| MORDRE, verbe I. − Emploi trans. A. − 1. Saisir avec les dents. a) Serrer fortement de manière à entamer. Il se jeta sur le pain, mordit une bouchée, puis le reposa lentement sur la table (Hugo, Misér.,t.1, 1862, p.302).Christophe prit un tram électrique, en mordant à belles dents un petit pain (Rolland, J.-Chr.,Révolte, 1907, p.540). − Absol. Mordre à même (qqc.). Mordre directement dans (quelque chose). Il (...) se mit à mordre à même les oeufs, faisant tomber sur sa vaste barbe des parcelles de jaune clair qui semblaient, là dedans, des étoiles (Maupass., Contes et nouv.,t.2, Boule de suif, 1880, p.152).J'avais accoutumé de mordre à même les victuailles, les portant à ma bouche avec mes doigts (Gide, Thésée,1946, p.1425). ♦ Mordre sur une (certaine) dent. Mordre avec une (certaine) dent. En ce moment le cardinal et le maréchal s'empiffrent vis-à-vis, tout en prenant soin de ne pas mordre sur leurs dents qui branlent (Audiberti, Mal court,1947, ii, p.171). b) Locutions − Mordre son frein. V. frein A 1. − [Dans un combat] Mordre la poussière ♦ Être jeté à terre, battu, tué. [Pégase] Cheval sauvage et peu commode. Si on le dompte, il ne tarde pas à vider le dompteur, à l'envoyer mordre la poussière (Cocteau, Poés. crit. II,1960, p.147). ♦ Subir un échec. Si les 106 députés socialistes (...) avaient voté contre lui (...) Edgar Faure, réduit à 295 suffrages, aurait mordu la poussière (L'Humanité,19 janv. 1952, p.1, col. 4): 1. Grâce à ces restes, qui procureraient un supplément d'élus, chaque parti serait assuré de faire passer tels de ses chefs qui auraient mordu la poussière en province ou même ne se seraient présentés nulle part.
De Gaulle, Mém. guerre,1959, p.266. 2. [Avec l'idée d'une blessure] a) Serrer fortement de manière à blesser. Se faire mordre par un chien enragé. Étudiant mordu d'une vipère en trois endroits (Geoffroy, Méd. prat.,1800, p.516).Si tu bouges, je te tordrai le cou. Regarde: tu m'as mordu jusqu'à l'os (Bernanos, Nuit,1928, p.22). ♦ Vx. Mordre le sein de sa nourrice. Être ingrat (Rey-Chantr. Expr. 1979, s.v. sein). − À l'impér. [Pour exciter deux personnes à se quereller ou à se battre] Mords-le (Car.Argot1977). − Proverbe. Il vaut mieux être mordu d'un chien que d'une chienne. V. chien1II B 4 b. b) Absol. Avoir l'habitude, avoir pour naturel d'attaquer, de blesser avec les dents. Ce chien mord (Ac.1798-1878). − Attaquer, se défendre en saisissant avec les dents. Ce chien mord bien serré (Ac.1798-1878).Ce chien mord cruellement (Ac.1935). − Proverbe. Chien qui aboie ne mord pas. V. chien1II B 4 b. c) [En parlant de certains animaux] Blesser, piquer. Être mordu par des puces. Eh, vieux con, tu n'as jamais été mordu par un pou? (Queneau, Loin Rueil,1944, p.57). 3. Serrer fortement entre ses dents au point de se couper, de se blesser. a) [Le compl. désigne une partie du corps] De ses dents, plus pures que des perles, il mordait jusqu'au sang sa lèvre inférieure (Gautier, Fracasse,1863, p.299).Gustave reprend haleine. Il regarde la truie. Il regarde Julia; il mord sa moustache (Giono, Gd troupeau,1931, p.150). − Emploi pronom. réfl. indir. ♦ Se mordre (la joue). Il se mordit nerveusement la lèvre inférieure (Malègue, Augustin,t.1, 1933, p.312).Il arpentait le long couloir, pendant l'opération, en même temps qu'un jeune homme qui attendait, lui, la délivrance