| MORBIDESSE, subst. fém. BEAUX-ARTS. [Notamment à propos des figures de femme ou d'enfant] Mollesse et délicatesse dans le modelé (des chairs). Morbidesse admirable; morbidesse de carnations, des traits; au dernier degré de la morbidesse. Les chairs. − L'artiste se garde bien de graver celles des femmes et des enfants comme celles des hommes. Il choisit pour les premières un travail plus uni et plus gras qui exprime la douceur des chairs et leur morbidesse (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin, 1876, p.628).[L'oeuvre d'Helleu se distingue] par une féminité spéciale, un rien de langueur, de morbidesse dans les attitudes et une tristesse indéfinissable (Mauclair, De Watteau à Whistler, 1905, p.284).La fraîcheur de leur teint, le potelé de leur morbidesse (Arnoux, Roy. ombres, 1954, p.76).− P. anal., LITT., MUS. Grâce alanguie empreinte de mélancolie suggérant une certaine nonchalance. Morbidesse irrésistible. Le [mode] mineur paraît délicat, pensif, non exempt de morbidesse (Combarieu, Mus., 1910, p.132): . Il y a là (je suis fâché que le mot ne soit plus à la mode) une mélancolie qui caresse, une tristesse voluptueuse et comme amusée (...), une élégante rêverie d'anémique et de dilettante. Je crois bien qu'après tout on ne saurait mieux trouver, pour caractériser ce charme, que le mot de morbidesse [it. ds le texte], devenu malheureusement aussi banal que celui de mélancolie et plus ridicule encore (...)!
Lemaitre, Contemp., 1885, p.94. − Au fig. Douceur alanguie. Dans l'air moite, empli de morbidesse, une châtelaine d'une morbidesse dolente (J. Renard, Crime de village, Paris, F. Bernouard, 1925-27, p.129). REM. 1. Morbidezza, subst. fém.,forme ital. Délicatesse, mollesse. L'ovale d'un visage, l'acuité d'une main, la courbe d'une épaule et d'un flanc offrent le plus haut objet qui soit à cette volonté d'affinement, d'élégance, de grâce, de morbidezza (Cassou, Arts plast. contemp., 1960, p.152). 2. Morbidezze, subst. fém.,var. Elle devient d'une beauté sérieuse dont elle ne se doute probablement pas et qui l'emporte sur toutes les morbidezzes de physionomie que nous recherchons dans les femmes (Barb. d'Aurev., Memor. 1, 1838, p.163). Prononc. et Orth.: [mɔ
ʀbidεs]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. 1588 morbidezza «grâce nonchalante» (Montaigne, Essais, II, 20, éd. P. Villey, t.1, p.673); 1801 morbidesse «suavité, douceur, délicatesse» (Mercier Néol.); 2. 1666 beaux-arts morbidezza (Félibien, Entretien sur les vies et les ouvrages des plus excellents peintres, t.I, p.234 ds Boulan, p.39); 1771 morbidesse (Diderot, Salons ds
Œuvres, Paris, 1876, t.11, p.479). Empr. à l'ital. morbidezza «caractère doux, moelleux (d'un objet ou d'un matériau)» (dep. xives., trad. de P. de Crescenzi ds Batt.), aussi «grâce nonchalante; délicatesse du teint (des femmes et des enfants)» (dep. 1340-42, Boccace, ibid.), et «moelleux, délicatesse des coloris (d'un tableau)» (av. 1556, L'Arétin, ibid.), dér. de morbido (morbide2*). Fréq. abs. littér.: 14. Bbg. Boulan 1934, p.39, 293. _ Hope 1971, p.293. |