| MOMIFICATION, subst. fém. Action de momifier; résultat de cette action. La sécheresse, les sables et les rites funéraires de la momification ont préservé là-bas [en Égypte] les écrits que le climat de l'Occident et ses usages vouaient, au contraire, à une rapide destruction (M. Bloch, Apol. pour hist.,1944, p.33).La chaleur, les courants d'air, le processus naturel de dessiccation, par exemple, peuvent amener une momification (Amadou,Parapsychol.,1954, p.67):. Quand deux cérémonies distinctes dans le temps scandent encore sensiblement le début et la fin de la mort, la «première sépulture» possède un sens très voisin de pratiques aussi diverses que la momification, que la crémation (...) il s'agit en effet dans tous ces cas de transformer le cadavre en un corps nouveau, condition nécessaire pour le salut de l'âme, car on ne peut accorder au mort une sépulture définitive, tant que son corps et son être tout entier sont plongés dans l'infection...
J. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p.256. − MÉD. ,,Dessiccation des tissus d'une partie du corps à la suite d'une gangrène sèche`` (Méd. Biol. t.2 1971). Si les tissus anémiés communiquent avec les bronches, ils sont bientôt envahis par la suppuration et une caverne se forme; s'ils sont au contraire isolés, au sein d'un tissu imperméable à l'air et aux germes, le séquestre subira une véritable momification (Nocard, Leclainche,Mal. microb. animaux,1896, p.241). − P. anal. ou au fig. Le Salon [carré au Louvre] s'assombrissait, et arrivait à ne plus lui montrer qu'une sorte de momification des couleurs sous la patine et le jaunissement du temps (Goncourt,Man. Salomon,1867, p.428).Je le trouve [le Japon] petit, vieillot (...) j'ai conscience de son antiquité antédiluvienne; de sa momification de tant de siècles (Loti,MmeChrys.,1887, p.299).La fusion dans un être collectif n'est pas incompatible avec une certaine survivance, mais pas avec la momification de l'âme humaine (Warcollier,Télépathie,1921, p.350). Prononc. et Orth.: [mɔmifikasjɔ
̃]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. a) 1789 «transformation d'un cadavre en momie» (M.-A. Thouret, Rapport sur les exhumations du cimetière et de l'église des Saints-Innocents, p.30 ds DG); b) 1840 obstétr. «dessèchement du foetus mort in utero» (P. Cazeaux, Traité de l'art des accouchements, p.122); c) ca 1893 «dessèchement des tissus dans certaines maladies» (Gde Encyclop. t.18, p.452b, s.v. gangrène); 2. a) 1834 p. anal. «extrême amaigrissement» (Boiste); b) 1867 fig. (Goncourt, loc. cit.); c) 1868 fig. (Sand, MlleMerquem, p.7: momification morale [d'une personne]). Dér. de momifier*; suff. -tion*. Au sens 1 b, cf. angl. mummification (1857 ds NED). |