqn). Pour une/ des raison(s) inconnue(s) (de quelqu'un). Pour un motif qui nous échappe (...) les pneumonies du sommet sont plus fréquemment centrales (Cadet de Gassicourt, Mal. enf.,t. 1, 1880, p. 66). ♦ Pour ce motif. Pour cette raison. Pour ce motif, les Allemands ont désigné ces phyllades sous le nom de Thonschiefer (Lapparent, Abr. géol.,1886, p. 150). ♦ Sans motif. Sans raison. Sa jeune force impatiente voulait se dépenser. Avec ou sans motif, il voulait se décider. Agir, employer, user son énergie (Rolland, J.-Chr.,Nouv. journée, 1912, p. 1531). b) Synon. de intention, raison.Préciser le(s) motif(s) d'une démarche; deviner les motifs d'une personne. Écoutez, Malek Adhel, écoutez quel motif m'a conduite ici (Cottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 162).Il soupçonna quelque motif secret à cette prompte réunion d'hommes, et peut-être devina-t-il bien en croyant qu'ils voulaient se procurer des armes (Balzac, Chouans,1829, p. 9). − Loc. fam., p. plaisant. (Pour) le bon motif. (Avec) intention de mariage. Gladiator : (...) Commandeur, j'aime votre nièce! Jean : Très bien (...). Je n'ai pas besoin de vous demander si c'est pour le bon motif! (Labiche, Trente millions Gladiator,1875, iv, 4, p. 103). ♦ [P. méton.] Ou bien, peut-être, est-elle la promise Du menuisier qu'on voit en manches de chemise Raboter en chantant au fond de notre cour; Ivres de bon motif et de parfait amour, Ils s'aiment! (Coppée, Aband.,1871, p. 101). ♦ Pour le mauvais motif/l'autre motif. Il ne se serait par conséquent jamais mis dans sa petite tête (...) de faire une cour pour le mauvais motif (...) chez des gens calés comme les Leclercq (Verlaine,
Œuvres compl.,t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 110). c) Synon. de but, objet.L'heure du bain était celle où Chrysis commençait à s'adorer. Toutes les parties de son corps devenaient l'une après l'autre l'objet d'une admiration tendre et le motif d'une caresse (Louÿs, Aphrodite,1896, p. 19).Une fois les thèmes religieux écartés, le professeur n'a plus qu'un seul motif, le savoir, l'érudition (Barrès, Cahiers,t. 9, 1911, p. 53). d) Synon. de sujet.Motif de brouille, de discorde, de réjouissances. On voudra savoir le motif de cette grosse querelle (Champfl., Bourgeois Molinch.,1855, p. 239).Après une longue conversation qui roulait presque tous les matins sur le même motif, le docteur retourna déjeuner chez lui (Champfl., Souffr. profess. Delteil,1855, p. 65). SYNT. Principal, puissant motif; motif apparent, avouable, cupide, désintéressé, futile, grave, plausible, réel, secret, solide, valable, véritable; alléguer, cacher un motif; préciser les motifs qui ont déterminé, porté, poussé (qqn) à agir, à commettre un acte. 2. [Dans le cadre de l'affectivité] Motif d'amertume, d'apaisement, d'aversion, de dégoût, de désolation, de haine, d'inquiétude, de jalousie, d'orgueil. − Motif (de) + subst.Synon. sujet.Il n'en voulait pas sur le moment à Solange de s'être cru obligé (...) de dîner dans un restaurant à prétentions, mais il mettait de côté, soigneusement, ce motif de rancune, et de rancune généreuse, (...) pour le retrouver le jour où il aurait envie de se détacher d'elle (Montherl., J. filles,1936, p. 1064).Alors que l'attentat doit être connu de tous. Elle n'y voit aucun motif d'espérance, elle l'accepte au contraire ainsi qu'un présage sinistre (Bernanos, Mouchette,1937, p. 1321). − Motif (+ prép.) + verbe.Synon. raison.Que de motifs pour ressentir avec désespoir ma solitude actuelle (Bourget, Actes suivent,1926, p. 32).Vous avez de la chance. D'autres le sont moins [heureux], monsieur, d'autres souffrent. D'autres n'ont pas les mêmes motifs que vous de se réjouir (Anouilh, Répét.,1950, v, p. 112). B.− Spécialement 1. DROIT a) DR. PRIVÉ. Argument développé par un plaideur dans ses conclusions (et qui fonde la raison de la plainte et le recours en justice). Motif de plainte; motifs légitimes. Comme il la menaçait de sa mère, elle le menaça de sa femme, qui cherchait à ce moment les motifs d'une séparation judiciaire (Péladan, Vice supr.,1884, p. 148).Il a reçu une lettre de ses locataire, qui lui mandaient qu'il y avait des punaises dans sa maison et que c'était un motif de résiliation (Goncourt, Journal,1895, p. 884): 2. ... cette prise de possession était irrégulière, puisque les héritiers et ayans-droit n'avaient pas été sommés de donner leurs motifs d'opposition à la saisie et adjudication de la terre.
