| MODERNITÉ, subst. fém. Aspect, caractère moderne (d'une chose). Elle me rappelle beaucoup ces bustes gallo-romains (...) où, dans le pur type grec, s'est glissée la modernité un peu canaille du physique marseillais (Goncourt, Journal, 1885, p.516).Cette phrase, écrite en 1866, frappe par sa modernité (Benda, Fr. byz., 1945, p.291):1. À mesure qu'on approchait de Barcelone, on voyait une campagne industrielle, des villas «coquettes», des autos sur les routes, et même − spectacle d'une modernité inouïe, quasi incroyable en Espagne − une jeune fille à bicyclette!
Montherl., Pte Inf. Castille, 1929, p.596. − Domaine des arts.Ensemble des caractères exprimant les goûts, les tendances de l'époque moderne, et qui se manifestent dans l'oeuvre d'un écrivain, d'un artiste. Vous [François Coppée] exprimez sous une forme exquise et personnelle ce que chacun de nous a éprouvé. Cette modernité vous appartient en propre. La maîtrise éclate à chaque vers (Flaub., Corresp.,1878, p.113).Avec Baudelaire, la poésie française sort enfin des frontières de la nation. (...) elle s'impose comme la poésie même de la modernité (Valéry, Variété II, 1929, p.130): 2. Il est regrettable que peu de commentateurs jusqu'ici aient vu que le second Degas, le Degas inspiré et amoureux, le Degas par conséquent, deux fois aveuglé, demeure le seul clairvoyant, et que ses oeuvres dernières condamnent solennellement, au nom du lyrisme, de l'invention, de l'audace et de la modernité, l'oeuvre du premier Degas, prisonnier des conventions usées...
Lhote, Peint. d'abord, 1942, p.22. Prononc.: [mɔdε
ʀnite]. Étymol. et Hist. 1. 1848 «caractère de ce qui est moderne» (Chateaubr., Mém., t.4, p.183); 2. 1863 beaux-arts (Baudel., Curios. esthét., p.335). Dér. de moderne*; suff. -(i)té*. Fréq. abs. littér.: 57. |