de sa femme, et qui se mordait les ongles jusqu'au sang (Simenon, Vac. Maigret,1948, p.19). ♦ Se mordre la langue (d'avoir parlé). V. langue I B 1 a. ♦ En partic. [En parlant de certains animaux] Se mordre la queue. Tenir sa queue dans la bouche, dans la gueule. Le morceau principal, qui devait figurer un dragon se mordant la queue, rata complètement (Flaub., MmeBovary,t.1, 1857, p.174).Le serpent qui se mord la queue était adoré à Hiérapolis en Phrygie, par les Naasséniens, secte gnostique à peine chrétienne (Berthelot, Orig. alchim.,1885, p.62). ♦ Se mordre les doigts (de qqc.). Se repentir vivement (de quelque chose). Il a pris Auguste dans ses bureaux, c'est vrai; mais je m'en mords joliment les doigts aujourd'hui. Si j'avais mis Auguste dans l'industrie, il gagnerait déjà le double (Zola, E. Rougon,1876, p.306).Je te conseille de parler du doyen! Tu t'es ingénié à lui déplaire et maintenant tu te mords les doigts de ton imprudence (A. France, Mannequin,1896, p.18).J'ai tergiversé: peur de me voir supprimer ma bourse, de ne pouvoir passer ma licence, etc... des bêtises, quoi. Puis c'était trop tard. Maintenant je me mords les doigts (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1906, p.345).P. anal. Se mordre les pouces (de qqc.). Élias Magus fit un geste, il se mordit les pouces en pensant qu'il aurait pu avoir le tableau pour cent sous (Balzac, P. Grassou,1840, p.443). b) P. exagér. [La petite vieille] était ridée comme une vieille pomme, sa peau avait une teinte de safran, son menton mordait son nez, sa bouche était une ligne à peine indiquée (Balzac, Confid. Ruggieri,1837, p.316). ♦ Emploi pronom. réfl. indir. [Un vrai laideron] une bouche à se mordre les oreilles (Richepin, Pavé,1883, p.329). − Arg. et pop. ♦ Péj. [Dans une loc. adv.] À la mords-moi le doigt, à la mords-moi-le-jonc, à la mords-moi-le-nez, à la mords-moi-le-noeud. Pas sérieux, extravagant. En voilà une répétition à la mords-moi-le-jonc! (Colette, Vagab.,1910, p.83).Je me fous de (...) votre sole à la mords-moi-le-nez (...). Je veux de la tête de veau (Esnault, Notes compl. Poilu,[1919], 1956): 2. Profitez de l'occasion pour retrouver votre liberté (...) sinon un de ces requins qui vous ont fait signer des papiers à la mords-moi le doigt, traitera l'affaire et vous n'aurez pas un sou du cinéma comme pour les traductions et les reproductions.
Cendrars, Homme foudr.,1945, p.182. ♦ Pop., emploi pronom. réfl. indir., loc. C'est à se les mordre. ,,C'est extravagant, ridicule, insupportable`` (Rey-Chantr. Expr. 1979). c) [Le compl. désigne un objet quelconque] M. Ducrocq mordait l'anche de la clarinette (Champfl., Souffr. profess. Delteil,1855, p.212).Elle avait saisi l'oreiller dans ses bras convulsifs, elle le mordait pour étouffer ses sanglots (Zola, Joie de vivre,1884, p.1044). B. − P. anal. [Le suj. désigne des objets, des éléments divers] 1. S'enfoncer dans, s'accrocher à (quelque chose). Le peigne d'écaille, qui mord les cheveux noirs (Goncourt, Journal,1862, p.1177). − Prendre, trouver prise (sur). Le crampon, lancé d'une main sûre, vint mordre l'appui du balcon (Gautier, Fracasse,1863, p.398). ♦ Absolument: 3. Il glissa la photographie entre les chemises, rabattit le couvercle qui résistait à cause de l'enflure des linges, appuya sur les fermoirs (...). Deux bruits secs de ressorts qui mordent.
