| MORGUER, verbe trans. Vieilli, littér. Traiter avec arrogance. Aucun défaut ne me choque, excepté la moquerie et la suffisance que j'ai grand'peine à ne pas morguer (Chateaubr.,Mém.,t.1, 1848, p.67).− En partic. Dévisager avec arrogance. Ces chevaliers qui galopaient à travers les récoltes, ces officiers qui morguaient les gens, ha dieux! (Pourrat,Gaspard,1925, p.142). − P. métaph. M. Coquelet abhorre le droit d'aînesse (...). Avant de (...) devenir père d'un troisième (...) enfant, avez-vous pris, Coquelet, toutes les mesures pour former (...) celui qui viendra bien exactement comme ceux qui sont venus? (...) et que (...) la nature, morguant cette belle égalité (...) n'aille pas créer des privilèges parmi vos chers enfants? (Veuillot,Odeurs de Paris,1866, p.350). Prononc. et Orth.: [mɔ
ʀge], (il) morgue [mɔ
ʀg]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1575 [éd.] «traiter avec arrogance» (Thévet, Cosmographie universelle, livre XV, chap.10, t.2, p.596). Empr. aux parlers occitans du Sudcf. l'actuelle ext. du verbe dans le domaine prov. et langued., par rapport à sa rareté en fr., v. FEW t.6, 3, pp.238b-239b), prob. introd. en fr., à la fin de la Guerre de Cent ans, par les mercenaires du Midi. D'un type *murricare qui a dû signifier «faire la moue», dér. de *murr- «museau, groin», v.morailles et morion1. |