| MODE1, subst. fém. I. − Ce qui est établi de manière durable, stable. A. − Vx. Manière d'être, de penser, d'agir, particulière à quelqu'un. Synon. convenance, façon, guise.Chacun vit à sa mode. Laisse-moi t'aimer à ma guise, à la mode de mon être, avec ce que tu appelles mon originalité. Ne me force à rien, je ferai tout (Flaub.,Corresp., 1846, p.226).Ce soir, dit-elle, j'irai veiller votre morte, ma petite Mouchette. (...) − Venez si vous voulez, faites à votre mode (Bernanos,Mouchette, 1937, p.1329): 1. ... comme Françoise, à mon contact, avait enrichi son vocabulaire de termes nouveaux, mais en les arrangeant à sa mode, elle disait d'Albertine qu'elle n'avait jamais connu personne d'une telle «perfidité»...
Proust,Prisonn., 1922, p.365. B. − 1. Manière de se comporter propre à un groupe social, une région, un pays. Synon. coutume, habitude, tradition.À la mode ancienne; à la mode d'Italie. Elle est née dans l'île d'Hydra, mais elle s'habille à la mode d'Athènes: veste de velours noir, jupe de couleur claire, un foulard natté dans les cheveux (About,Roi mont., 1857, p.11).À Aurigny, on a une mode. On prend de la bouse de vache et on la jette contre les murs (...). Quand elle est sèche, elle tombe, et l'on se chauffe avec cela (Hugo,Travaill. mer, 1866, p.85).Une chambre sombre, où je distinguai (...) une grande glace et un petit lit recouvert, à la mode campagnarde, d'un édredon de soie rouge (Alain-Fournier,Meaulnes, 1913, p.302): 2. ... on célébra le mariage du roi d'Angleterre et de madame Catherine (...). Henri de Savoisy, archevêque de Sens, officia au mariage, et bénit le lit des mariés. Dans la nuit, on vint leur porter la soupe au vin, car le roi Henri avait voulu que tout se passât à la mode de France.
Barante,Hist. ducs Bourg., t.4, 1824, p.307. 2. Loc. prép. a) À la mode de Bretagne ♦ Cousin, cousine à la mode de Bretagne. V. cousin1A. ♦ Neveu, nièce à la mode de Bretagne. Fils, fille d'un cousin germain, ou d'une cousine germaine: 3. ... une fille qui se trouvait être (...) soeur de mon père et beaucoup plus âgée que lui. Elle avait été mariée (...) et ses deux fils (...) étaient par conséquent les neveux de mon père, bien que l'oncle et les neveux fussent à peu près du même âge. Quant à moi, je suis leur cousine, et leurs enfants sont mes neveux et nièces à la mode de Bretagne, bien que je sois la plus jeune de cette génération.
Sand,Hist. vie, t.2, 1855, p.326. ♦ Oncle, tante à la mode de Bretagne. Cousin germain, cousine germaine du père ou de la mère. L'impératrice Joséphine (...) était, dit Mmede Séryeuse, la tante à la mode de Bretagne de mon arrière-grand-mère, qui jeune fille était une Sanois comme la mère de Joséphine (Radiguet,Bal, 1923, p.101). ♦ Parent, parenté à la mode de Bretagne. Parent lointain, parenté qui n'est pas établie de manière certaine. Clemenceau (...) avait daigné se ressouvenir qu'il y avait une parenté à la mode de Bretagne entre sa famille et les Barbentane (Aragon,Beaux quart., 1936, p.222): 4. Meot, lui dit le roi, tu me pousses ta famille, tes nièces, tes cousins, tes fieux; tu n'as pas un parent à la mode de Bretagne, marmiton, gâte-sauce, qu'il ne faille placer et faire gros seigneur.