Arnoux, Nuit St-Avertin,1942, p.34. 2. Entamer en coupant. Tous les vendeurs n'étaient occupés qu'à métrer de cette soie (...); on entendait le bruit des ciseaux mordant le tissu (Zola, Bonh. dames,1883, p.489).Dans les intervalles où la scie ne mordait pas le bois, on entendit le timbre mat d'une ambulance (Camus, Exil et Roy.,1957, p.1605). 3. [Le suj. désigne des agents, des phénomènes érosifs, corrosifs] a) [En parlant du feu, d'intempéries] Porter atteinte, attaquer en usant, en consumant. Pour la première fois je laissais la flamme mordre sur les arbustes, les gazons voisins (Giraudoux, Suzanne,1921, p.144).En soufflant par un tuyau de pipe, on darde la flamme d'une chandelle et on lui fait mordre le bois (Pourrat, Gaspard,1922, p.13).Le feu mordait ardemment les bûches (Pesquidoux, Livre raison,1932, p.22). − Au part. passé. Les briques tombées ou mordues par le temps, le ciment qui manquait dans les joints, avaient été remplacés (Balzac, Paysans,1844-50, p.183).Bras maigres, tout mordus par le soleil (Sand, Pte Fad.,1849, p.131).La vieille Berthe, (...) la peau mordue par le froid, était arrivée à l'école (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p.111). b) GRAV., IMPR., LITHOGR. (Faire) mordre.(Faire) subir l'action d'une substance corrosive. [P. ell. du compl.] Pour exécuter une eau-forte (...) on commence par tracer le premier grisé puis on fait mordre à l'acide (Chelet, Lithogr.,1933, p.80). − Au part. passé. Grisés mordus. Depuis quelque temps on exécute (...) des clichés mordus très profondément, qui permettent d'imprimer une trame fine sur n'importe quel papier (Arts et litt.,1935, p.28-15). c) Absol., TEINT. Prendre la teinture. Étoffe qui mord mal. C. − Au fig. 1. [Le suj. désigne des sentiments] Ronger, faire profondément souffrir, tourmenter. Elle n'avait pas avoué à Micheline l'inquiétude qui lui mordait le coeur (Aragon, Beaux quart.,1936, p.232). 2. Absol. [Le suj. désigne une pers.] Attaquer de façon désagréable, avec agressivité, ironie. Chez lui [Le Sage], point de rancune ni d'amertume (...). Par là surtout il se distingue de Voltaire, qui mord et rit d'une façon âcre (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t.2, 1850, p.364). D. − Argot a) À l'impér. Regarder, voir. Synon. pop. viser.Mords un peu cette frangine, si elle est gironde! (Pt Simonin ill.,1957, p.199). b) Absol. Comprendre. Synon. pop. piger.Tu mords? (Car.Argot1977). c) SPORTS. Mordre le guidon. ,,Se courber en avant pour un pédalage forcé`` (Esn. 1966). Sur 866 cyclistes inscrits dimanche dans la région parisienne (...), il en est seulement 123 qui se trouvent désormais autorisés à continuer à mordre leur guidon (Auto,26 déc. 1941). II. − Emploi trans. indir. A. − [Avec les dents, la bouche, la gueule] 1. Mordre à (qqc.) a)
α) [En parlant du poisson qu'on pêche] Venir à l'appât et se faire prendre. Les poissons mordent à l'hameçon (Ac.1798-1878). − Absol. Heureusement, le poisson mordait (Queffélec, Recteur,1944, p.108). ♦ Ça mord. Le poisson vient à l'appât. Ça me gênerait rudement si ça mordait. Je ne viens pas pour pêcher, moi, je viens parce qu'on est très bien ici; on est secoué comme en mer; si je prends une ligne, c'est pour faire comme les autres (Maupass., Contes et nouv.,t.1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p.303).
