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MITRE, subst. fém.
A. −
1. HIST. ANTIQUE. Coiffure plus ou moins pyramidale en usage en Phrygie et chez certains peuples du Moyen Orient. Des bouffons égyptiens, coiffés de hautes mitres blanches de forme ridicule, s'avancèrent (Gautier, Rom. momie,1858, p.236).Le Perse a la tiare et le Mède a la mitre (Hugo, Légende,t.3, 1877, p.178):
1. ... Hérodias apparut, − coifée d'une mitre assyrienne qu'une mentonnière attachait à son front... Flaub., Hérodias,1877, p.195.
En partic. Coiffure en bandeau que portaient, à Rome, certains prêtres et les vestales. (Ds Lar. 19e). Il reconnut Jésus, (...) pareil avec cette mitre à un jeune haruspice, ou bien au servant d'un des prêtres syriaques qui célébraient les mystères de la bonne déesse (Montherl., Bestiaires,1926, p.480).
2. RELIG. CHRÉT. Coiffure haute, de forme pyramidale, fendue par le milieu et garnie de deux fanons tombant sur la nuque, que portent le pape, les évêques et certains abbés à l'occasion de certaines cérémonies pontificales. Le bon abbé de San-Lucar, paré des habits pontificaux, ayant sa mitre enrichie de pierres précieuses, son rochet, sa crosse d'or, siégeait, roi du choeur, sur un fauteuil d'un luxe impérial (Balzac, Élixir,1830, p.393).Sur un pavois porté par quatre empereurs, plus haut que tous nous élevons le pape. Sa mitre sera d'or, le plus fin qui soit à vendre (Quinet, Ahasvérus,1833, 3ejournée, p.210):
2. ... l'évêque, mitre en tête, invita l'assistance à prier pour obtenir le secours divin que la persévérance exige. Billy, Introïbo,1939, p.136.
P. méton. Le haut clergé. [Napoléon III] règne par la mitre et par le hausse-col (Hugo, Châtim.,1853, p.135).
Loc. Recevoir la mitre. Être nommé évêque. (Dict. xxes.).
3. P. anal.
a) HIST. Coiffure en forme de mitre qu'on mettait sur la tête des hérétiques condamnés au bûcher. Synon. san-benito.On coiffa sa tête rasée d'une grande mitre de papier sur laquelle ces mots étaient écrits: «Hérétique, relapse, apostate, idolâtre» (A. France, J. d'Arc,t.2, 1908, p.393).On leur avait mis sur la tête [à Jacques de Molcy et au Précepteur de Normandie] l'infamante mitre de papier des hérétiques (Druon, Roi de fer,1955, p.110).
b) Coiffure pyramidale assez haute de forme. Dans la partie du steam-boat réservée à la première classe se voyaient des Arméniens en longues robes et coiffés d'espèces de mitres (Verne, M. Strogoff,t.1, 1876, p.95).La performance dure quatre ou cinq jours, dirigée par un chef-danseur qui porte sur la tête une haute mitre emplumée (Cuisinier, Danse sacrée,1951, p.74).
B. − P. anal.
1. ZOOL. (conchyliologie). Coquillage marin des mers chaudes ayant la forme d'un fuseau. Parmi ces produits, je citerai (...) toutes les variétés de porcelaines qui servent de monnaie dans l'Inde et en Afrique, (...) enfin des littorines, (...) des volutes (...), des mitres (Verne, Vingt mille lieues,t.1, 1870, p.110):
3. ... sur les parties naturelles ils portent quelque chose d'oblong et de rougeâtre que j'ai supposé être une moitié de mitre ou autre coquille semblable. Dumont d'Urville, Voy. autour du monde,t.4, 1832-34, p.560.
2. BÂT. Appareil, de terre cuite ou de tôle, ou construction, de forme variable, s'adaptant sur le sommet d'une cheminée et destiné à empêcher la pluie ou le vent de s'introduire dans la trémie tout en assurant un bon tirage:
4. Borusse demeura un moment immobile devant la lucarne, regardant et ne voyant pas le paysage de toits enchevêtrés, aux gouttières rehaussées d'un trait de neige, aux cheminées coiffées de chapeaux annamites, de mitres ou de manches à air semblables à celles des ponts de navires. Arnoux, Suite var.,1925, q. 60.
3. ART CULIN. Croupion de grosse volaille. Des portions de comestibles, encore très-désirables, venaient de temps en temps chasser le besoin et faire naître la joie; par exemple (...) la mitre d'un dindon, un morceau de filet, de la pâtisserie, etc. (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p.299).
REM. 1.
Mitraille, subst. fém.,p. plaisant. Corps des évêques. Après la réforme de la moinaille, on en viendra à celle de la prêtraille, et pour mieux réussir, on ira chercher la mitraille (Biblioth. fr. ds Besch.1845).
2.
Mitrer, verbe trans.,rare. Coiffer quelqu'un d'une (coiffure ayant la forme d'une) mitre. L'évêque de Lavaur, Abra Raconis, s'en mêla, personnage un peu follet, mystifié autrefois et mitré par Richelieu (Sainte-Beuve, Port-Royal,t.2, 1842, p.185).Le peintre semblait d'ailleurs avoir voulu affirmer sa volonté de rester hors des siècles (...) en mettant sa Salomé au milieu de cet extraordinaire palais, (...) en la mitrant d'un incis, (...) en la mitrant d'un incertain diadème en forme de tour phénicienne tel qu'en porte la Salammbô (Huysmans, À rebours,1884, p.75).Part. passé à valeur d'adj. Guerrier au front mitré, dieu rugissant et doux (Banville, Exilés,1874, p.42).
Prononc. et Orth.: [mitʀ ̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1170 «coiffure ornée que portent les évêques quand ils officient en habits pontificaux» (G. de St-Pair, Mont-Saint-Michel, éd. P. Redlich, 888); b) p. anal. 1723 «petit rebord plat, qui tient à la lame et s'applique``sur l'épaisseur du manche dans un couteau à lame fixe» (Savary 29a ds FEW t.6, 2, p.183b); 1690 «coiffure en usage chez les dames romaines» (Fur.). 1 empr. au lat. médiév. mitra «coiffure que portent les évêques» (xes. ds Du Cange), 2 empr. au lat. mitra «coiffure des Orientaux», mot pris au gr. μ ι ́ τ ρ α signifiant «bandeau pour la tête, turban, tiare asiatique». Fréq. abs. littér.: 241. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 413, b) 381; xxes.: a) 515, b) 157.