Courier,Lettres Fr. et Ital., 1806, p.735. b) ART CULIN. À la mode de. Préparé selon la recette en usage à. À la mode de chez nous. Ruy Gomez se plaignait, ce soir, d'avoir trop mangé à son déjeuner de tripes à la mode de Caen (Goncourt,Journal, 1867, p.378). ♦ Boeuf à la mode (vieilli) ou boeuf mode. Ragoût préparé avec une pièce de boeuf piquée de lard, assaisonné de carottes et d'oignons. Pour faire un bon boeuf mode il faut un morceau pesant de 800 g à 1 kg (...) le boeuf mode est très bon réchauffé (G. Mathiot,Cuis. pour toi et moi, Paris, Flammarion, 1969, p.105). II. − Ce qui est fixé de manière temporaire. A. − Manière passagère de sentir, de penser, de vivre, érigée en norme sociale dans un milieu, une société donnée. Une jeune personne consent à se marier pour se conformer à la mode, arriver à l'indépendance et à un établissement (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.595).Le mérite du collectionneur est de devancer la mode (Balzac,Cous. Pons, 1847, p.33).Assurément les sentiments aussi vieillissent; il est des modes jusque dans la façon de souffrir ou d'aimer (Gide,Journal, 1931, p.1052): 5. ... la mode a le privilége d'user les choses avant qu'elles aient perdu leur utilité, souvent même avant qu'elles aient perdu leur fraîcheur: elle multiplie les consommations, et condamne ce qui est encore excellent, commode et joli, à n'être plus bon à rien. Ainsi la rapide succession des modes appauvrit un État de ce qu'elle consomme et de ce qu'elle ne consomme pas.
Say,Écon. pol., 1832, p.449. SYNT. Les caprices de la mode; c'est la mode, la dernière mode (de faire qqc.); se mettre à la mode; suivre la mode; être à la pointe de la mode. ♦ Faire, lancer, régler la mode. Décider de ce qui sera admis ou privilégié dans une société donnée; imposer à celle-ci des choix, des goûts personnels. La vieille tante (...) croit que Roger de Beauvoir fait encore la mode à Paris, ne voit que la ville haute et donne un bal par an (Goncourt,Journal, 1858, p.476). ♦ (Faire qqc.) par mode. (Faire quelque chose) pour se conformer à la mode. Synon. actuel par snobisme.Ces clubs du désespoir augmentaient d'une manière effrayante; et beaucoup de bourgeois s'y rendaient quotidiennement, par bravade, par mode (Flaub.,Éduc. sent., t.2, 1869, p.147): 6. ... cet acte d'une pièce de Sardou où, par amitié pour l'auteur et la principale interprète, par mode aussi, toutes les notabilités parisiennes, de célèbres médecins, des hommes politiques, des avocats, vinrent pour s'amuser, chacun un soir, figurer sur la scène.
Proust,J. filles en fleurs, 1918, p.535. − Loc. adj. ou adv. 1. [En parlant d'une chose] a) À la mode. Qui est conforme au goût, au besoin du moment et reçoit la faveur du public. Revenir à la mode; endroit, restaurant à la mode; livre, spectacle à la mode; refrains à la mode. Anémique? Pas possible! Le mot est à la mode, ne le prenez pas trop au sérieux (Flaub.,Corresp., 1875, p.231): 7. ... entre les deux guerres, à l'époque où les conversions étaient à la mode: conversions au catholicisme ou au communisme. «À la mode», c'est-à-dire que les contradictions du monde bourgeois agonisant étaient devenues si poignantes, si intolérables qu'il fallait absolument trouver un moyen quelconque d'évasion...
Vailland,Drôle de jeu, 1945, p.163. ♦ Mettre qqc. à la mode. Faire adopter par le public une chose nouvelle ou présentée comme telle. Mettez la poésie d'Homère ou l'éloquence de Démosthènes à la mode, les Français en feront, et même ils y excelleront (Joubert,Pensées, t.1, 1824, p.384).Papa (...) étant allé s'établir à Londres pour lancer et mettre à la mode la publicité lumineuse (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p.234). b) De mode (vieilli). Synon. de à la mode.Pendant que vous étiez à New-York, la couleur des tilburys a changé; c'est le tête-de-nègre qui est de mode aujourd'hui (Stendhal,Amour, 1822, p.207).La baronne de Kermadec était folle du jeu de tric-trac, qui était fort de mode au temps de sa jeunesse (Ponson du Terr.,Rocambole, t.1, 1859, p.641). ♦ Il est de mode de + inf. Il est de bon ton de. J'ai commandé des cartes séparées pour ta femme et pour toi. Il n'est plus de mode, à ce que m'a dit le graveur, d'en donner de collectives (Hugo,Corresp., 1825, p.430).Je sais qu'il est de mode, au nom de la science, de mépriser la religion (Barrès,Cahiers, t.13, 1921, p.212). ♦ Passer de mode. Cesser d'être dans le goût du moment. Synon. se démoder.Cette danse est passée de mode (Dub.). À cette époque passa de mode le genre rabelaisien, si cher au XVIesiècle (Sainte-Beuve,Tabl. poés. fr., 1828, p.278). 2. [En parlant d'une pers.] À la mode. Qui est momentanément très réputé et apprécié du public. Acteur, chanteuse à la mode. Si j'avais du talent, on m'imiterait. Si l'on m'imitait je deviendrais à la mode (Renard,Journal, 1896, p.330): 8. Elle nourrissait le secret projet de faire de lui, à Plassans, le médecin à la mode. Il suffirait que des hommes comme Granoux et Roudier consentissent à le lancer.
