| MORPHOLOGIE, susbt. fém. A. − 1. Science, étude des formes. Goethe n'est pas géomètre (...) Il ne sent pas que l'Algèbre est aussi une Morphologie, et une génération en quelque sorte organique du nombre, dont elle définit les espèces, les transformations, la structure (Valéry,Variété IV, 1938, p.114).Tous les minéralogistes de l'époque [début du XIXes.] prêtaient beaucoup d'attention à la description et à la classification des formes cristallines (morphologie cristalline) (Hist. gén. sc., t.3, vol.1, 1961, p.346).V. forme ex. 54. 2. En partic. a) BIOL. Étude de la forme extérieure et de la structure des êtres vivants. Morphologie biologique, organique, somatique; morphologie générale, comparative; morphologie abdominale, crânienne, dentaire; morphologie florale, végétale. L'embryologie est le fondement le plus sûr de la morphologie et de l'anatomie comparée (Caullery,Embryol., 1942, p.127).L'on sait que la forme est une résultante biologique, et dans la mesure où la morphologie tend à devenir expérimentale et dynamique, beaucoup la considèrent comme une physiologie de la forme (Delay,Psychol. méd., 1953, p.152): 1. De la morphologie statique, qui étudie les formes au repos (typologie générale, physiognomonie, chirologie), à la morphologie dynamique qui s'attache à leurs mouvements, la continuité s'établit de plus en plus.
Mounier,Traité caract., 1946, p.207. b) LINGUISTIQUE − [P. oppos. à syntaxe] ♦ GRAMM. TRADITIONNELLE. Étude des différentes catégories de mots et des formes qu'ils présentent dans une langue (flexion et dérivation). En un sens très large, étude de tous les procédés de formation qui mettent en jeu des morphèmes et principalement des suffixes (morphologie suffixale); en un sens plus restreint, étude des éléments fléchis ou désinences (morphologie flexionnelle) (Mar.Lex.1933, p.122): 2. ... les limites entre la lexicologie et la morphologie, et surtout entre la syntaxe et la morphologie sont très flottantes (...). En réalité, si la morphologie est l'étude des marques, il y a une morphologie du lexique et une morphologie de la syntaxe, et, la phonologie mise à part, seules les deux divisions: lexique et syntaxe restent en présence.
Perrot,Ling., 1953, p.121. − LING. MOD. Description de la structure interne des mots et étude des règles qui régissent cette structure (d'apr. Lang. 1973). − [P. oppos. à lexique et phonologie] Description des règles régissant la structure interne des mots et de celles qui régissent la combinaison des syntagmes en phrases. Synon. morphosyntaxe (d'apr. Lang. 1973). c) SOCIOL. Morphologie sociale. Étude des formes matérielles, c'est-à-dire des structures apparentes des faits sociaux, principalement de leurs conditions géographiques et démographiques (d'apr. Foulq. Sc. soc. 1978): 3. L'étude des sociétés urbaines, et jusque dans ses aspects les plus incontestablement sociologiques (c'est-à-dire relevant de la morphologie sociale), doit être envisagée en elle-même et pour elle-même et non par rapport aux préoccupations générales de la sociologie...
Traité sociol., 1967, p.294. d) SC. DE LA TERRE. Synon. de géomorphologie.Initiation aux diverses techniques; stages de climatologie, glaciologie et de morphologie littorale (Colloque géogr. appl., 1962, p.137). ♦ Morphologie climatique (Encyclop. Sc. Techn. t.6 1971, p.342). Partie de la géomorphologie qui s'intéresse aux formes d'érosion (on dit aussi climatomorphologie) (d'apr. George 1970, s.v. géomorphologie). ♦ Morphologie structurale (Encyclop. Sc. Techn. t.6 1971, p.342). Partie de la géomorphologie qui s'intéresse aux formes du relief liées à la structure de l'écorce terrestre (d'apr. Encyclop. Sc. Techn., t.6 1971, p.342). B. − P. méton. Objet de cette étude, forme, structure. Le manuscrit de Cassel offre plus de 500 exemples [du] schéma [de la courante] et permet d'en étudier la morphologie (Écorcheville,Suite orch., 1906, p.61).Cette civilisation parle le grec; entendons par là un attique d'une morphologie simplifiée, mais d'un vocabulaire enrichi par les apports dialectaux et ceux de la langue parlée (L'Hist. et ses méth., 1961, p.503).Les changements qui affectent la morphologie et la phonologie d'une langue ne peuvent (...) pas être interprétés comme les conséquences d'une action directe du cadre social sur la langue (...). De tels changements ne peuvent résulter que de causes elles-mêmes linguistiques (Traité sociol., 1968, p.272).V. origine II B ex. de Verne: 4. Les méthodes traditionnelles d'étude de la morphologie des cristaux sont encore largement utilisées de nos jours, mais surtout pour identifier les substances cristallines les plus variées grâce aux mesures des angles que font entre elles les faces d'un cristal et qui sont caractéristiques de chaque espèce.
Encyclop. Sc. Techn.t.41970, p.87. − En partic. Forme générale du corps humain. Les sécrétions internes des glandes génitales modifient la morphologie (Apert dsNouv. Traité Méd.fasc. 8 1925, p.373).Les morphologies les plus variées permettent la pratique du football (J. Mercier,Football, 1966, p.78). Prononc. et Orth.: [mɔ
ʀfɔlɔ
ʒi]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1822 «science qui étudie la forme et la structure des organismes» (Blainville, De l'Organisation des animaux... Tome premier, contenant la morphologie et l'aistésologie [titre]); 2. 1868 gramm. (Littré); 3. 1935 géol. (Ac.). Formé des élém. morpho-* et -logie*, terme créé d'abord en all. par Goethe dans un sens gén., v. Blockhaus Enzykl., s.v. Morphologie. Fréq. abs. littér.: 62. Bbg. Bröndal (V.). Déf. de la morphologie. In: [Mél. Ginneken (J. van)]. Paris, 1937, pp.43-50. _ Gougenheim (G.). Morphologie et fonction gramm. Journal de Psychol. 1959, t.56, pp.417-426. _ Manczak (W.). Phonétique et morphologie hist. du fr. Warszawa, 1962, 203 p. _ Martinet (A.). Qu'est-ce que la morphologie? In: [Mél. Frei (H.)]. Cah. F. Sauss. 1969, no26, pp.85-90. _ Sechehaye (A.). Considérations sur la morphologie. Cah. F. Sauss. 1944, t.4, pp.53-64. |