Barante, Hist. ducs Bourgogne,t. 2, 1821-24, p. 33. − Motifs (p. ex. d'un jugement, d'un arrêt). Ensemble des arguments (de fait, de droit) qui justifient une décision des magistrats (et qui s'énoncent sous la forme d'attendus [tribunal de 1reinstance] ou de considérants [cour d'appel]). Tout génie est naïf (...). Il [Jean-Jacques] ne pouvait supporter sa solitude, et cette surveillance, ce contrôle dont un décret de justice le faisait l'objet. Des motifs du décret, il ne disait pas un mot (Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p. 277).Le défaut ou la contradiction des motifs constitue un cas de pourvoi en cassation (Jur.1974).Les motifs précèdent le dispositif (Favr.-Vettr.1981) : 3. S'il en résulte que, dans l'opinion du tribunal, les parties ont satisfait aux conditions et rempli les formalités déterminées par la loi, il admettra le divorce (...) : dans le cas contraire, le tribunal déclarera qu'il n'y a pas lieu à admettre le divorce, et déduira les motifs de la décision.
Code civil,1804, art. 290, p. 55. − P. anal., domaine du dr. admin., milit. et relig.(Dénonciation d'un contrat) pour motifs disciplinaires; motif de dispense militaire. C'est l'affaire de l'autorité ecclésiastique d'expliquer les motifs et les considérants des condamnations qu'elle prononce (Maritain, Primauté spirit.,1927, p. 74).Sa fiche dont nous avons pu recopier le signalement (...) porte qu'il aurait déjà bénéficié d'un premier ajournement pour motif d'insuffisance mitrale (Martin du G., Thib.,Sorell., 1928, p. 1194): 4. Un mot a été prononcé, il y a quelques années, par un postulant venu du monde et que nous avons d'ailleurs congédié, pour motif de non vocation; ce mot (...), le voici : « On ne mange pas mal dans ce cloître, on y dort suffisamment, on n'y travaille pas et l'on y fait son salut, c'est mon affaire. »
Huysmans, Oblat,t. 2, 1903, p. 210. b) DR. PUBL., au plur. Ensemble des raisons qui justifient le dépôt et la rédaction d'un texte, notamment d'un projet de loi (et qui sont souvent exprimés dans un « exposé des motifs »). Exposé des motifs d'un décret, d'une ordonnance, d'une proposition de loi (v. exposé A 1). 2. PSYCHOL., PHILOS. [P. oppos. à mobile, d'emploi plus restreint] Élément d'ordre intellectuel qui porte à agir. [Chez certains névrosés] l'incontinence des centres à fonction projective livre l'activité à des décharges de mouvements et d'automatismes centrifuges, dépourvus de motifs intellectuels ou même affectifs, marqués d'absurdité (Mounier, Traité caract.,1946, p. 420).La liberté n'est pas exclusivement là où des motifs rationnels l'emportent sur des motifs affectifs (ou mobiles) (Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 143). Rem. Le couple motif/mobile, dans lequel mobile est senti comme inconscient, d'ordre affectif ou irrationnel, voire biologique, se trouve parfois en concurrence avec le couple motif rationnel/motif affectif, ce qui accroît l'emploi de motif. II.− ARTS. Sujet qui domine une œuvre d'art, un ouvrage. Pour l'art rien n'est laid (...) rien n'est impur (...) Les objets de la nature les plus repoussants lui donnent des motifs admirables (Hugo, Fr. et Belg.,1885, p. 113).L'artiste, si réaliste soit-il, a planté son chevalet devant le « motif » (et ce terme (...) indique déjà que la nature ne lui fournit qu'un prétexte et un départ...) (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 72). A.− BEAUX-ARTS. [En peinture, à propos du sujet d'un tableau (...); en sculpture, d'une figure, d'un groupe; en architecture, d'un ensemble de décoration peint ou sculpté (d'apr. Adeline, Lex. termes art, 1884)] 1. ARCHIT., DÉCOR., GRAV., SCULPT. Sujet ornemental ou figuratif formant en lui-même un tout. Les motifs les plus dramatiques [des sculptures romanes du XIIesiècle] sont traités parfois comme de simples arabesques (Hourticq, Hist. art, Fr., 1914, p. 34).Dès sa naissance, la gravure s'emparera de ce motif [la danse macabre] (Hourticq, Hist. art, Fr., 1914p. 128).La maison (...) présente une façade ornée, du haut en bas, d'un motif géométrique en relief (T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p. 225): 5. Je viens d'acheter une garde de sabre, où dans un ciel écorné par un quartier de lune d'argent, deux feuilles d'automne tombant à terre sont tout le motif de la ciselure.