β) Au fig. [En parlant d'une pers.] Mordre à l'appât, à l'hameçon. Se laisser leurrer, se laisser séduire par une proposition qui cache un piège (d'apr. Ac. 1935). ♦ Ça mord (fam.). La ruse réussit, la personne se laisse prendre. Lucy: S'il y a confusion, il n'y a plus caractère!... Et je vais plus loin!... Elle s'assied. Paul, à Jeanne: Ça a mordu! (Pailleron, Monde où l'on s'ennuie, 1869, iii, 4, p.148).(Il lui baise la main, fausse sortie.) Éva: Monsieur Rabagas, encore un mot! Rabagas, à part; Ça mord! (Revenant et haut.) Bien vite! Je vous en prie! (Sardou, Rabagas, 1872, iii, 7, p.129). b) P. métaph. Il avait, disait-on, goûté successivement toutes les pommes de l'arbre de l'intelligence, et, faim ou dégoût, il avait fini par mordre au fruit défendu (Hugo, N.-D. Paris,1832, p.188).Homme à grandes conquêtes, Maxime n'avait connu que des femmes titrées; et, à cinquante ans, il avait bien le droit de mordre à un petit fruit soi-disant sauvage (Balzac, Homme d'affaires,1845, p.409). c) Fam. Comprendre (quelque chose) et s'(y) adonner avec plaisir, (y) prendre goût. Mordre aux études. Eh bien! Gabriel, (...) te défends-tu vaillamment contre les thèmes, les versions? mords-tu ferme aux mathématiques? (Balzac, Rech. absolu,1834, p.170).L'instituteur ajoutait: − Monsieur Paturot, envoyez-moi donc votre cadet; nous le ferons mordre à la version latine (Reybaud, J. Paturot,1842, p.422). 2. Mordre dans (qqc.).Entamer (quelque chose) à coups de dents. L'enfant assis près de moi mordait dans une tartine de confitures (Sandeau, Sacs,1851, p.51).Ils mordaient à pleine bouche dans une tartine de raisiné et buvaient à la régalade à même une grande bouteille (A. France, Vie fleur,1922, p.329).Ils mordaient à grandes bouchées dans deux sandwiches jumeaux (Martin du G., Thib.,Consult., 1928, p.1131). ♦ Mordre à même dans. Elles avaient des dents brillantes qui mordaient à même dans les grenades (Flaub., Tentation,1849, p.438).Nous les mangions toutes vivantes, en mordant à même dans nos tartines (Loti, Mon frère Yves,1883, p.110). B. − P. anal., TECHNOL. 1. Mordre dans (qqc.).Trouver prise dans (quelque chose) en s'y enfonçant, en entamant. Scie, vis qui mord dans le bois. [Dans] les parachutes à arc-boutement (...) le ressort moteur agit sur deux bras (...) inclinés (...) armés de pointes qui viennent, au moment de la rupture, mordre dans les bois de guidage en tendant à les écarter de la cage (Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905, p.102). 2. Mordre sur (qqc.).Avoir prise sur, pénétrer dans (quelque chose). Les dents d'une roue ne mordent pas assez sur les ailes d'un pignon (Ac.1798).L'ancre n'a pas pu mordre sur ce fond de rocher (Ac.1835-1935). − Au part. passé. On dit qu'une manoeuvre est mordue (...) lorsqu'elle se trouve étroitement serrée entre le réa et la joue d'une poulie (...), de sorte qu'elle ne peut plus courir (Gruss1952). − Absol. Et comme presque toujours le vaisseau sera plus éloigné du rivage (...), les ancres mordront moins, seront plus sujettes à chasser (Maizière, Nouv. archit. nav.,1853, p.65). C. − P. anal. ou au fig. Mordre sur qqc., qqn 1. Empiéter sur quelque chose. Mordre sur l'accotement de la route. Un autre vilain admis au paradis, bien que le soc de sa charrue ait quelquefois mordu de quelques sillons sur le champ de son voisin (Faral,Vie temps st Louis,1942, p.124). − Entamer, réduire légèrement (l'importance d'une collectivité, d'un groupe). Là où une gauche nouvelle et dynamique s'est présentée à côté du P.C., elle a mordu sur l'électorat communiste (L'Express, 29 mars 1971ds Gilb. 1980). 2. Avoir prise sur. Sans que la politique économique et monétaire arrive à mordre sur la réalité (La Croix,8 oct. 1969ds Gilb. 1980). − Mordre sur qqn.Avoir prise sur quelqu'un en l'attaquant, en le diminuant. Synon. entamer, porter atteinte à.