| MONTAGNARD, -ARDE, adj. et subst. A. − 1. Adj. Qui habite la montagne, vit dans la montagne ou qui en est originaire. Le [type] respiratoire est souvent le produit de la vie nomade au grand air, qui demande une adaptation incessante aux changements d'atmosphère; il se forme aussi chez l'enfant qui change souvent de séjour, dans les populations montagnardes et marines (Mounier,Traité caract.,1946, p.212). 2. Substantif a) Personne qui habite la montagne, y vit, en est originaire ou l'aime au point de s'identifier à ses habitants. Tout d'un coup au coeur de ce bois, il éclata en menaces formidables. Ce n'était plus une créature, disait encore le soir Pauline à Valentin... Chaque montagnard est une montagne qui appelle à son moment le vent, l'ouragan, la foudre (Pourrat,Gaspard,1931, p.210).Les grands montagnards maigres m'inspirent (...) immédiatement confiance; ce doit être héréditaire: je suis petit-fils de montagnard (Vailland,Drôle de jeu,1945, p.8): 1. Chez ces robustes montagnards en lutte avec les éléments, il y a une foi encore plus touchante. La protection de Dieu ne leur suffit pas, il leur en faut une autre plus spéciale.
Michelet,Chemins Europe,1874, p.397. b) P. anal.
α) HIST. Membre du parti que formèrent, sous la Convention nationale, un certain nombre de députés siégeant sur les gradins les plus élevés et les plus à gauche de l'Assemblée (à la Montagne, v. montagne C 3): 2. On l'avait vue, en juillet 1790, bêcher la terre du Champs de Mars. Son penchant décidé pour les puissances l'avait portée facilement des Feuillants aux Girondins et aux Montagnards, tandis qu'un esprit de conciliation, une ardeur d'embrassement et un certain génie divers d'intrigue l'attachaient encore aux aristocrates et aux contre-révolutionnaires.
A. France,Dieux ont soif,1912, p.89. ♦ P. ext. Personne affichant des opinions très avancées. Si, à la tribune, quelque «terroriste», quelque «montagnard», quelque «rouge» faisait allusion au coup d'État comploté et à l'empire projeté, comme on lui vociférait: Vous êtes un calomniateur! (Hugo,Nap. le Pt,1852, p.46).Nous n'étions pas dilettante de Saint-Just et de Maximilien de Robespierre, comme quelques-uns de nos camarades qui posaient pour les montagnards de la poésie (Gautier,Hist. romant.,1872, p.96): 3 .... que cette volonté de pureté ne nous égare pas! Et n'allons pas croire que c'est elle encore qui nous pousse, si c'est seulement la peur − la peur de paraître faible, moins décidé que les autres − ou celle plus laide encore d'être éventuellement, par rapport à tels montagnards, le girondin promis à la guillotine.
Guéhenno,Journal «Révol.», 1937, p.32. Rem. L'emploi adj. de cette accept. se rencontre rarement: Je voulais en finir avec cette politique montagnarde, qui se dit républicaine et ne veut pas s'avouer socialiste (Proudhon, Révol. soc., 1852, p.191).
β) [En parlant de choses] Pop. et arg. Montagnard: Beignet (...) parce qu'on lui avait donné une teinte rouge (Larch.Suppl.1880, p.86).Montagnards. − Haricots rouges. − Je me suis collé une biture de montagnards au vin (Rigaud,Dict. arg. mod.,1881, p.255). B. − 1. Adj. Qui a rapport à la montagne, à ses habitants ou à leurs moeurs, qui appartient à la montagne ou l'évoque. Faune, flore, plante, vent montagnard(e). Je me suis trouvé d'assez bonne race montagnarde (Vailland,Drôle de jeu,1945, p.38).L'économie montagnarde, où le reboisement a été pratiqué comme moyen de restauration (Forêt fr.,1955, p.8): 4. Même étendue, livrée à l'immobilité et au silence qui, descendu du Matterhorn, rendait l'hôtel à la paix des maisons montagnardes, elle ne parvenait pas à s'endormir.
Peyré,Matterhorn,1939, p.107. 2. Subst. masc. a) MYTH. (et tradition pop.), vx. ,,Nom donné à des diables auxquels la superstition des mineurs attribue le pouvoir de les tourmenter`` (Littré; ds Besch. 1845, Lar. 19e). b) SPORTS. Cycliste bon grimpeur et spécialiste de la montagne. Ces «montagnards» qui une fois revenus dans la plaine semblaient avoir perdu toutes leurs qualités (Les Sports, 5 juill., in Lapaille, 10 ds Quem. DDL t.9). c) TRANSP. Cheval de renfort que les omnibus prenaient au bas des montées pour les aider à les franchir; conducteur de ce cheval (d'apr. Lar. 19e). Synon. côtier. (Ds Nouv. Lar. ill., Lar. 20e). d) ZOOL. ,,Faucon d'Afrique`` (Littré; ds Besch. 1845, Lar. 19e). Prononc. et Orth.: [mɔ
̃taɳa:ʀ], fém. [-aʀd]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1510 adj. «qui habite les montagnes» (J. Lemaire de Belges, Les Illustrations de Gaule, I, éd. J. Stecher, t.1, p.160); 2. 1549 subst. «habitant des montagnes» (Est.); 3. 1765 adj. «propre aux habitants des montagnes» (Encyclop., s.v. zenda-vesta [Zend-Avesta], t.17, p.701b); 4. a) 1792 patriotisme montagnard (J. des débats, 11 déc., p.1 ds Frey, p.152); b) 1793-94 hist. (Desmoulins ds Vx Cord., p.47: tous mes collègues montagnards). Dér. de montagne*; suff. -ard*. Fréq. abs. littér.: 465. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1225, b) 801; xxes.: a) 240, b) 357. Bbg. Delb. Matér. 1880, p.207. _ Dub. Pol. 1962, p.348. _ Quem. DDL t.9, 11. _ Vardar Soc. pol. 1973 [1970], p.270. |