Zola,Fortune Rougon, 1871, p.96. ♦ Homme, femme, jeunes gens à la mode. Homme, femme, jeunes gens recherchés, fêtés dans la haute société en raison du prestige mondain dont ils jouissent. − Est-ce que vous n'aurez pas ce soir le comte de Monte-Cristo? − (...) Rassurez-vous, madame, nous aurons l'homme à la mode, nous sommes des privilégiés (Dumas père, Monte-Cristo, t.2, 1846, p.144).Les jeunes gens à la mode, les jeunes «lions» qui (...) font grand bruit de leurs maîtresses (Proust, Sodome, 1922, p.619): 9. ... une femme fort remarquable a prétendu qu'on pouvait, toute laide qu'on fût, devenir femme à la mode, et avoir conséquemment des amants, en possédant de très beaux équipages, se mettant avec goût, recevant bien les gens, allant là où va le beau monde, et ayant un peu d'esprit.
Balzac,Physiol. mar., 1826, p.81. ♦ En partic., fam. Être à la mode. Avoir des goûts jeunes, modernes; être large d'esprit. Synon. fam. être dans le coup*.Elle est à la mode, ta grand-mère! (Bél.1974). B. − En partic., dans le domaine de l'habill., de la toilette 1. Ensemble d'habitudes passagères, conformes au modèle esthétique reçu par la société à laquelle on appartient. À cette époque, la mode aidait singulièrement au déguisement (Sand,Hist. vie, t.4, 1855, p.81).Quand la mode des cheveux jaunes arriva, elle fut charmée (Zola,Curée, 1872, p.407).Ces modes, déjà enterrées à Londres, seraient adoptées par nous, ainsi que les modes de Paris le sont par la province attardée (Goncourt,Journal, 1895, p.732): 10. Elle s'était approchée de la glace et elle suivait du doigt la courbe de ses épais sourcils. «J'aurais dû les épiler; je devrais suivre la mode (...)»
Beauvoir,Mandarins, 1954, p.340. SYNT. Mode féminine, masculine; mode courte, longue; mode d'été, d'hiver; défilé, figurine, gravure, présentation de mode; journal, magazine de mode (qui concerne la toilette féminine); la mode est à (qqc.); la mode (de qqc.) est passée, revient; c'est la mode, la dernière mode, la grande mode, la nouvelle mode; se mettre à la mode. ♦ P. méton.: 11. ... les acheteurs de modèles parisiens (...) occupent une place à la fois importante et discrète (...). Trois fois par an, à l'époque des achats, ou des saisons, ils arrivent de New-York, de Rio ou de Rome, assistent aux défilés de mannequins, et repartent avec la mode en valises au bout de deux semaines.
Fargue,Piéton Paris, 1939, p.236. − Loc. adj. ou adv. a) [En parlant d'une chose] ♦ À la mode. Conforme à la mode vestimentaire. Une étoffe à la mode (Ac. 1835-1935); une robe à la mode. Beauchêne m'a montré mon habit qui va bien; il est fort laid et très à la mode (Hugo,Corresp., 1825, p.409).Je ne sais quelles sont les couleurs à la mode. Depuis la mort de monsieur Sorbet, je ne porte jamais que du noir ou du blanc (Leclercq,Proverbes dram., MmeSorbet, 1835, 6, p.153).Jamais, dans le clan Baudoin, les femmes ne portaient de ces jupes courtes qui commençaient alors d'être fort à la mode (Duhamel,Suzanne, 1941, p.150).P. ell., adj. inv., fam. Tissu mode; coupe, longueur, teinte mode: 12. ... nous aurons ainsi (mêlant des teintes connues à quelques autres tout à fait neuves) les vert paon, bleu grenat, lie de vin, suresne, régina, loutre, gris de fer, gris ardoise, gris mode, écru et d'autres désignant les mêmes tons sous de vaines appellations.