Goncourt, Journal,1876, p. 1151. − P. méton. Il passa une affreuse nuit à pleurer, sur son lit, (...) vis-à-vis un petit motif sculpté composé d'un carquois croisé avec trois fléchettes aiguës qui lui entraient dans le cœur (Boyslesve, Leçon d'amour,1902, p. 153). 2. DESSIN, PEINT. Sujet d'un dessin, d'une peinture. Motif agréable; à la recherche du motif. La lumière en est si subtile et si éclatante [dans un paysage impressionniste] qu'elle a paru fournir un motif suffisant pour composer un tableau (Hourticq, Hist. art, Fr., 1914p. 429).De la marelle à l'affiche je reconnais presque tous les motifs que Picasso adopte dans les différents quartiers. Ils jouent pour lui le rôle du motif des paysagistes, mais il les amalgame à domicile et les hausse à la dignité de servir (Cocteau, Diff. d'être,1947, p. 217): 6. ... si vous ôtez à un Titien, à un Murillo, à un Van Dyck (...) cette exécution qui fait oublier l'art et l'artiste, vous ne trouvez dans l'invention du sujet ou dans sa disposition qu'un motif souvent dénué d'intérêt pour l'esprit...
Delacroix, Journal,1857, p. 35. − Loc. (Dessiner) sur le motif. Directement devant (un objet, un paysage) un modèle en général. Il aurait peint sur le motif si la saison s'y était prêtée. Malheureusement, on allait entrer dans l'hiver, il était difficile de faire du paysage avant le printemps (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1646). ♦ P. métaph. Je découpai récemment un article sur les écrivains français et le régionalisme. Ils étaient sur deux pages énumérés, liés à des noms de pays. Chacun embrassait une province, un village. Quelquefois, comme les peintres, ils étaient trois ou quatre « sur le même motif » (Morand, Ouv. la nuit,1922, p. 8). 3. P. anal. a) BIJOUT., ORFÈVR. Elle (...) épingle à son cou un nœud où le satin s'enlace à la dentelle, autour d'un motif de plomb qui imite la marcassite (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 104).Armes d'honneur, sabres, pistolets, carabines, dont les poignées, les gardes, les plaques reproduisent les motifs que nous avons trouvés sur les orfèvreries (Hautecœur, Art sous Révol. et Emp.,1954, p. 118). b) COUT., TRICOT. Jeunes filles en pantalon fuseau, au chandail décoré de motifs Jacquard (Butor, Modif.,1957, p. 53).La jupe longue, faite de cotonnades multicolores, un peu raides, en motifs joints bord à bord comme une marqueterie, absorbe quelque quarante mètres de tissu (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 113). c) ÉBÉN., MARQUET. Le flambeau de l'amour avait été écorné pendant le déménagement; plusieurs motifs de l'armoire s'étaient décollés (Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 246). d) POTERIE. Les poteries sont ornées alors de motifs géométriques : lignes brisées ou courbes, points, cercles, spirales (S. Blanc, Init. préhist.,1932, p. 43).Les motifs favoris, utilisés par le céramiste anglais [Wedgwood], sont de petits personnages d'une extrême délicatesse, imités de camées antiques, se détachant en blanc sur un fond bleu pâle (Viaux, Meuble Fr.,1962, p. 107). e) TISS., TAPISS. Motif compliqué. Les tissus à compte très élevé, les soieries à grands motifs (Araud, Ch. Thomas, Fabric. drap.,1921, p. 42). − P. anal. Le myrte et le jasmin qui fleurissent dans les patios fleurissent aussi sur les murs onctueux : partout se retrouve le motif de la fleur suave à cinq pétales (T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p. 104). B.− LITT. Élément thématique ou narratif. [Gabriel Volland] imite bassement et maladroitement Henri de Régnier, dans les motifs comme dans la forme (Léautaud, Journal,t. 2, 1908, p. 170).Il [Somerset Maugham] tient beaucoup aux motifs. C'est un des points forts de ses récits (...) Il ne comprend pas les affres du style telles que Flaubert nous les décrit (Green, Journal,1952, p. 154): 7. Tout ce motif [it. ds le texte], la manière dont il est conçu et exécuté [dans un Mémoire de Beaumarchais], avec tant de largeur, de supériorité, de gaieté et d'ironie, (...) compose un des plus admirables morceaux d'éloquence que nous puissions offrir dans notre littérature oratoire.
Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 6, 1852, p. 217. − SÉMIOTIQUE. [P. oppos. à type qui est une succession de motifs, obéissant à une organisation narrative et discursive particulière] Élément constituant du conte (susceptible de se retrouver tel quel dans la tradition populaire) et pouvant à la limite constituer un microrécit parfaitement autonome (d'apr. Greimas-Courtés 1979). Les folkloristes n'ont pas manqué d'observer le caractère migratoire des motifs, non seulement d'une littérature ethnique à une autre ou de l'un de ses récits à l'autre, mais aussi parfois à l'intérieur d'un même conte (Greimas-Courtés1979). C.− CHANT, MUS. 1. CHANT. Motif (principal). Phrase de chant qui domine tout le morceau. Le motif de cet air est heureux (Ac.). Voici mille âmes dans une salle, un motif s'élance du gosier de la Pasta (...) la phrase de Rossini transmise dans ces âmes y développe autant de poëmes différents (Balzac, Gambara,1837, p. 62). 2. MUS. Phrase mélodique possédant un sens expressif propre, qui parvient à prendre un certain relief dans une œuvre musicale (ou une partie de celle-ci) et qui en assure l'unité. Motif musical; motif d'un allegro. Tous les autres thèmes, motifs et mélodies sont de ma propre invention (Stravinsky, Chron. vie,1931, p. 43).Encore verrons-nous, dans notre étude de la sonate, que l'apparition de ce motif, qui va réveiller et faire rebondir tout l'Allegro, jusqu'alors incertain de son cours, n'est pas compris de Beethoven, au premier instant (17 avril 1818), puisqu'il l'applique à un compliment de cour! (Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 213). ♦ Motif (harmonique). Enchaînement(s) d'accords repris au cours d'un morceau. Il arrive parfois que deux ou même trois divertissements [dans une fugue] soient formés des mêmes motifs (Koechlin, Écrit. fugue,1933, p. 8). ♦ Motif (mélodique). Enchaînement de sons revenant plus ou moins librement. Les meilleurs procédés ne sont jamais assez sûrs (...) pour (...) guider le rythmicien à travers les variétés innombrables des motifs mélodiques (Mocquereau, Nombre mus. grégor.,1927, p. 341). ♦ Motif (rythmique). Ensemble de valeurs rythmiques pouvant se répéter indépendamment du contexte mélodique et harmonique. La joie fut générale; elle redoublait au retour d'un motif très rythmé, que les contrebasses accentuaient d'une façon burlesque (Rolland, J.-Chr.,Révolte, 1907, p. 505). D.− DANSE. Figure. Des bandes vont et viennent, s'arrêtant ici, puis là, et infatigablement attaquent des motifs aussi nouveaux que la polka des Cloches ou la valse des Cent Vierges (Bourget, Profils perdus,1884, p. 281).[Le ballet italien présente] un motif de milieu encadré dans des motifs secondaires (Moynet, Machinerie théâtr.,1893, p. 80). − P. anal. [À propos de la démarche d'une pers.] Elle se leva, alla dans l'embrasure de la fenêtre par une démarche pleine de motifs magnifiques (Balzac, Secrets Cadignan,1839, p. 358). REM. Motif, -ive, adj.,philos., rare. Qui détermine l'action. Cause motive (Lar. 20e). Prononc. et Orth. : [mɔtif]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1370-72 « raison d'agir » (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 426); 1377 dr. (Gace de La Buigne, Deduis, éd. Å. Blomqvist, 11829). II. 1. 1703 mus. (Brossard, p. 54); 2. 1824 « sujet de peinture » (Delacroix, Journal, p. 92). I tiré de l'anc. adj. motif « qui donne le mouvement, moteur » (1314, Chirurgie Henri de Mondeville, éd. A. Bos, 80 − 1771, Trév.), empr. au b. lat. motivus « relatif au mouvement, mobile » (iii-ives.), dér. du supin motum de movere « mouvoir », également att. en lat. médiév. comme subst. neutre motivum « motif, raison » (xiiies. ds Nierm.). II 1 Empr. à l'ital. motivo de même sens (av. 1719 d'apr. DEI, v. aussi Brossard, p. 54) de même orig. que le fr.; 2 serait un empr. sém. à l'all. motiv, terme généralisé dans les arts cf. Zumthor ds FEW t. 6, 3, p. 162a. Fréq. abs. littér. : 4 487. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 8 715, b) 5 350; xxes. : a) 4 862, b) 5 853. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 348. − Mack. t. 2 1939, p. 240. − Quem. DDL t. 19. − Raymondis (L. M.), Le Guern (M.). Le Lang. de la just. pénale. Paris, 1976, p. 50. |