| MONCEAU, subst. masc. A. − Tas, amas d'objets, en forme de monticule. Grand, petit monceau; monceau de pierres, de ruines. Quand mon père acheta Joinville, dit-elle, les grottes n'étaient qu'un monceau de décombres plein d'herbes et de vipères (A. France, Lys rouge, 1894, p.330).Rien ne donnait à nos troupes la mesure de la défaite allemande mieux que les monceaux de ferraille accumulés le long des routes (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p.273): . Elles [les baraques] étaient une douzaine, longues constructions de bois et de carton bitumé, branlantes, pourries (...). Aux fenêtres, des toiles huilées et du grillage. Le long des parois, des monceaux d'ordures, de boîtes de conserves, d'étoffes en décomposition, de charognes et de verre cassé.
Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p.362. − P. ext. Masse, grande quantité. Les Cointet prirent ainsi l'avance dans cette branche lucrative et calomnièrent David Séchard en l'accusant de libéralisme et d'athéisme. Comment, disaient-ils, employer un homme qui avait pour père un septembriseur, un ivrogne, un bonapartiste, un vieil avare qui devait tôt ou tard laisser des monceaux d'or? (Balzac, Illus. perdues, 1837, p.21). ♦ En/par monceau(x).En grande quantité. L'Opéra, devenu pareil à l'Odéon, A vu, depuis trois ans, aux stalles dédaignées, S'empiler en monceau les toiles d'araignées (Banville, Odes funamb., 1859, p.88).Par monceaux, les nuées, Émergeant de la cuve ardente de la mer, Tantôt, comme des blocs d'airain, pendaient dans l'air (Leconte de Lisle, Poèmes barb., 1878, p.3). − P. métaph. Monceau d'erreurs, de faits, d'injustices. Des tournesols, des lys, des pivoines (...). Ce monceau de couleurs éclatantes descendait obliquement (Flaub., Coeur simple, 1877, p.72).Et quelle flatterie effroyable que celle Qui sort de ce monceau de honte universelle [l'histoire]! (Hugo, Âne, 1880, p.345).Comment unir d'un lien de chair ou d'esprit cette apparition [Diane] (...) à cet aïeul obèse, parvenu, à ce monceau d'orgueil avare? (Arnoux, Solde, 1958, p.201). B. − HORTIC. ,,Variété de greffe qui se pratique en introduisant le greffon en biseau dans une entaille de l'arbre à greffer`` (Fén. 1970; dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth.: [mɔ
̃so]. Att. ds Ac. dep. 1694. Au plur. des monceaux. Étymol. et Hist. 1. 1remoitié xiies. muncel «tas, amas» (Psautier Cambridge, 77, 13 ds T.-L.); ca 1165 monceaus (Benoît de Sainte-Maure, Troie, éd. L. Constans,13028); 2. 1667 fig. «accumulation» (Boileau, Satires, éd. C. H. Boudhors, VIII, p.61). Du b. lat. monticellus «colline», (dér. de mons, montis). Fréq. abs. littér.: 413. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 752, b) 968; xxes.: a) 452, b) 323. |