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MORIBOND, -ONDE, adj. et subst.
I. − Adj. et subst. (Personne) qui est sur le point de mourir. Blessé, malade moribond; être au chevet d'un moribond; administrer, assister un moribond. Pour qu'il fût descendu moribond de sa couche, il fallait qu'il eût subi, le malheureux, une tyrannie de fer (Cladel,Ompdrailles,1879, p.72):
. Dans le linge sale du lit, (...) le moribond à chaque mouvement hurlait, le visage creusé de douleur, jaune-vert, les yeux enfoncés dans une ombre de sueur. Aragon,Beaux quart.,1936, p.105.
[P. méton.] Monsieur Georges, m'attirant à lui de ses bras moribonds, collait sa bouche agonisante sur la mienne (Mirbeau,Journal femme ch.,1900, p.148).
Rare. [En parlant d'un animal ou d'un végétal] Les pattes folles, le chat moribond griffe l'air, se recroqueville en boule, ou se détend et ne crie pas (Renard,Poil de carotte,1894, p.179).J'étais étourdie par une odeur pathétique de l'humus, de feuilles pourries, de fleurs moribondes (Beauvoir,Mandarins,1954, p.426).
II. − Adj., au fig.
A. − Qui est près de disparaître, près de sa fin.
1. [En parlant d'une collectivité] Dans la ville où sans fin, vomissant le charbon, L'usine en feu dévore un peuple moribond (Samain,Chariot,1900, p.131).Malheureuse même, et même moribonde, une société ne peut pas se regarder sans rire. Comment supporter de se voir? (Valéry,Variété II,1929, p.65).
2. [En parlant d'une chose] Le théâtre moribond n'en est pas, il y paraît, aux dernières affres (Colette,Jumelle,1938, p.12).Il voyait resplendir les collines, dans les brumes de l'été moribond (La Varende,Cavalier seul,1956, p.60).
B. − [Dans le domaine des sens, en parlant p. ex. d'un son, d'une couleur] Qui est faible, sans éclat. Synon. étouffé, fané.Le tintement moribond de la cloche qui oscillait sans doute encore (Huysmans,Là-bas,t.1, 1891, p.52).Elle était vêtue d'une robe d'un vert tilleul passé et d'un manteau d'un rose moribond à doublure soufre (Huysmans,Oblat,t.1, 1903, p.144).
REM.
Moribonder, verbe intrans.Agoniser. Mais n'interroge pas celui qui moribonde. Rien d'elle [la mort] ne le touche (Cocteau,Potomak,1919, p.277).
Prononc. et Orth.: [mɔ ʀibɔ ̃], fém. [-ɔ ̃:d]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1466-83 vie moribonde (Martial d'Auvergne, Matines de la Vierge, éd. Y. Le Hir, 4968); 1585 visage moribonde (Paré, Œuvres complètes, éd. J.-F. Malgaigne, t.3, p.726); 1660 moribond «qui est près de mourir» (Oudin Fr.-Esp.); 2. 1701 subst. (Fur.); 3. 1834 «qui est près de disparaître» (M. de Guérin, Corresp., p.185: journal moribond). Empr. au lat. moribundus «qui est près de mourir». Fréq. abs. littér.: 429. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 493, b) 500; xxes.: a) 777, b) 667.