| MORVE, subst. fém. A. − MÉD VÉTÉR., PATHOL. Maladie contagieuse due à un bacille spécifique, atteignant principalement les Équidés mais transmissible à l'homme et à d'autres espèces animales et caractérisée notamment par un écoulement nasal abondant. Morve aiguë, chronique; morve cutanée (synon. farcin). Dans la morve subaiguë et chronique, l'ulcération, née du bouton ou de la vésicule primitifs, s'étend également, ou elle persiste tout au moins pendant un long temps avec un caractère ulcéreux (Nocard, Leclainche, Mal. microb. animaux,1896, p.364).C'était un homme sain... il a pas la morve! (Céline,Mort à crédit,1936, p.634).V. aussi morveux I A 1 ex. de Calmette. B. − P. anal. 1. Usuel. Humeur visqueuse s'écoulant des narines. Avoir la morve au nez. L'être convulsé projette de toutes parts sa salive, son urine et sa morve, que les assistants reçoivent religieusement (Montherl.,Pte Inf. Castille,1929, p.590).Un vieillard minable, accoutré d'une longue redingote et d'un gilet à fleurettes tout maculé de morve et d'oeuf (Duhamel,Jard. bêtes sauv.,1934, p.162): . La figure d'Eugène Mestrance reparut derrière les flûtes, toute en larmes, avec de la morve dans la moustache, et les joues marbrées. Il reniflait le chagrin.
Aragon,Beaux quart.,1936, p.117. − P. métaph. Le poing glissant dans une morve de sang (Claudel,Tête d'Or,1890, 3epart., p.140).Des torches mouchées à terre de leur morve de braise redressaient leur flamme avivée (Hamp,Champagne,1909, p.163). − P. anal., ART CULIN., vx. Degré de cuisson d'un sirop atteignant une certaine consistance. Cuisson du sucre. Au petit boulé (40 degrés), on trempe son doigt dans l'eau froide, on prend du sirop et l'on remet le doigt dans l'eau: le sirop prend une consistance de glu que les confiseurs appelaient autrefois morve (Audot,Cuisin. campagne et ville,1896, p.500).V. aussi boulé ex. 2. PHYTOPATHOL. Maladie attaquant diverses plantes. ,,Pourriture qui attaque les laitues et la chicorée`` (Littré). V. aussi morveux I B 2 b.Morve rouge. ,,Maladie de la canne à sucre`` (Lar. 20e-Lar. Lang. fr.). Morve noire des jacinthes (Quillet 1965). Prononc. et Orth.: [mɔ
ʀv]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1380 «humeur visqueuse qui s'écoule du nez de l'homme» (Jean Le Fèvre, Trad. La Vieille, 131 ds T.-L.); 2. 1495 méd. vétér. (Coutume de Sens ds Z. rom. Philol. t. 67, 1951, p.32); 3. 1701 «maladie qui fait couler les laitues» (Fur.); 4. 1896 «état d'un sirop arrivé à une certaine consistance» (Audot, loc. cit.). Peut-être altération, par métathèse consonantique, née dans le domaine d'oc, de vorm «morve (du cheval)» (ca 1240, Donat prov., 57b, 10 ds Romania t. 39, 1910, p.186), forme méridionale de gourme*. Fréq. abs. littér.: 38. DÉR. Morver, verbe.a) Emploi intrans., vx et pop. Laisser couler sa morve. Une petite fille sanglotait entre deux nattes rousses, reniflait, morvait, mal consolée par sa famille et par l'ouvreuse (Cocteau,Foyer artistes,1947, p.26).b) Emploi trans., au fig., hapax. Laisser couler, épancher. C'est épouvantable, ces créeurs d'art nouveau, ces individus qui morvent leur nullité entre des rythmes insensés, ces hommes de lettres qui se pèlent sur leur absinthe! (Jammes,Corresp.[avec Gide], 1896, p.62).− [mɔ
ʀve], (il) morve [mɔ
ʀv]. − 1reattest. 1534 «rejeter de la morve» (Rabelais, Gargantua, X, 14, éd. R. Calder et M. A. Screech, p.79); de morve, dés. -er. |