Mallarmé,Dern. mode, 1874, p.781. ♦ De mode (vieilli). Synon. de à la mode.Deux d'entre eux portaient la barbe en collier, ainsi qu'il était de mode pour la jeunesse à cette époque (Duhamel,Désert Bièvres, 1937, p.8).Passer de mode. Cesser d'être à la mode. Synon. se démoder.Le poète (...) reconnut (...) les défectuosités qui frappaient de ridicule son habit dont la coupe était passée de mode, dont le bleu était faux, dont le collet était outrageusement disgracieux (Balzac,Illus. perdues, 1839, p.175): 13. Elle s'amusait, parfois, à draper sur moi le burnous noir léger, rayé de lames d'or, à me coiffer du capuchon à gland (...). − Tu le garderas pour sortir du bal, quand tu seras mariée, disait-elle. Rien n'est plus seyant, et au moins c'est un vêtement qui ne passe pas de mode.
Colette,Mais. Cl., 1922, p.158. b) [En parlant d'une pers.] À la mode. (D'une manière) conforme au modèle imposé par la mode. Être, s'habiller à la mode. J'ai eu hier un bal de la noblesse de la province; d'assez belles femmes, assez riches, assez mal mises, quoiqu'à la mode de Paris (Napoléon Ier, Lettres Joséph., 1806, p.119).Un très élégant jeune homme, vêtu à la dernière mode de 1900 (Gracq,Beau tén., 1945, p.157). ♦ P. ell., adj. inv., fam. Les femmes très «mode» tout dernier cri, jupe collante et chapeau Montpensier (Jouhandeau,M.Godeau, 1926, p.294). 2. P. méton. a) Au plur., vx. Vêtements féminins ou accessoires de la toilette féminine. Une marchande de modes. La princesse Pauline, étant à Nice, avait organisé un fourgon en poste qui arrivait chaque jour de Paris, chargé de modes, et d'ajustements (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.417).Pendant ces trois mois d'hiver, nous avons des invitations pour quinze bals; mon père a loué une loge au théâtre (...). Et j'ai fait venir pour toi et pour moi les modes les plus nouvelles (Karr,Sous tilleuls, 1832, p.99): 14. ... déjà la belle saison, dans les galeries du Bonheur, s'attiédissait avec les étoffes légères, l'éclat fleuri des nuances tendres, la gaieté champêtre des modes d'été et des ombrelles.
Zola,Bonh. dames, 1883, p.619. − En partic. Chapeaux féminins. Il n'est pourtant pas indifférent, pour une marchande de modes, de coiffer un visage comme celui de madame Darbaut (Leclercq,Proverbes dram., Mar. manqué, 1835, 1, p.57).Lamiel fit arrêter devant un magasin de modes. Elle acheta un chapeau fort simple (Stendhal,Lamiel, 1842, p.201). b) Au sing. Industrie, commerce de la toilette féminine. Travailler dans la mode. Ouvrière en mode (Michelet,Journal, 1860, p.507): 15. ... si je n'avais pas commencé mes études, (...) où seriez-vous aujourd'hui, vous autres? Toi, Laurent, tu serais peut-être employé de commerce et ta soeur Cécile serait dans la nouveauté, dans la mode, ou dans quelque chose du genre.