[L'Empereur] nous disait l'autre jour qu'il avait été de marbre pour tous les grands événements, qu'ils avaient glissé sur lui sans mordre sur son moral ni sur ses facultés (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t.1, 1823, p.607).L'âge ne mordait pas sur sa petite personne, ses cinquante ans n'en paraissaient guère que trente-huit, il gardait une maigreur, une vivacité de jeune homme (Zola, Argent,1891, p.12). ♦ En partic. [En parlant de sentiments] Les calomnies mordent difficilement sur l'amitié (Alain, Propos,1921, p.332). Prononc. et Orth.: [mɔ
ʀdʀ
̥], (il) mord [mɔ:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 «entamer avec les dents» (Roland, éd. J. Bédier, 727); b) ca 1165 au fig. (Benoît de Sainte-Maure, Troie, 17568: Pinciez sera d'Amors et mors); 2. a) 1205-50 mordre à qqc. «se laisser prendre à» (Renart, éd. E. Martin, XIII, 1708); b) 1669 mordre à l'hameçon (La Fontaine, Psyché, II ds
Œuvres, éd. Régnier, t.8, p.169); 3. 1erqart xiiies. «critiquer, blâmer» (Reclus de Molliens, Charité, 112, 7 ds T.-L.); 4. 1268 «avoir prise sur» (Claris et Laris, 51, ibid.); 5. 1314 «saisir et retenir (en parlant de tenailles)» (Henri de Mondeville, Chirurgie, éd. A. Bos, § 636, t.1, p.158); 6. 1532 mordre à qqc. «comprendre» (Rabelais, Pantagruel, chapitre IX bis, éd. V. L. Saulnier, p.57); 7. emploi techn. 1560 impr. «être empêché par la frisquette de recevoir l'impression» (Chaix, Recherches sur l'imprimerie à Genève de 1550 à 1564 ds Wolf (L.) Buchdruck, p.186); 1690 (Fur.: La lime ne mord point sur le diamant... L'eau forte commune ne mord point sur l'or... On dit en coûture qu'il faut mordre bien avant dans l'estoffe... Cette rouë ne mord pas assez avant dans ce pignon pour le faire tourner); 1723 mordre la teinture (d'une étoffe) (Savary). Du lat. pop. *mordĕre (cf. ital. mordere, cat., esp., port. morder), class. mordēre «entamer avec les dents», p. ext. en parlant du froid ou de paroles «tourmenter, piquer, chagriner». Fréq. abs. littér.: 1969. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1689, b) 4104; xxes.: a) 3413, b) 2680. DÉR. Mordeur, -euse, adj.a) [En parlant d'un animal] Qui a l'habitude de mordre, qui mord, qui a mordu.
α) [En parlant du chien] Par une éducation perverse, il avait rendu ce chien mordeur, si bien que la duchesse (...) lui ordonnait de le tenir enchaîné (Bourget, Némésis,1918, p.124).Tout chien mordeur revu en bonne santé, dix jours après avoir mordu, peut être considéré comme non enragé (Garcin, Guide vétér.,1944, p.213).P. méton. [En parlant de la maladie qui incite à, qui se traduit par le fait de mordre] Les deux premiers chiens ont eu une rage paralytique et le troisième une rage furieuse, aboyeuse et mordeuse (Pasteurds Travaux,1884, p.386).
β) [En parlant d'autres animaux] Qui mord, qui blesse. Cheval mordeur (TondraCheval1979).Les morsures de serpents venimeux produisent des effets très différents suivant l'espèce du serpent mordeur (Calmette dsNouv. Traité Méd.fasc. 7 1924, p.97).b) P. anal.
α) Qui provoque une sensation vive. De voir cette belle poitrine dans l'air du matin, un peu mordeur, Albin demanda: − Vous n'avez pas froid, demoiselle? (Giono, Baumugnes,1929, p.203).
β) Emploi subst., p. métaph. Les villages appauvris envahissaient le bourg riche (...). Les trous de misère, les cachettes à meurt-de-faim ne tenaient plus un homme abrité; ils venaient à course allègre, les mordeurs de tranquillité (Hamp, Champagne,1909, p.166).− [mɔ
ʀdoe:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1resattest. a) 1263-65 mordeor «caustique (d'une personne)» (Rutebeuf, Dict. des Jacobins, 36 ds
Œuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, t.1, p.316), b) 1486 «qui mord (d'un animal)» (Bout., Somme rur., 1op., fo69c ds Gdf.); de mordre, suff. -eur2*. |