| MODERNISTE, adj. et subst. A. − [Correspond à modernisme I] Qui exprime, privilégie (de façon souvent exclusive) les idées modernes; qui se conforme (parfois à l'excès) aux goûts, aux usages modernes. 1. [Qualifie une manifestation de l'activité hum.] Anton. archaïque.Ce jeune homme (...) n'avait d'estime et de curiosité que pour les choses de l'esprit, surtout pour ces manifestations modernistes de la littérature et de l'art (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p.732).L'impératif moderniste contraint l'homme à raisonner son actualité et l'expression qu'il doit en donner (...). À côté de la revue d'information, qui enregistre, se développe la revue de tendance, qui renonce à l'objectivité et cherche à imposer ses convictions (Civilis. écr., 1939, p.34-1): 1. Nous avions beau (...) marquer de la réserve à tout ce qui concernait les extravagances modernistes en général et les expériences du Dr Pasquier, mon père, en particulier, l'idée de traverser Créteil dans cet équipage étrange nous donnait quelque plaisir.
Duhamel, Terre promise, 1934, p.85. 2. [Qualifie une pers.] Anton. archaïsant, traditionaliste.Être libéral, c'est précisément le contraire d'être moderniste et c'est par un incroyable abus de langage que l'on apparente ordinairement ces deux mots (Péguy, Argent, 1913, p.1133).Une sorte de coterie moderniste se formait autour de lui (Maurois, Disraëli, 1927, p.22). − Emploi subst. J'en suis à me reprocher (...) l'indulgence dont j'ai fait preuve, en rendant compte de la plupart des toiles des jeunes modernistes officiels (Huysmans, Art mod., 1883, p.100).Cette fois du reste le public, qui avait résisté aux modernistes de la littérature et de l'art, suit ceux de la guerre (Proust, Temps retr., 1922, p.779). B. − [Correspond à modernisme II] 1. [Qualifie une manifestation de la pensée hum.] Qui se rapporte au modernisme religieux. Un jeune catholique trop sensible à l'atmosphère moderniste des premières années du siècle (Mauriac, Journal occup., 1945, p.339).Il avait été jadis en relations avec (...) les principaux instigateurs du mouvement moderniste (Martin du G., Souv. autobiogr., 1955, p.lxxxviii). 2. [Qualifie une pers.] Qui est partisan du modernisme en matière de religion. Un abbé moderniste, musicien, lettré, artiste, pour ou contre qui les élèves de l'école Fénelon (...) se coalisaient (Blanche, Modèles, 1928, p.135).On ne sort pas du Jésus de l'Évangile (...). On n'est donc pas moderniste, au sens condamné du mot (Teilhard de Ch., Milieu divin, 1955, p.141). − Emploi subst. Le chrétien perdu dans les nappes divines ne subit dans son esprit aucune de ces déformations réprouvées qui font le «moderniste» ou l'illuminé (Teilhard de Ch., Milieu divin, 1955, p.140): 2. ... ce catholique est un protestant, ou, pire encore, un moderniste. Sa doctrine est un résumé de maximes qui ont été je ne sais combien de fois condamnées par Rome, et, en dernier lieu, par l'encyclique Pascendi.
Claudel, Corresp., [avec Gide], 1916, p.235. Prononc. et Orth.: [mɔdε
ʀnist]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. Subst. a) 1769 «partisan de ce qui est moderne» (J.-J. Rousseau, Lettre à M. D., 15 janv. ds Littré); b) 1883 «peintre qui a la prétention d'innover un genre» (Huysmans, loc. cit.); 2. adj. a)1895 «relatif aux temps modernes» (A. Daudet, Pte paroisse, p.157); b) 1909 relig. «partisan du modernisme» (G. Tyrrel, Suis-je catholique, Examen de conscience d'un moderniste). Dér. de moderne*; suff. -iste*. Fréq. abs. littér.: 33. |