Duhamel,Cécile, 1938, p.21. REM. 1. Modilogue, subst. masc.,p. plaisant. Spécialiste de la mode vestimentaire (supra II B). Demander l'origine des souliers à la poulaine, des aumônières, des chaperons, de la cocarde, des paniers, des vertugadins, des gants, des masques, du velours, c'est entraîner un modilogue dans l'effroyable dédale des lois somptuaires (Balzac,
Œuvres div., t.2, 1830, p.179). 2. Modimane, subst. masc.,p. plaisant. Homme qui aime la mode avec passion (supra II A). Le déjeuner se trouve donc aujourd'hui l'écueil des disciples de la fashion. Un maître, un modimane reconnaît le degré délégance auquel est parvenu son amphitryon en jetant un coup d'œil sur la table (Balzac,
Œuvres div., t.2, 1830, p.46). 3. Modiphile, subst. masc.,p.plaisant. Homme qui s'intéresse à la mode (supra II A, B). Alors, les matières à traiter dans la seconde partie furent adoptées à l'unanimité par cet illustre parlement de modiphiles, sous le titre de Principes généraux de la vie élégante (Balzac,
Œuvres div., t.2, 1830, p.168). Prononc. et Orth.: [mɔd]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Fém. 1. a)
α) ca 1393 «manière collective de vivre, de penser propre à un pays, à une époque» (Ménagier, éd. Sté Bibliophiles fr., t.2, p.185: Poucins [...] à la mode Lombarde); ca 1485 (Mistère du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, XXVII, 22241: ilz ont modes telles);
β) 1619 neveu à la mode de Bretagne (A. d'Aubigné, Faeneste, l. 3, chap.2 ds
Œuvres compl., éd. E. Réaume et F. de Caussade, t.2, p.485); 1690 oncle à la mode de Bretagne (Fur.);
γ) 1651 boeuf à la mode (v. boeuf); 1893 boeuf mode (DG); b) 1549 «goûts collectifs, manières passagères de vivre, de penser, de sentir» (Est.); 2. 1452 «façon, manière» (A.Gréban, Mystère de la Passion, éd. O. Jodogne, 27374); [1466 masc. (P.Michault, Doctrinal du temps présent, X, 365, éd. Th.Walton, p.20), attest. isolée au masc.]; 3. a) 1480 «manière de s'habiller» (G.Coquillart, Droitz nouveaulx, 770, éd. M. J. Freeman, p.167: S'abiller a mode nouvelle); 1849 emploi adj. (J. des demoiselles, juill., 210b, Bruxelles ds Quem. DDL t.16: taffetas couleur mode); 1906 (Léautaud, Amours, p.231: vieille dame ancienne mode); b)α) 1692 plur. «vêtements féminins» (Dancourt, Bourgeoises à la mode, I, scène 6 ds Brunot t.6, p.1103, note 4: marchande de modes);
β) 1827 plur. «chapeaux féminins» (MmeCelnart, Man. des dames ou L'Art de la toilette, 350, Roret ds Quem. DDL t.16);
γ) 1845 plur. «commerce de la toilette féminine» (Besch.); 1860 sing. (Michelet, loc. cit.). B. Masc. 1. a) [1550 gramm., d'abord fém. (L. Meigret, Le Tretté de la gramme̥re françoȩze, éd. W. Foerster, p.93: l'imperative mode)]; 1611 masc. (Cotgr.); b) 1765 gramm. modes personnels, impersonnels (Encyclop., s.v. impersonnel, mode); 2. a) α) [1547 fém. mus. anc. (Amyot, De la musique, 8 ds Hug.: trois modes [...] la phrygiene, et la doriene, et la lydiene), rare au fém.]; 1598 masc. (A.d'Aubigné, Lettres de poincts de science, à M. de Boüillon ds
Œuvres compl., éd. citée, t.1, p.463: le mode Dorien [...] le Phrigien; p.464: les modes [...] autentique [...] plagal [v.Quem. DDL t.15]);
β) 1688 mus. mod. mode de majeur, de mineur (Rich.); 1705 mode majeur, mineur (Brossard); b)1803 p.anal. (Chateaubr., Génie, t.2, p.7: les pseaumes avoient un mode extatique); 3. 1647 philos. (Descartes, Méditations métaphysiques, 3 ds
Œuvres philos., éd. F. Alquié, t.2, p.444); 4.1690 log. (Fur.); 5. a) 1789 «forme particulière sous laquelle se présente un fait, s'accomplit une action» (Mirabeau, peint par lui-même, 18 mai, Paris, Buisson, t.I, p.13 ds Z. fr. Spr. Lit. t.35, p.140: mode de délibérer); b)1797 mode de vie (Chateaubr., Essai Révol., t.2, p.375); c) 1872 mode d'emploi (Viollet-Le-Duc, Archit., p.387); 6.1840 dr. (Ac. Compl. 1842); 7. 1909 stat. (E. Claparède, Rapp. sur la terminol. psychol. ds Lal. 1932); 1928 (Delc.). Empr. au lat. modus masc. «mesure, étendue; modération»; en mus.: «mesure, mélodie, mode; manière, façon, sorte, genre»; en gramm.: «voix, mode». Mode était fém. à l'orig., en raison de sa terminaison en -e (supra A), le masc. s'est réintroduit à partir du mil. du xves. (supra A 2) prob. sous l'infl. du lat., et spéc. pour des sens techn. (supra B). Il existait une forme meuf, moeuf, en a. fr. et m. fr., aux sens de gramm. et de mus. (Bl.-W.; FEW t.6, 3, pp.20-21). Bbg. Greimas Mode 1948, p.10. |