| MOROSITÉ, subst. fém. A. − Disposition, habituelle ou passagère, à la tristesse, au mécontentement. Avec l'âge, sa verve était tombée, il n'avait plus qu'une morosité silencieuse. On aurait dit, à voir le sérieux de son visage, qu'il roulait le monde dans sa tête (Flaub.,Éduc. sent., t.1, 1869, p.50): . ...telle est donc la tristesse sui generis qui reflue sans cesse sur un Tolstoï et qui, à mon sens, rend compte de ces éclairs de haine que nous surprenons chez lui, dirigés contre la nature humaine comme telle, et de je ne sais quelle grandiose morosité qui donne à sa figure cet air sombre, auguste, renfrogné...
Du Bos,Journal,1924, p.82. − P. méton. Moment, mouvement de mauvaise humeur, de tristesse. Là-dedans, j'expose avec lucidité et, je le crois, avec une émotion communicative tout ce que cette malheureuse m'a fait souffrir et tout ce qui a amené mes morosités de la fin (Verlaine,Corresp., t.1, 1872, p.55). B. − Caractère triste, ennuyeux, monotone (de quelque chose). Morosité de la Bourse, de l'opinion publique. Ce mouvement, dont la maison de ma mère était le centre (...) m'attristait plus encore que la monotonie et la morosité de l'été (Lamart.,Nouv. Confid.,1851, p.120).L'oeuvre de Gide est pour ainsi dire sans événements et comme à l'abri du réel (...). D'où l'ennui, l'indicible morosité qui s'en dégage, quelque délectation qu'on puisse prendre aux savantes flatteries de son art (Massis,Jugements,1924, p.61). Prononc. et Orth.: [mɔ
ʀ
οzite], [moʀ
ο-]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1486 (La tres ample et vraye Expos. de la reigle M. S. Ben., fo50c ds Gdf. Compl.). Empr. au lat. morositas, -atis «humeur chagrine», dér. de morosus, v. morose1. Fréq. abs. littér.: 36. Bbg. Gohin 1903, p.272. |